PISA : le climat se réchauffe plus vite que les neurones

UE/Chine/USA/Monde – Depuis 20 ans, l’OCDE publie à un rythme triennal l’étude PISA qui mesure le niveau des élèves âgés de quinze ans et deux mois révolus ayant au moins six années de scolarité obligatoire derrière eux. Elle a porté en 2018 sur 600.000 collégiens de 79 pays, situés sur tous les continents. Elle ne se limite qu’aux trois critères en l’occurrence, la compréhension de l’écrit, les connaissances en mathématiques et en sciences naturelles, sans lesquels il est impossible de comprendre son environnement. Pour l’élargir à tous les domaines scientifiques ou technologiques, il faudrait en effet prendre en considération tous les paramètres variables d’un pays à l’autre, tels l’âge du début de scolarité obligatoire, les structures d’accueil des élèves, la fréquence voire l’autorisation des redoublements et les politiques menées en matière d’éducation nationale, lesquelles variant dans certains pays, dont la France, en fonction du ministre qui en a la charge.

L’éducation nationale estonienne est exemplaire à l’échelle mondiale

Education : une question d’argent mais pas seulement
A l’instar d’autres études, dont les organisations internationales ont le secret, sa parution et ses conclusions font l’objet de quelques commentaires dans la presse qui sont rapidement oubliés et s’ils sont sciemment occultés , c’est parce qu’ils dérangent et mettent à jour toutes les imperfections des politiques familiale et éducative. Cette étude de l’OCDE s’assimile davantage au rapport d’une Cour des Comptes qui constate et recommande qu’à un programme rationnel dont l’objectif serait de corriger le tir en mettant fin aux incohérences de sociétés qui ne considèrent plus la discipline, l’effort et le partage comme des vertus mais comme des entraves au bien-être d’enfants devenus rois. Le plus surprenant dans cette étude est le classement des deux pays, la France et l’Allemagne, qui peinent à s’inscrire dans la moyenne européenne alors qu’ils sont ceux qui possèdent le plus grand nombre de salariés par milliers d’habitants, dont la mission est d’encadrer à différents niveaux les élèves que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur des établissements scolaires. Pour prendre l’exemple de la France, on connait le nombre d’enseignants mais il est impossible de savoir, avec exactitude, le nombre de personnes qui exercent la profession d’éducateur, de moniteur, de formateur, d’auxiliaire de crèche, d’animateur, etc, et qui opèrent à différents niveaux hiérarchiques dans les municipalités, les départements, les régions, les ONG ou les milliers d’associations qui s’infiltrent dans les univers très flous de la culture et de l’éducation. Deux domaines qui tendent à devenir des voies de garage à des agents incompétents ou à des élus en mal de notoriété. Dans la compréhension à l’écrit, la France n’arrive qu’en 23ième position très loin derrière l’Estonie 5ième, la meilleure élève de l’Union Européenne mais aussi de la Pologne (10ième), deux pays dont la langue, à l’instar de celle de Molière, n’est pas réputée pour être parmi les plus aisées à assimiler. Naître sur un grand et riche territoire, ne garantit pas l’égalité des chances car, comparativement au produit intérieur brut pas habitant, la France et l’Allemagne sont, sur le plan éducatif, au même niveau que le Portugal, la Slovénie, la Belgique et la République Tchèque. Mais l’étude de l’OCDE confirme une réalité qui risque, à terme, de poser d’innombrables problèmes aux pays occidentaux, en l’occurrence la suprématie de la Chine toute entière qui a rattrapé son retard par rapport à Hong-Kong et Singapour qui, depuis que l’OCDE réalise cette analyse, caracolent en terme du palmarès. Le fossé ne cesse par conséquent de se creuser entre les continents asiatique et européen, ce dernier souffrant par ailleurs de différences colossales à l’intérieur même de l’Union Européenne où, comme il fallait s’y attendre, la Roumanie (47ième) et la Bulgarie (54ième) se laissent distancer par les plus grands territoires d’Europe Orientale dont la Biélorussie (31ième) et l’Ukraine (38ième). Si, à Paris et Berlin, on s’est tenu à une discrétion certaine à l’égard de PISA, en revanche, à Bucarest, l’étude a, comme à l’accoutumée, suscité des remous dans la société civile qui voit en elle, tous les trois ans, la preuve d’une incompétence flagrante des milieux politiques dans le domaine de l’éducation. Mais les responsables de ce cataclysme social qui renforce les inégalités et coupe court aux ambitions de toute une génération, plutôt que de regarder l’avenir, le mettent sur le dos de l’ancien régime ; lequel aurait fait tellement de dégâts que toute tentative de rattrapage semble vaine. Mais ils oublient de préciser que, depuis qu’ils sont entrés dans l’Union Européenne, ils promettent des mesures qu’ils n’ont jamais appliquées. (Source : OCDE / adz / Version française : pg5i)

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