Les Allemands autorisent un nouveau carburant

Allemagne – Afin de respecter ses engagements en terme de réduction de 48% des émissions de CO2 dans le secteur du transport d’ici 2030 par rapport à 1990, le gouvernement allemand a autorisé la vente du nouveau carburant HVO100 fabriqué à partir de graisses animales et végétales provenant de déchets.

Nikolas von Wysiecki met en doute les performances réelles de ce nouveau carburant.

Ce procédé qui nécessite un traitement à l’hydrogène, n’est pas nouveau mais jusqu’à présent le carburant produit ne pouvait être mélangé qu’à hauteur de 26% dans le diesel conventionnel. Pour faire le plein avec de la graisse de cuisson, les véhicules devront être agrées par le constructeur qui devra inscrire le symbole « XTL » sur le bouchon du réservoir et fournir un mode d’emploi aux clients. Le ministre allemand des transports, Volker Wissing, membre du parti libéral, a déclaré mardi dernier lors du lancement officiel du HVO100 que « si ce carburant est entièrement fabriqué à partir de déchets et matières résiduelles, il garantit alors jusqu’à 90% d’émissions de gaz à effet de serre en moins que le diesel fossile ». Un point de vue que ne partage pas Nikolas von Wysiecki, directeur adjoint de l’Association Allemande pour la Conservation de la Nature (NABU) en charge de la politique des transports, qui précise que « rien ne prouve que les fabricants de ce carburant n’allaient utiliser que des déchets ». Ces derniers sont en effet devenus rares car ils sont déjà utilisés pour produire des lubrifiants par l’industrie chimique ou pharmaceutique. En cas de succès auprès des consommateurs, « le risque sera alors grand que le carburant soit produit à partir de cultures arables à l’instar du soja, du colza ou de l’huile de palme, ce qui risque de provoquer une déforestation à l’échelle mondiale ». L’expert de la NABU insiste sur le fait qu’il faut être extrêmement prudent lorsqu’on implique la nature dans une stratégie énergétique. Il est vrai que certaines plantes, dont le colza, captent du CO2 pendant leur croissance mais que ce même C02 est à nouveau en partie libéré lorsqu’il brûle sous forme de carburant. Le NABU met par ailleurs en garde contre des cas suspects de fraude avec de prétendus résidus, notamment d’huile de palme, qui ont importés sous une mauvaise étiquette. « Les réductions d’émissions tant vantées doivent donc être traitées avec la plus grande prudence » précise Nikolas von Wysiecki. Il reste aussi à savoir si les automobilistes se laisseront séduire par un carburant dont le prix au litre sera vingt centimes supérieur à celui du diesel B7 conventionnel. Actuellement plus de quatorze millions de voitures, camions et véhicules divers roulent au diesel sur les routes allemandes. Pour réussir son pari, Volker Wissing devrait peut-être commencer par encourager ses compatriotes à manger des frites ! (kb & vjp)

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