Les Polonais votent dans l’ombre de Jean-Paul II

Pologne/Allemagne/UE – A l’instar des Autrichiens qui, il y a à peine un mois, ont plébiscité leur Chancelier Sebastian Kurz dont la démission forcée n’a pas entaché sa popularité, les Polonais ont voté, hier, massivement en faveur du gouvernement en place, dirigé par Mateusz Morawiecki. La victoire est incontestable et sans appel : le parti PiS s’est arrogé plus de 43% des suffrages, broyant au passage ses quatre concurrents, le parti libéral-conservateur KO (27,4%), le parti de gauche SLD (11,9%), le parti des paysans PSL (9,6%) et le parti populiste d’extrême-droite Konfederacja (6,4%).
Grâce à ce résultat qui lui garantit une majorité absolue au Parlement, Mateusz Morawiecki (notre photo)va pouvoir poursuivre sa politique de réformes de la Pologne. Une politique qui est contestée à Bruxelles essentiellement dans le domaine de la justice, ce qui ne semble pas dissuader les électeurs polonais de porter leurs suffrages sur le PiS qu’ils considèrent comme la seule formation politique capable de résoudre leurs problèmes au quotidien. Depuis qu’il tient les rênes du pouvoir, le PiS a mené une politique sociale fondée sur la famille, une valeur qui n’est plus prioritaire dans les pays occidentaux mais qui est toujours ancrée dans l’ADN des Polonais et surtout des Polonaises. Elle a beau ne plus fréquenter autant les églises comme elle le faisait sous Jean-Paul II, la population polonaise reste toujours attachée, consciemment ou non, aux racines du christianisme. Dans l’ouest de l’Europe, le gouvernement polonais est fréquemment décrié et accusé de populisme alors qu’en réalité il ne fait que répondre aux attentes de la majorité des citoyens. La Commission Européenne va être contrainte de revoir sa copie, de s’autocritiquer et de reconnaître que ce n’est pas en imposant ses propres visions de l’Europe qu’on reconstruit l’Europe. Le problème qu’ont les occidentaux avec les peuples d’Europe Centrale, provient du fait que ces derniers découvrent aujourd’hui, des versants de l’Histoire qu’on leur a cachés. Si les Polonais réclament à ce jour des indemnisations aux Allemands pour les dommages dont ils ont été victimes pendant la seconde guerre mondiale c’est parce qu’ils estiment qu’ils auraient dû y avoir droit au lendemain du conflit et que, s’ils en n’ont pas bénéficié, c’est parce que les Russes s’y seraient opposés. Naturellement, les Français et les Allemands ont déjà oublié cette époque stalinienne qui a autorisé un dictateur à tout mettre en œuvre pour que les Républiques qu’il annexait, ne fassent pas d’ombre à Moscou. En occident, on parlait de Guerre Froide, dans les dix pays entrés dans l’Union Européenne en 2005, on parlait de soumission à une régime dont on ne voulait pas. Les populations d’Europe de l’ouest se sont battues pour leur liberté, celles du centre européen pour être aussitôt oubliées. A chaque scrutin, depuis la libération de la Pologne, ce sentiment d’injustice réapparaît et avec le PiS s’intensifie. Etant donné que l’Allemagne est désormais dépendante des pays d’Europe Centrale et surtout de la Pologne, le plus peuplé d’entre eux, pour assurer sa croissance, les dirigeants de la République Fédérale n’observent pas d’un bon œil la victoire d’un parti qui ravive ces très mauvais souvenirs. Il faut s’attendre dès à présent à de nouvelles attaques verbales à l’égard de cette République qui entre dans une forme inédite de dissidence, celle qui consiste à construire l’avenir sans tirer un trait sur le passé. vjp

error: Content is protected !!