Du « climatoscepticisme » au « climatofatalisme »

Allemagne/UE – De toutes les grandes puissances économiques, l’Allemagne a été la première à voir ses mouvements écologistes s’institutionnaliser sans vraiment se politiser. Les protecteurs de l’environnement ont été mieux écoutés et respectés en République Fédérale qu’en France parce qu’ils ont concentré leurs discours sur la nature et son rôle dans la société plutôt que d’utiliser cette dernière à des fins politiques.
Les régions au service de l’écologie

Lorsque les Verts sont entrés pour la première dans un gouvernement fédéral de coalition avec le Parti Social Démocrate en 1998 sous les gouvernements Schröder I et Schröder II, ils avaient déjà fait leur preuve et prouvé leur capacité à gérer l’écologie depuis 1985 dans neuf lands : la Hesse, Berlin, le Brandebourg, la Basse-Saxe, Brême, la Saxe-Anhalt, la Rhénanie du Nord-Westphalie, le Schleswig-Holstein et Hambourg. En les citant, on constate que ces neuf territoires correspondent à tous les cas de figure. Ils sont soit à majorité citadine, soit très industriels, soit semi-ruraux et semi-urbains, soit enfin réputés, à l’instar de Hesse et de sa capitale Francfort, pour ses sociétés de service. Les Verts allemands ont acquis une expérience sur le terrain dont leurs homologues français ont été privés parce que les structures territoriales françaises et leur gestion le leur interdisaient. Si la France ne se classe pas parmi les meilleurs élèves en matière d’écologie en Europe, c’est parce que les régions françaises sont dans l’incapacité de prendre des mesures en corrélation avec leur environnement. Les mesures de décentralisation et la fusion de certaines régions n’ont pas abouti à une rationalisation du territoire national mais plutôt à une exacerbation de la concurrence entre régions. Le regroupement de régions qui aurait dû normalement aboutir à une réduction des charges de fonctionnement au bénéfice de l’écologie n’a pas atteint cet objectif. Il n’ a conduit qu’à la fusion de deux appellations et n’a contribué en rien à un changement des mentalités. Les Savoyards et Haut-Savoyards qui ne se sont jamais sentis réellement Rhône-Alpins ne se mettront jamais dans la peau d’un Auvergnat. Ce genre de rivalité au sein d’une même région qui aboutit à des investissements non rentables et génèrent des emplois improductifs n’existe pas en Allemagne où vous ne verrez jamais le nord d’une région se battre contre le sud. Lorsque les élus de deux départements, ceux du Rhône et de la Loire, s’invectivent pendant des années et s’interrogent à savoir s’il est judicieux ou non de doubler l’autoroute Lyon – Saint-Etienne, il ne faut pas s’attendre à des discours intelligents sur l’écologie encore moins sur l’avenir de la planète. Ce dossier n’a fait, en réalité, qu’exacerber la stérile et chronique rivalité entre les Lyonnais et les Stéphanois qui s’illustre à chaque derby. Et pourtant, bien que leurs politiciens soient sensibles à la protection de l’environnement, ce qui personne ne contestent, les Allemands ne leur font plus confiance ou plus exactement ne croient en leur capacité à changer à court terme la donne. La grosse erreur que commet Greta Thunberg est de mettre tous les hommes politiques dans le même panier. Si elle se comporte de la sorte, c’est pour s’accaparer un discours que tenaient déjà des milliers de scientifiques, allemands notamment, dès les années 1990. Certes, ils n’ont pas été suffisamment entendu mais ils l’ont été tout même. Selon les statistiques du Ministère Fédéral de l’Environnement, les émissions de CO2 ont chuté de 30,5% au cours des dix-huit dernières années. C’est insuffisant mais il faut rappeler que jamais, depuis l’invention du chemin de fer puis de l’automobile, on n’a pu constater une telle performance sur une durée aussi limitée. L’Allemagne, beaucoup moins ensoleillée et beaucoup plus industrielle que la France couvre presque autant ses besoins par les énergies renouvelables (15,5%) que son voisin français(16,3%) et 2,5 fois plus que le belge et le hollandais. La jeune Greta est suédoise et, à ce titre, habilitée à s’exprimer car son pays arrive largement en tête des territoires les plus écolos, puisqu’il répond déjà à hauteur de 54,5% à la demande grâce à l’énergie verte. En revanche, elle se trompe ou est de mauvaise foi, lorsqu’elle prétend être la seule à éveiller les consciences. La fibre écolo a crû là où on ne s’y attendait pas car, sur le dix meilleurs élèves de l’Union Européenne, cinq sont des Républiques d’Europe Centrale, ce qui tend à prouver que leur passage à l’économie de marché ne s’est pas déroulé au détriment de la nature et que les méchants investisseurs capitalistes occidentaux n’ont pas seulement exporté leurs déchets mais aussi leur savoir-faire et leurs brevets au service de l’environnement.

Les plus écolos sont à l’est

La Lettonie, l’Estonie, la Lituanie, la Croatie et la Roumanie couvrent entre le quart et le tiers de leurs besoins, grâce à l’éolien ou au solaire. Plutôt que de passer son temps à interpréter les données dans le mauvais sens, il serait préférable de les analyser de manière objective et avec moins de passion partisane. Car de ce concert alarmiste jaillissent quelques notes optimistes qui renversent la vapeur. Mise à part la Pologne (en 21ième place), tous les autres pays d’Europe Centrale, les plus pauvres de l’Union, réalisent de meilleures performances que les territoires les plus riches dont le Royaume-Uni, la Belgique, les Pays-Bas et, ce qui ne manque pas de piment, le Luxembourg qui arrive en dernière position avec seulement 6,4% de ses besoins (Source : Eurostat). Conscients de leur retard, ces privilégiés promettent de rattraper leur retard d’ici 2020. Certains sont plus ambitieux que d’autres mais tous sont réalistes et mesurent leur objectif sur la moyenne des dix-huit dernières années, soit une réduction annuelle  entre 1,4 à 1,6%. Le débat actuel sur le réchauffement climatique ne pourra être salutaire et ses effets positifs que si les Etats prennent en considération ce qui est aujourd’hui prouvé par les faits. Si un des moyens de sauver la planète consiste à imposer une fermeture immédiate des outils polluants, il ne sera pas le plus efficace. La meilleure solution consiste à éviter qu’ils s’en construisent de nouveaux. Cela ne sert à rien de taxer les automobilistes qui roulent au diesel et les entreprises qui garantissent des emplois grâce au charbon en Europe si on autorise et cofinance la construction de centrales thermiques au charbon en d’autres points de la planète, en Asie  ou en Afrique, notamment. Plutôt que de sécher les cours le vendredi, les jeunes gens vivant dans les pays pollueurs feraient mieux de se solidariser avec les jeunes Africains et les jeunes Asiatiques , c’est-à-dire sur les lieux où les dangers sont les plus récurrents.

La solidarité avant la politique

La protection de la nature et la lutte contre le réchauffement climatique ne dépendent pas seulement de décisions politiques mais avant tout d’une solidarité sans limite à l’égard de ceux qui sont les premières victimes des atteintes à l’environnement. Greta Thunberg ne se trompe pas de combat mais ne mérite pas pour autant l’admiration qu’elle suscite car elle agit sur un terrain conquis. Des milliers de scientifiques ont prévenu, bien avant qu’elle ne voit le jour, des risques que nous prenons lorsque nous demandons à la nature plus qu’elle ne peut nous donner. Ces alertes, elles étaient déjà lancées pendant les trente glorieuses, dont les grands-parents de Greta ont davantage profité que les petits Biafrais mourant alors de faim et de soif dans leur désert. En criant « au secours », elle mobilise les foules mais elle remue aussi le couteau dans la plaie car elle oublie l’histoire. Le plus grave dans ce débat sur le réchauffement climatique provient du fait que les responsables, par mauvaise conscience, se solidarisent avec leurs accusateurs plutôt que de les éduquer. Cette tendance qui conduit à la généralisation du catastrophisme est le plus grand des dangers car elle met un terme à ce qui est de plus précieux et distingue l’Homme de l’animal c’est-à-dire sa capacité intellectuelle à corriger les erreurs qu’il a commises. Greta Thunberg est dangereuse d’une part parce qu’elle est parvenue à discréditer toutes les classes politiques, dont celles historiquement vouées aux causes écologique et humanitaire. Elle est parvenue à ses fins dans le pays le plus peuplé, le plus industriel, en l’occurrence l’Allemagne, sans lequel plus aucun espoir n’est permis. Depuis qu’elle est devenue une égérie, une icône ou un messie, la République Fédérale ne cesse de commanditer des études et des sondages. Il en est un qui laisse dubitatif et interpelle. Il a été réalisé pour la première chaîne publique ARD et révèle qu’il n’est fait confiance à aucun des six partis pour lutter contre le changement climatique. Cela vaut pour l’ensemble des formations politiques y compris chez leurs sympathisants. Seuls 10% et 3% des chrétiens-démocrates et sociaux-démocrates croient encore aux capacités de la CDU et du SPD. Les partis d’extrême-gauche et d’extrême-droite Die Linke et AfD, à égalité à 2% sont encore plus mal considérés et quant au parti des verts « Die Grünen », il ne recueille que 40% d’adhésion, perd 17 points par rapport à une enquête similaire réalisée en 2009, et ce malgré sa percée aux élections au Bundestag en 2017 et aux dernières européennes. Celle qui a été parfois présentée comme une héritière de Gandhi par ceux qui ont oublié que l’apôtre de la Paix était un raciste qui détestait les « Noirs paresseux », n’a fait toutefois le chemin inverse de celui du célèbre Indien, elle a gagné sa victoire médiatique avant d’atteindre ses objectifs. vjp

Les régions au service de l’écologie

Lorsque les Verts sont entrés pour la première dans un gouvernement fédéral de coalition avec le Parti Social Démocrate en 1998 sous les gouvernements Schröder I et Schröder II, ils avaient déjà fait leur preuve et prouvé leur capacité à gérer l’écologie depuis 1985 dans neuf lands : la Hesse, Berlin, le Brandebourg, la Basse-Saxe, Brême, la Saxe-Anhalt, la Rhénanie du Nord-Westphalie, le Schleswig-Holstein et Hambourg. En les citant, on constate que ces neuf territoires correspondent à tous les cas de figure. Ils sont soit à majorité citadine, soit très industriels, soit semi-ruraux et semi-urbains, soit enfin réputés, à l’instar de Hesse et de sa capitale Francfort, pour ses sociétés de service. Les Verts allemands ont acquis une expérience sur le terrain dont leurs homologues français ont été privés parce que les structures territoriales françaises et leur gestion le leur interdisaient. Si la France ne se classe pas parmi les meilleurs élèves en matière d’écologie en Europe, c’est parce que les régions françaises sont dans l’incapacité de prendre des mesures en corrélation avec leur environnement. Les mesures de décentralisation et la fusion de certaines régions n’ont pas abouti à une rationalisation du territoire national mais plutôt à une exacerbation de la concurrence entre régions. Le regroupement de régions qui aurait dû normalement aboutir à une réduction des charges de fonctionnement au bénéfice de l’écologie n’a pas atteint cet objectif. Il n’ a conduit qu’à la fusion de deux appellations et n’a contribué en rien à un changement des mentalités. Les Savoyards et Haut-Savoyards qui ne se sont jamais sentis réellement Rhône-Alpins ne se mettront jamais dans la peau d’un Auvergnat. Ce genre de rivalité au sein d’une même région qui aboutit à des investissements non rentables et génèrent des emplois improductifs n’existe pas en Allemagne où vous ne verrez jamais le nord d’une région se battre contre le sud. Lorsque les élus de deux départements, ceux du Rhône et de la Loire, s’invectivent pendant des années et s’interrogent à savoir s’il est judicieux ou non de doubler l’autoroute Lyon – Saint-Etienne, il ne faut pas s’attendre à des discours intelligents sur l’écologie encore moins sur l’avenir de la planète. Ce dossier n’a fait, en réalité, qu’exacerber la stérile et chronique rivalité entre les Lyonnais et les Stéphanois qui s’illustre à chaque derby. Et pourtant, bien que leurs politiciens soient sensibles à la protection de l’environnement, ce qui personne ne contestent, les Allemands ne leur font plus confiance ou plus exactement ne croient en leur capacité à changer à court terme la donne. La grosse erreur que commet Greta Thunberg est de mettre tous les hommes politiques dans le même panier. Si elle se comporte de la sorte, c’est pour s’accaparer un discours que tenaient déjà des milliers de scientifiques, allemands notamment, dès les années 1990. Certes, ils n’ont pas été suffisamment entendu mais ils l’ont été tout même. Selon les statistiques du Ministère Fédéral de l’Environnement, les émissions de CO2 ont chuté de 30,5% au cours des dix-huit dernières années. C’est insuffisant mais il faut rappeler que jamais, depuis l’invention du chemin de fer puis de l’automobile, on n’a pu constater une telle performance sur une durée aussi limitée. L’Allemagne, beaucoup moins ensoleillée et beaucoup plus industrielle que la France couvre presque autant ses besoins par les énergies renouvelables (15,5%) que son voisin français (16,3%). La jeune Greta est suédoise et, à ce titre, habilitée à s’exprimer car son pays arrive largement en tête des territoires les plus écolos, puisqu’il répond déjà à hauteur de 54,5% à la demande grâce à l’énergie verte. En revanche, elle se trompe ou est de mauvaise foi, lorsqu’elle prétend être la seule à éveiller les consciences. La fibre écolo a crû là où on ne s’y attendait pas car, sur le dix meilleurs élèves de l’Union Européenne, cinq sont des Républiques d’Europe Centrale, ce qui tend à prouver que leur passage à l’économie de marché ne s’est pas déroulé au détriment de la nature et que les méchants investisseurs capitalistes occidentaux n’ont pas seulement exporté leurs déchets mais aussi leur savoir-faire et leurs brevets au service de l’environnement.

Les plus écolos sont à l’est

La Lettonie, l’Estonie, la Lituanie, la Croatie et la Roumanie couvrent entre le quart et le tiers de leurs besoins, grâce à l’éolien ou au solaire. Plutôt que de passer son temps à interpréter les données dans le mauvais sens, il serait préférable de les analyser de manière objective et avec moins de passion partisane. Car de ce concert alarmiste jaillissent quelques notes optimistes qui renversent la vapeur. Mise à part la Pologne (en 21ième place), tous les autres pays d’Europe Centrale, les plus pauvres de l’Union, réalisent de meilleures performances que les territoires les plus riches dont le Royaume-Uni, la Belgique, les Pays-Bas et, ce qui ne manque pas de piment, le Luxembourg qui arrive en dernière position avec seulement 6,4% de ses besoins (Source : Eurostat). Conscients de leur retard, ces privilégiés promettent de rattraper leur retard d’ici 2020. Certains sont plus ambitieux que d’autres mais tous sont réalistes et mesurent leur objectif sur la moyenne des dix-huit dernières années, soit une réduction annuelle des émissions de CO2 de l’ordre de 1,4 à 1,6%. Le débat actuel sur le réchauffement climatique ne pourra être salutaire et ses effets positifs que si les Etats prennent en considération ce qui est aujourd’hui prouvé par les faits. Si un des moyens de sauver la planète consiste à imposer une fermeture immédiate des outils polluants, il ne sera pas le plus efficace. La meilleure solution consiste à éviter qu’ils s’en construisent de nouveaux. Cela ne sert à rien de taxer les automobilistes qui roulent au diesel et les entreprises qui garantissent des emplois grâce au charbon en Europe si on autorise et cofinance la construction de centrales thermiques au charbon en Inde ou en Afrique. Plutôt que de sécher les cours le vendredi, les jeunes gens vivant dans les pays pollueurs feraient mieux de se solidariser avec les jeunes Africains et les aider à apprendre notre langue lorsqu’ils vivent auprès d’eux.

La solidarité avant la politique

La protection de la nature et la lutte contre le réchauffement climatique ne dépendent pas seulement de décisions politiques mais avant tout d’une solidarité sans limite à l’égard de ceux qui sont les premières victimes des atteintes à l’environnement. Greta Thunberg ne se trompe pas de combat mais ne mérite pas pour autant l’admiration qu’elle suscite car elle agit sur un terrain conquis. Des milliers de scientifiques ont prévenu, bien avant qu’elle ne voit le jour, des risques que nous prenons lorsque nous demandons à la nature plus qu’elle ne peut nous donner. Ces alertes, elles étaient déjà lancées pendant les trente glorieuses, dont les grands-parents de Greta ont davantage profité que les petits Biafrais mourant alors de faim et de soif dans leur désert. En criant « au secours », elle mobilise les foules mais elle remue aussi le couteau dans la plaie car elle oublie l’histoire. Le plus grave dans ce débat sur le réchauffement climatique provient du fait que les responsables, par mauvaise conscience, se solidarisent avec leurs accusateurs plutôt que de les éduquer. Cette tendance qui conduit à la généralisation du catastrophisme est le plus grand des dangers car elle met un terme à ce qui est de plus précieux et distingue l’Homme de l’animal c’est-à-dire sa capacité intellectuelle à corriger les erreurs qu’il a commises. Greta Thunberg est dangereuse d’une part parce qu’elle est parvenue à discréditer toutes les classes politiques, dont celles historiquement vouées aux causes écologique et humanitaire. Elle est parvenue à ses fins dans le pays le plus peuplé, le plus industriel, en l’occurrence l’Allemagne, sans lequel plus aucun espoir n’est permis. Depuis qu’elle est devenue une égérie, une icône ou un messie, la République Fédérale ne cesse de commanditer des études et des sondages. Il en est un qui laisse dubitatif et interpelle. Il a été réalisé pour la première chaîne publique ARD et révèle qu’il n’est fait confiance à aucun des six partis pour lutter contre le changement climatique. Cela vaut pour l’ensemble des formations politiques y compris chez leurs sympathisants. Seuls 10% et 3% des chrétiens-démocrates et sociaux-démocrates croient encore aux capacités de la CDU et du SPD. Les partis d’extrême-gauche et d’extrême-droite Die Linke et AfD, à égalité à 2% sont encore plus mal considérés et quant au parti des verts « Die Grünen », il ne recueille que 40% d’adhésion, perd 17 points par rapport à une enquête similaire réalisée en 2009, et ce malgré sa percée aux élections au Bundestag de 2017 et aux dernières européennes. Celle qui a été parfois présentée comme une héritière de Gandhi par ceux qui ont oublié que l’apôtre de la Paix était un raciste qui détestait les « Noirs paresseux », n’a fait toutefois le chemin inverse de celui du célèbre Indien, elle a gagné sa victoire médiatique avant d’atteindre ses objectifs.vjp

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