Guerre en Ukraine : une Europe à vingt-sept vitesses !

Allemagne/Ukraine/Pays Baltes/UE – Au 31 janvier dernier, l’Ukraine avait bénéficié de plus de 133 milliards d’aides en provenance de ses pays partenaires dont 54,8% (73,17 Mrd. d’euros) des Etats-Unis. L’Union Européenne a participé à hauteur de 29,92 milliards, soit 22,4% et le Royaume-Uni s’est distingué en s’impliquant à hauteur de 8,3 milliards, soit 6,2% du total. Hors Europe et USA, deux pays, le Canada et le Japon ont apporté leur soutien à hauteurs respectives de quatre et un milliard d’euros, soit 3,7%. Parallèlement aux aides communautaires gérées par Bruxelles, huit pays de l’Union ont pris la décision de débloquer des fonds d’urgence supplémentaires et c’est l’Allemagne qui, en tant que première puissance économique, arrive en première place des pays les plus coopératifs, avec 6,15 milliards (4,5%), loin devant la France (1,67 Mrd.) et l’Italie (1,02 Mrd.), deux territoires qui, cumulés, ne représentent que 2% des aides accordées. Celles-ci qui sont généralement assimilées par les pays en étant à l’origine à de la générosité ou de la solidarité méritent toutefois d’être analysées de manière plus détaillée. Sur les 73 milliards alloués par les USA, 44,3 soit plus de 60%, sont voués à du soutien militaire c’est-à-dire à des armes et équipements jusque-là non opérationnels, du capital mort en somme, 25,11 (34,3%) à un soutien financier dont les modalités, compte tenu de l’urgence, ne sont pas clairement définies, et seulement 3,7 milliards (5%) à l’aide humanitaire. Le cumul des aides consenties par les Etats-Unis à l’Ukraine représente à peine 0,4% de leur Produit Intérieur Brut et les USA ne se positionnent ainsi qu’au quatorzième rang des pays les plus généreux.

L’Estonie et la Lettonie partagent plus de 400 kilomètres de frontières avec la Russie et seraient de fait en première ligne dans le cas d’une exacerbation du conflit actuel. 

Les plus pauvres sont les plus solidaires

Un des moyens le plus efficace et le plus rationnel de soutenir à l’Ukraine aurait dû consister à fixer le montant des aides en fonction des produits intérieurs bruts des pays solidaires. Or, il n’est venu à l’idée d’aucun commissaire européen, d’aucun membre du Parlement siégeant à Strasbourg et naturellement, et pour cause, d’aucun ministre de l’Economie de proposer une telle alternative. Et c’est ainsi qu’à l’analyse des statistiques, force est de constater que ce sont les pays les plus fragiles économiquement qui apportent le plus grand soutien à l’Ukraine. Il est ainsi aberrant que le pays le plus pauvre de l’Union Européenne, en l’occurrence la Bulgarie, ait consenti à sacrifier 0,67% de sa richesse nationale pour venir en aide à l’Ukraine, soit deux fois plus que le Luxembourg où le PIB par habitant est presque douze fois plus élevé que dans la République des Balkans (1). On peut multiplier à l’infini les exemples qui prouvent à quel point est vaine la solidarité dite « européenne ». Pour des raisons évidentes, plus la menace russe est réelle, plus le soutien des pays concernés est élevé et c’est naturellement le cas de deux des trois pays baltes Estonie et Lettonie, lesquels ont été parmi les premiers à réagir en consacrant plus de 1,2% de leur PIB à diverses mesures de soutien militaire et humanitaire à l’Ukraine. Ces deux territoires, faibles démographiquement, fragiles économiquement, n’ont pas hésité à accueillir plusieurs dizaines de milliers de citoyens ukrainiens. Eloquente est également la comparaison entre la France et la Pologne. Alors que première a apporté un soutien de 1,67 milliard d’euros, la seconde est parvenue à débloquer plus de 3,5 milliards alors que son PIB est 4,3 fois inférieur à celui de la France. Le classement des membres de L’Union Européenne en fonction de leurs engagements révèle que se sont ceux dont les habitants sont les moins lotis qui font preuve de la plus grande générosité. Après l’Estonie, la Lettonie, la Pologne, la Lituanie, la Bulgarie et la Slovaquie qui occupent les six premières places, la République Tchèque (9ième), le Portugal (10ième) et la Grèce (13ième) devancent l’Allemagne (16ième), la France (20ième), la Belgique (21ième), l’Italie (22ième) et le Luxembourg (24ième).

Charles Michel, Président du Conseil Européen : il veut jouer un rôle essentiel dans le conflit actuel alors que son propre pays, dont il a été le 1er Ministre pendant cinq ans, n’a consacré que 0,3% de son PIB aux aides militaires et humanitaires en faveur de l’Ukraine.

L’opportunité manquée d’une défense européenne

Selon les données du Fonds Monétaire International, la Fédération de Russie a généré en 2021, c’est-à-dire à la veille de «l’opération spéciale » de Vladimir Poutine, un PIB de 1.778 milliards de dollars, alors que sur le même exercice les pays membres de l’Union ont globalement produit une richesse de 17.654 US-Dollars, soit dix fois plus. Face à une telle distorsion, on peut légitimement s’interroger à savoir si l’UE a réellement besoin des Etats-Unis pour assurer sa sécurité et celle de l’Ukraine. Si les autorités européennes, au premier rang desquelles la Commission Européenne, étaient parvenues à uniformiser les aides des pays membres en fonction de leur PIB respectif, le conflit russo-ukrainien aurait pris une toute autre tournure. Sur la base d’un pourcentage uniforme de 0,5% du PIB par pays, l’Union Européenne aurait pu apporter un soutien à l’Ukraine de près de quatre-vingt dix milliards d’euros. Cet engagement aurait prouvé au chef du Kremlin que les peuples européens ont la capacité de s’unir dans l’épreuve. Or, c’est tout le contraire qui s’est produit. Les institutions européennes ont préféré avoir recours au vieilles recettes, aux sanctions économiques dont les populations civiles sont toujours les premières victimes. L’Europe qui était dépendante de la Russie sur le plan énergétique, le devient plus que jamais sur le plan politique des Etats-Unis. Bref, l’Europe a une fois encore raté le coche ! kb/vjp

(1) En 2021, le PIB par habitant s’est élevé en 2021 à 11.746 US Dollars en Bulgarie, soit 4,6 fois et 11,6 fois moins qu’en Belgique et au Luxembourg où ce même PIB a atteint respectivement 51.849 et 136.701 Dollars (Source : Fonds Monétaire International)

 

 

 

 

 

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