L’obésité : un fléau tchèque

République Tchèque/Europe Centrale/UE – Quel que soit le pays observé, on a constaté parmi les premières victimes du Covid 19 une prééminence de personnes en surpoids et ce, à tel point que de nombreux spécialistes s’interrogent déjà à savoir si, un jour, vaccin il y a, il sera suffisamment efficace pour sauver ce type de patients. Dans certains territoires l’obésité est devenu un problème de santé publique, pris de plus en plus au sérieux par les autorités. C’est le cas notamment de la République Tchèque où le nombre d’obèses augmente de manière exponentielle.

En 2010, 21% des Tchèques, hommes, femmes, enfants et adolescents confondus étaient déjà en surpoids. Beaucoup sont devenus, depuis, obèses.

Ce phénomène touche toutes le couches de la société mais plus particulièrement les générations ayant vécu les années de privation de l’époque communiste, une longue période au cours de laquelle elles ont été privées de très nombreux produits de consommation courante riches en calories. Produits naturels, à l’instar des bananes, fruit de luxe avant la Chute du Mur de Berlin, mais aussi et surtout produits conditionnés à forte contenance en sel et sucre proposés par un nombre, également croissant, de magasins et chaînes discount. A force de vouloir rattraper le temps perdu, les Tchèques se sont empâtés comme se sont aussi arrondis leurs voisins hongrois. Plus on se dirige à l’Est de l’Europe, plus on croise dans les rues des femmes et des hommes dont le poids n’est plus proportionnel à leur taille.  En 2010, déjà, soit quatre ans après la libéralisation de leur économie, l’organisation mondiale de la santé  les avait estimés à plus de 20% en République Tchèque et près de 30% en Hongrie, laquelle avec 28,5 % battait le record européen. Parmi les dix nouveaux adhérents à l’Union Européenne, sept étaient concernés par le surpoids et dépassaient la moyenne européenne, alors de 16,6%. En octobre dernier, la Société Tchèque de Médecine Générale (STMG) et la Société Médicale Jan Evangelista Purkyné (*), ont jugé utile de tirer le signal d’alarme car l’obésité doublait le risque de contamination au Covid 19 et risquait, à terme de faire grimper à 113% le risque d’hospitalisation. On en arrive à un paradoxe réellement inédit qui consiste par le confinement à rendre malades des personnes en excellente santé pour en sauver d’autres qui, par ignorance ou griserie, ont fragiliser leur système immunitaire.

Des services hospitaliers XXL

Pour revenir à la République Tchèque tous les regards se sont portés au début de la crise sanitaire sur Robert Markovic un chauffeur de taxi atteint par le virus de plus de 170 kilos qui a obligé l’Hôpital Universitaire de Prague à créer un département XXL, doté de tables d’opération, de fauteuils roulants, d’ambulances et de divers équipements adaptés aux obèses. Cet établissement hospitalier est l’un des seuls à pouvoir prendre en charge des patients surchargés de graisse et de bourrelets sur toute la surface de leur corps, des patients qui cumulent les facteurs de risques c’est-à-dire les problèmes cardiovasculaires, les insuffisances respiratoires, rénales ou articulaires, l’hypertension artérielle et naturellement pour couronner le tout, le diabète. Il y a une vingtaine d’années, le CHU de Prague encadraient des patients pesant jusqu’à 170 kilos mais il en accueille aujourd’hui qui dépassent les 200 kilos. Tous les médecins pragois sont unanimes : le confinement va contribuer à exacerber ce fléau qu’est l’obésité . On voit mal en effet comment des personnes qui passent le plus clair de leur temps devant la télévision ou un écran d’ordinateur pourraient garder leur poids normal en se goinfrant de bonbons, de chocolats, de chips ou de cacahuètes salées. Le télétravail dont on nous dit qu’il est une des solutions aux problèmes de l’emploi pourrait lui-aussi contribuer à changer dans le mauvais sens les habitudes alimentaires. Plus de marche quotidienne pour rejoindre son arrêt de bus ou sa bouche de métro, plus de « promenade » forcée dans les couloirs d’une entreprise, plus de balades en famille dans les parcs et forêts le dimanche : en faisant disparaitre ses petites routines qui jouent un grand rôle sur la santé, on prend le risque de fabriquer une société beaucoup trop lourde pour pouvoir reprendre son envol. Des médecins tchèques ont par ailleurs constaté que certains obèses, conscients de leur handicap, souhaitaient profiter du confinement pour se plier aux règles strictes d’un régime alimentaire ce qui leur est vivement déconseillé car planeraient alors à l’horizon des problèmes psychiques encore plus difficiles à soigner que l’excès de poids. sv (Version française : pg5i/vjp) – Nombre de mots : 784

(*) Jan Evangelista Purkinje, né en Bohême en 1787 et décédé à Prague en 1869, est considéré comme l’un des pionniers la neurobiologie. C’est à Wroclaw (ex-Prusse) qu’il a effectué l’essentiel de ses recherches et fondé, en 1839, le tout premier laboratoire de physiologie. A l’instar Robert Koch en Allemagne ou de Louis Pasteur en France, il est considéré comme l’une des plus grandes figures de l’histoire de la médecine.   

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