La pandémie accélère partiellement la transition énergétique

UE/Russie/Allemagne/Monde – Il est d’ores et déjà prouvé que la pandémie a permis d’accélérer la transition énergétique. Pour la première fois, la production d’énergie renouvelable  a , au cours de premier semestre 2020, égalé celle générée par le nucléaire . Ember, centre d’analyses et de recherches sur la consommation d’énergie, vient de publier son rapport semestriel portant sur le 48 pays qui représentent 83% de la consommation mondiale d’électricité.

Sur mer ou sur terre..
les éoliennes font partie du paysage en Allemagne

Un premier semestre « spectaculaire »

Les résultats sont sans appel et prouvent qu’un monde moins pollué par le CO2 est possible, à condition d’y mettre de la bonne volonté. Sur le semestre étudié , la part de l’éolien et du solaire est passée de 8,1 à 9,8%, soit plus du double qu’en 2015 (4,6%). Il est fort possible que d’ici la fin de l’année, ces deux sources d’énergie renouvelable dépasse le nucléaire qui demeure stable depuis 2019, à 10,5%. Dans pratiquement tous les pays gros consommateurs d’électricité, la part de l’éolien et du solaire atteint ou dépasse les 10%. C’est le cas de la Chine, de l’Inde, du Japon et du Brésil (tous les quatre à 10%) et des Etats-Unis (12%). Bien que prometteurs, ces cinq territoires accusent toujours un retard conséquent par rapport aux pays de l’Union Européenne et du Royaume-Uni qui enregistrent respectivement 21 et 33%. Selon Dave Jones, rapporteur de cette étude chez Ember, « la transition de l’Europe vers l’électricité en tant qu’énergie renouvelable a connu un premier semestre spectaculaire qui a abouti à ce que cette forme d’énergie dépasse pour la première fois la production d’énergie fossile. » Sur les six mois étudiés, les énergies renouvelables ont produit 40% de l’électricité,  soit six points de plus que la production par combustibles fossiles. « La part de marché du charbon, poursuit Jones, a diminué de moitié depuis 2016 et ne représente plus que 12% de la production d’électricité ». Cette moyenne européenne nécessite toutefois une observation plus affinée ; laquelle révèle d’énormes disparités d’un pays à l’autre. Alors qu’en Allemagne, l’éolien et le solaire parviennent à couvrir 42% des besoins en électricité, ils n’atteignent pas les 10% en France où le nucléaire sert toujours d’alibi à la lutte contre le réchauffement climatique.  Dans de nombreux autres pays et notamment, tous ceux d’Europe Centrale dont la Pologne, les bonnes performances en terme de pourcentage de l’éolien et du solaire sont dues à la baisse de la demande en électricité produite par le charbon et le gaz. Cette chute consécutive à la propagation du virus et à l’arrêt des activités industrielles a été particulièrement flagrante en Pologne (-12%) en République Tchèque et Bulgarie ( -20%) mais aussi et surtout en Roumanie  avec moins 40%. Un tendance identique a été constatée avec les centrales thermiques au gaz dans onze pays dont l’Espagne et d’Italie avec une chute de 20 et 16%.

« Encore loin du compte »

Le seul pays à échapper à la généralisation du solaire et de l’éolien, est la Russie qui n’y recourt pour ne produire que 0,2% de ses besoins en électricité. La raison  est évidente : elle possède de telles richesses en gaz et en charbon encore inexploitées qu’elle ne voit pas l’utilité d’investir dans de nouvelles sources énergétiques qui seraient pourtant plus rationnelles que ne le sont les sources d’approvisionnement traditionnelles.  La chute du régime communiste en exacerbant l’urbanisation de la Russie a concentré la population et par voie de conséquence la consommation d’énergie. Alors que le région de Moscou ne représente que 10% de la superficie du pays, 80% des Russes y vivent. Cette arrivée massive des jeunes générations dans les principales métropoles situées à l’ouest du territoire a provoqué une inquiétante désertification des campagnes. Sur les 150.000 villages que compte la Russie, plus de 20.000 sont inhabités et dans plus de 30.000 on y compte à peine dix habitants, la plupart du temps des femmes retraitées dont les maris ont disparu. Ces habitants d’un autre âge vivant dans et avec leur passé se passent du progrès. A quoi cela servirait-il de leur construire une éolienne ou d’équiper de panneaux photovoltaïques la toiture de leur masure, puisqu’ils n’attendent plus rien de la vie ? Il est peu probable que la Russie cherche à récupérer son retard dans le secteur des énergies renouvelables car ce n’est pas dans son intérêt, son objectif consistant à écouler et exporter  le maximum de ses ressources en gaz naturel. Les analystes d’Ember sont conscients de cette réalité qui ne concerne pas que la Russie mais aussi la Chine et l’Inde. Pour respecter les objectifs fixés par la COP 21 et qui prévoient de limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré, la production de charbon devrait diminuer chaque année d’au moins 13% jusqu’en 2030. Or, « le fait qu’en période de pandémie mondiale elle n’ait diminué que de 8% montre à quel point nous sommes encore loin du compte », reconnaît Dave Jones avant d’ajouter « nous avons la solution, elle fonctionne mais elle n’est pas assez rapide. »  vjp (Source : Ember)

 

 

 

error: Content is protected !!