Echec du référendum berlinois sur le climat

Luisa Neubauer, aussi admirée que controversée, elle clive la société allemande.

Allemagne – Les protecteurs du climat ont échoué ce week-end dans leur tentative de réduire de quinze ans la durée nécessaire à la neutralité énergétique. Pour que leur initiative de référendum aboutisse, il aurait fallu que le quart des électeurs inscrits, soit 608.000 personnes, l’approuvent, or seuls 423.000 d’entre eux ont estimé les enjeux suffisamment importants pour se déplacer. Malgré tous les efforts déployés par les associations, dont la plus connue « Klimaneustart » (Climat nouveau départ), celles-ci ne sont pas parvenues à convaincre les Berlinois qui semblent être préoccupés par d’autres problématiques. Après quatre mois de persévérance, Klimaneustart était parvenue à récolter les signatures nécessaires à l’organisation de cette consultation populaire. Ces efforts ont été vains, car les habitants de la capitale semblent surtout avoir fait preuve de réalisme. En effet, rendre Berlin neutre sur le plan climatique dès 2030 aurait nécessité des efforts considérables et financièrement inestimables. La reconversion énergétique de la majorité des habitations ainsi que des locaux commerciaux et industriels, des investissements massifs dans des pompes à chaleur, une alternative qui est devenue le dada du ministre de l’Economie, Robert Habeck, la réorganisation quasi totale des transports en commun, les aides indispensables au renouvellement du parc automobile sans oublier la remise en question des structures d’approvisionnement en énergie des équipements industriels existants auraient impliqué des dépenses se chiffrant à plusieurs centaines de milliards d’euros, ce qui aux yeux de la coalition tripartite (sociaux démocrates, Verts et gauche) encore au pouvoir est apparu irréaliste. La plupart des scientifiques qui ont été amenés à exposer leur point de vue, estimaient, eux-aussi, que les objectifs visés par les protecteurs du climat étaient en totale contradiction avec la réalité berlinoise, une ville qui, dans le contexte actuel, n’a pas les moyens des ambitions environnementales que les activistes espéraient lui imposer. Malgré l’échec de la consultation populaire, Luisa Neubauer, assimilée à la Greta Grunberg allemande, n’a nullement l’intention de baisser les bras. « Nous ne nous laisserons pas intimider par ceux qui nous critiquent, les dénigreurs et les grincheux » a-t-elle déclaré après l’annonce des résultats. Cette pasionaria du climat, admirée par les uns, controversée par les autres et qui regarde l’avenir avec ses yeux d’héritière fortunée (son patrimoine personnel se situerait entre un et cinq millions d’euros) a déjà trouvé la parade et va chercher à comprendre pourquoi les Berlinois n’ont pas adhéré à sa cause et à celle de ses amis, dont beaucoup pourront vivre des rentes léguées par leurs parents capitalistes. Que Luisa Neubauer le veuille ou non, Berlin, la ville la plus sexy d’Europe ne sera « climatiquement neutre » en 2030. Elle devrait croiser les doigts pour qu’il en soit ainsi en 2045, ce qui n’est pas assuré compte tenu des défis auxquels la capitale allemande est confrontée. kb

 

 

 

 

 

 

 

 

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