UE/Europe Centrale/Hongrie – Lorsqu’on prend connaissance des programmes des principales formations politiques rédigés à l’occasion du prochain scrutin aux européennes , on ne peut que déplorer le manque quasi total de propositions destinées à réduire les inégalités sociales et c’est peut-être là qu’il faut chercher la cause de la forte abstention enregistrée à chaque échéance de ce scrutin. Pourquoi les citoyens européens se rendraient-ils aux urnes, étant donné que depuis l’élection au suffrage universel des parlementaires siégeant à Strasbourg, rien ne change ? Les plus pauvres d’hier sont toujours dans la majorité des cas les plus pauvres d’aujourd’hui, et les plus riches d’aujourd’hui sont encore plus riches qu’ils ne l’étaient hier.
Ceux qui oublient sciemment les inégalités sociales parce qu’ils en sont les coresponsables, sont aussi ceux qui cherchent à ostraciser les pays qui sont parvenus à limiter les injustices. S’il n’est pas le seul, le taux de pauvreté des jeunes est celui qui devrait être le premier des critères à prendre en considération pour construire une Europe juste et égalitaire. Si on laisse éternellement de jeunes générations vivant dans des pays économiquement faibles sur le bas côté de la route au profit de celles grandissant dans les territoires riches, on ne cessera alors de creuser un fossé impossible à combler. L’échec des politiques sociales menées par l’Europe est attesté par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) qui, dans sa dernière étude a analysé le seuil de pauvreté des enfants à partir de la moitié du salaire médian moyen perçu par les ménages et ce, après prise en compte des prestations sociales. Ce mode de calcul permet de mesurer l’impact réel de la protection sociale et communautaire sur le bien-être de la jeunesse. L’étude de l’OCDE révèle que les pays du nord que sont la Finlande et le Danemark sont en tête du classement avec un taux de pauvreté respectifs de 2,9 et 4,8%. La plus grande surprise nous vient toutefois de la Hongrie qui s’arroge la troisième place avec 5,2%, soit 2,3 et 3,8 fois moins que ses deux voisins autrichien et roumain, deux territoires où 11,9 et 19,6% des jeunes souffrent de pauvreté.
Une jeunesse pauvre est une Europe sans avenir
Depuis de nombreuses années, certains opposants à la politique de Viktor Orban accusent ce dernier d’user de la politique familiale à des fins électoralistes. Peut-être mais il n’en demeure pas moins que les mesures prises par les gouvernements qui se sont succédé au cours des dix dernières, soit une demi-génération, ont déjà porté leurs fruits. Grâce à l’augmentation des aides au logement, à l’annulation des prêts hypothécaires pour les familles, à la création d’un « prêt bébé », à l’exonération de l’impôt sur les revenus pour les mères de moins de trente ans ou ayant au moins quatre enfants, à l’allègement des dettes pour les prêts étudiants, à un crédit d’impôt pour les familles à partir du 91ième jour de grossesse, aux aides à la garde d’enfants, aux crèches et aux véhicules adaptés aux transports familiaux et enfin à la gratuité des livres et repas scolaires, les Hongrois se sont mis à ne plus considérer leur progéniture comme un « fardeau ». Entre 2017 et 2022, le nombre de naissances dans le pays a plus que doublé passant de 42.886 bébés à 89.669 en 2022. Cette politique familiale n’a pas pour ambition d’inciter les membres de la diaspora à retrouver leurs origines mais elle est toutefois pensée et appliquée pour réduire le nombre d’expatriés potentiels. Elle ne dissuadera pas de jeunes diplômés d’aller tenter leur chance dans des territoires plus développés que le leur, mais il évident que beaucoup de Hongrois de la classe moyenne vont réfléchir à deux fois avant d’aller s’installer dans certains pays voisins qui, si on s’en réfère à l’analyse de l’OCDE, abstraction faite de la République Tchèque, accusent tous désormais un retard par rapport à la Hongrie. (tp)