Biélorussie ou la fin possible d’un dictateur

Biélorussie/UE – Bien qu’il ait été félicité pour sa victoire par les Président russe et chinois, il n’est pas certain qu’Alexander Lukaschenko puisse se maintenir au pouvoir. Le chef de l’exécutif biélorusse qui s’est fait élire dimanche dernier pour un sixième mandat en entravant les règles les plus élémentaires de la démocratie, lesquelles ont consisté à éliminer tous ses rivaux potentiels,  à priver les électeurs de toute alternative au changement et de tout moyen de communication, dont Internet, se trouve face à une Europe, exceptionnellement unie, pour dénoncer ses méthodes. A l’unisson, les vingt-sept ministres des Affaires Etrangères de l’Union Européenne, ont condamné les mesures de rétorsion prises par Lukaschenko, quelques heures après le verdict des urnes, à l’encontre des milliers de manifestants descendus dans les rues pour contester le résultat du scrutin. Depuis dimanche dernier, quelque 7.000 personnes ont été arrêtées et incarcérées arbitrairement sur ordre de celui qui est considéré comme le « dernier dictateur » d’Europe. Pour un nombre croissant de Biélorusses, ceux qui défilent dans les rues mais aussi ceux qui, par crainte de répression demeurent silencieux, le score donnant plus de 80% des suffrages au « vainqueur » n’est que le fruit d’une manipulation organisée à grande échelle. Il est en effet impossible que Swtelana Tichanowskaja n’ait obtenu que 10% des suffrages alors qu’elle était parvenue à mobiliser des dizaines de milliers de personnes lors d’une campagne électorale qu’elle a su organiser de manière pacifique, sans rancœur et sans bellicisme. Cette jeune femme de 37 ans qui s’est substituée à son époux, emprisonné par Lukaschenko, a incarné au cours de ces derniers mois, le courage, la témérité et l’espérance d’un monde nouveau, réellement démocratique, sans clan, prébende et corruption. Craignant d’être incarcérée et pour protéger ses enfants, elle a pris la décision d’émigrer en Lituanie où elle a été accuillie les bras ouverts, ce qui signifie que le pouvoir en place n’est plus soutenu par l’un de ses plus proches voisins avec lequel il partage plus de 500 kilomètres de frontière.

Un ministre qui s’excuse !

Il est évident que la déception ne pouvait être que proportionnelle aux attentes à l’intérieur comme à l’extérieur de ce pays qui n’est jamais arrivé à garantir le pluralisme ce qui le prive de forces émergentes susceptibles d’incarner le renouveau et le contraint à une dépendance à l’égard de la Russie. L’avenir de Lukaschenko dépend davantage de l’attitude de Vladimir Poutine que des décisions spontanées prise par l’Union Européenne. Les relations entre les deux hommes sont constituées de hauts et de bas et aucun observateur ne s’hasarde sur la position prochaine du chef du Kremlin. La Biélorussie est une zone stratégique pour Moscou, notamment dans le domaine énergétique. Elle l’est aussi pour la Pologne et les trois pays baltes, quatre territoires vers lesquels se dirigent les jeunes Biélorusses pour s’échapper d’une République qui porte de plus en plus mal son nom car ses habitants n’y ont même plus la parole. Jiri Karajew, ministre de l’Intérieur (notre photo), s’est excusé sur la chaîne publique auprès des « innocents injustement appréhendés » par la police et l’armée pendant les manifestations. Certains experts voient dans cette prise de position Lukaschenko abandonné par une partie des ses troupes. A cela s’ajoute les menaces de plus en plus récurrentes de grève générale sans les services publics et certaines entreprises privées. Ces deux phénomènes concomitants pourraient signer le glas d’un régime autoritaire qui perdure depuis bientôt trois décennies et qui ont fait d’un homme le plus emblématique des héritiers du Petit Père des Peuples. vjp (Nombre de mots : 597)

 

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