La Pologne : République bananière…à sa manière !

Pologne/Roumanie/UE – Fondée il y a plus de vingt ans au lendemain de la libéralisation de l’économie polonaise, la société Citronex est devenue l’un des leaders européens dans le secteur de la distribution en masse de produits alimentaires, fruits et légumes notamment. Ses activités n’ont pas démarré, comme son nom pourrait le laisser signifier, par la commercialisation de citrons mais par celle de tomates et de bananes. Demandez à un consommateur d’Europe Centrale et Orientale ce qu’il a acheté en priorité lorsqu’il a recouvré la liberté, dans plus de 90% des cas, il vous répondra : « une banane ».

Privés de liberté et de bananes

Bien que les pays du bloc soviétique aient fréquemment signé des accords de partenariats avec des territoires africains ou sud-américains, la banane est demeurée jusqu’à la levée du Rideau de Fer un produit de luxe dont la consommation était réservée aux fonctionnaires du parti. Cultivée à grande échelle sur plusieurs continents, la banane contrairement à la plupart des fruits et légumes est disponible toute l’année. De cet avantage, les fondateurs de Citronex en ont eu conscience et se sont lancés dans une aventure qui a dépassé toutes leurs espérances. Aujourd’hui, le groupe est doté d’une flotte de plus de trois cents poids qui sillonnent le centre de l’Europe pour livrer le fruit trop longtemps défendu. Il est implanté naturellement en Allemagne où les « wessis » (Allemands de l’ouest) se sont longtemps moqués de ces « ossis » (Allemands de l’est), devenus du jour au lendemain de gros mangeurs de bananes, ce qui a fait longtemps la joie des caricaturistes qui décrivaient la réunification en dessinant un gros Allemand occidental buvant une bière le cigare à la main négociant avec un Allemand oriental maigrichon une banane à la main. Mais Citronex est aussi présent en République Tchèque, ce pays qui devient riche,  dont le taux de chômage est deux fois inférieur à la moyenne européenne et où la banane n’est plus tellement une question de prix et en Roumanie, un territoire beaucoup moins riche mais qui a toutefois l’avantage d’être avec quelque vingt millions d’habitants le plus peuplé après la Pologne. Citronex a fait la une des journaux économiques polonais la semaine dernière après qu’il eut annoncé qu’il s’apprêtait à construire, d’ici 2020, trois cents aires fermées destinées à la maturation et au conditionnement des bananes. Grâce à un accord signé il y a 25 ans avec un producteur colombien, à l’acquisition de ses propres plantations en Equateur et à la création d’une seconde filiale de conservation et de réfrigération en Roumanie, à Timisoara, la capacité de stockage permanent du groupe s’élèvera à 7.432 palettes. A côté de l’Equateur et de la Colombie, Citronex a élargie son rayon d’action au Costa Rica et au Nicaragua ce qui lui permet de livrer chaque semaine 290.000 cartons de bananes, soit plus de 25.000 tonnes par mois. La directeur général du groupe, Marek Szulc, est naturellement très fier de compter parmi ses clients les plus grandes chaînes de distribution dont Tesco, Carrefour, Intermarché, Polo Market, Metro, Kaufland pour ne citer que les plus connues et d’avoir obtenu toutes les certifications nécessaires à la commercialisation de son produit phare. En revanche, il est impossible de savoir quel est le bilan carbone et ce n’est par conséquent pas demain la veille que l’on saura si manger une banane contribue au non au réchauffement climatique. On ne sait pas non plus si Greta Thünberg en consomme ! pw (pg5i)

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