Elon Musk s’éclate en Allemagne

Allemagne/USA/République Tchèque/UE – Elon Musk aurait-il été testé positif au coronavirus, les autorités allemandes se seraient bien gardées de le placer en quarantaine, car le président-fondateur de Tesla n’a pas atterri à Berlin en tant que touriste mais en portant l’habit d’un homme d’affaires avisé qui s’apprête à exacerber la concurrence dans le monde automobile. Un secteur qui, dans son ensemble, a les yeux rivés sur le futur marché des voitures électriques, le plus grand des enjeux économiques de ce début de siècle. Si Elon Musk a tenu à faire personnellement le voyage à Berlin, c’est parce qu’il veut tenir les rênes de son futur empire en Europe et plus particulièrement dans le land de Berlin-Brandenbourg où il s’apprête à créer des milliers d’emplois. Avant de mettre un pied dans la capitale allemande, il avait pris soin d’annoncer son arrivée sur Twitter en déclarant : «  Venez travailler chez Tesla Giga ! Vous allez vous éclater ! », ce qui signifie de manière claire et précise « Venez rejoindre tous ceux  qui m’ont déjà fait confiance ». Ils sont déjà plusieurs milliers  à se rendre  chaque jour à Grünheide, une ville de quelque 8.000 habitants, située à une quarantaine de kilomètres au sud-est de Berlin et accessible en trois quarts d’heure par deux autoroutes mais en seulement une trentaine de minutes de l’aéroport de Schönefelde,  pour édifier la Tesla-Gigafabrik destinée  à la production de 500.000 voitures par an à partir de l’été 2021. Musk est venu s’assurer du bon déroulement des travaux  et de l’efficacité de la logistique actuellement en cours sur un terrain de plus de 300 hectares. Un travail herculéen qui a, un  temps, suscité l’inquiétude des écologistes à cause de la déforestation et de la proximité de la nappe phréatique mais, très vite, recueilli l’approbation de tous les élus, de droite comme de gauche, qui ont cessé d’assimiler l’investisseur américain à un chef d’entreprise mégalomane et utopiste pour le considérer comme un homme d’affaires à la fois réaliste et visionnaire. Etant donné qu’aujourd’hui Elon Musk a une longueur d’avance sur tous ses concurrents, les membres de l’élite politique lui déroulent le tapis rouge  et croisent  les doigts pour qu’il poursuive ses investissements sur leurs terres. Beaucoup de régions en Europe lui avaient tendu la perche et promis monts et merveilles mais, Musk pionnier de l’espace a su garder les pieds sur terre en jetant son dévolu sur le Berlin-Brandenbourg   un land qui a multiplié les initiatives dans le domaines des énergies renouvelables  et si Musk l’a privilégié sur tous les autres sites-candidats, c’est parce que « nous fournissons une énergie propre et concilions la force économique avec la protection du climat » résume Dietmar Woidke, ministre-président social-démocrate (SPD) du land, administré par une équipe restreinte de neuf ministres dont trois démocrates-chrétiens (CDU) et deux Verts (Die Grünen) en charge respectivement des Affaires Sociales et de l’Agriculture et de l’Environnement. Grünheide a toutes les chances de devenir le plus grand pôle de l’industrie automobile européenne. Elon Musk s’est adressé prioritairement aux salariés potentiels, car il envisage de créer à court terme quelque 40.000 postes, une aubaine pour le ministre fédéral de l’Economie, Peter Altmaier (notre photo), un fidèle d’Angela Merkel, qui redouble de vigilance depuis plusieurs années à cause du scandale des moteurs truqués par Volkswagen et plusieurs mois à cause de la crise sanitaire qui a mis au chômage partiel des milliers de salariés et contribué à une chute inquiétante des nouvelles immatriculations, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des frontières. Avant même qu’elle ait pondu ses œufs, la mobilité électrique est considérée comme une poule aux œufs d’or. Pour trouver leur place sur ce nouveau marché, les pays européens ne vont avoir d’autres choix que de s’unir pour fabriquer des batteries correspondant à l’attente des consommateurs et aux performances des véhicules proposés. A l’heure actuelle, lorsque les regards s’éloignent de Tesla, ils se jettent sur Skoda, la marque tchèque qui est devenue une filiale de Volkswagen, justement parce qu’elle a toujours été à la pointe de la technologie, avant et après sa nationalisation forcée (*).

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Skoda: une marque pour les nouveaux « pauvres »

La filiale tchèque du groupe allemand se concentre à l’heure actuelle sur le développement de l’Enyaq, un label commun à cinq modèles et trois types de batteries qui ne manque pas d’atouts dont le prix , à prestations égales voire supérieures, pourrait être déterminant. Alors que les modèles « bas de gamme »  de Tesla coûtent aux alentours de 55.000 à 60.000 euros, l’Enyaq, dans sa version basique, sera disponible moyennent 34.000 euros ce qui, compte tenu  des primes à la casse et à l’acquisition de véhicules neufs et propres, le rend accessible. Mais « moins cher »  ne signifie pas pour autant « moins attractif » car Skoda a su faire la synthèse de tous les modèles développés par sa maison-mère, de Seat à Lamborghini en passant pas Audi, Porsche et Bugatti. A côté d’une autonomie de 500 kilomètres, de batteries rechargeables à 80% en l’espace de 4O minutes, une longueur et largeur de 4,65 et 1,88 mètre et  un coffre d’un volume de 585 litres, l’Enyaq dispose de tous les arguments de vente pour séduire une clientèle qui n’a pas besoin d’être millionnaire pour s’offrir le progrès. Ce modèle ne sera jamais la voiture du peuple comme l’a été la Coccinelle qui a connu son succès à une époque où on ne parlait ni de pistes cyclables, encore moins de zones piétonnes. kb &vjp

(*) Sur ce sujet, se reporter à notre article en date du 13 mars 2019 intitulé : « Skoda : un diamant au coeur d’une industrie qui s’interroge »

 

 

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