Berlin se voit dotée d’un nouveau maire

Allemagne – Après sept longues semaines de négociations, le deux partis social-démocrate (SPD) et chrétien-démocrate (CDU) arrivés en tête aux élections sont parvenus à un compromis et dirigeront ensemble la capitale allemande. Au lendemain du scrutin, deux options avaient été envisagées par la maire sortante Franziska Giffey, membre du SPD.

Pour se maintenir à son poste, elle avait proposé la reconduction de la coalition tripartite réunissant sa propre formation à côté du parti de gauche Die Linke et des Verts. Face au raz-de-marée de la CDU qui est arrivée en tête dans une forte majorité des circonscriptions (en bleu sur notre graphique), Franziska Giffey a été contrainte d’ouvrir le dialogue avec son principal opposant, Kai Wegner, qui était apparu dès le lendemain de l’élection comme le grand vainqueur de la consultation.

Grâce à Kai Wegner, l’Union Démocrate-Chrétienne va pouvoir rediriger Berlin, après 22 années dans l’opposition.
Le bleu de la démocratie-chrétienne : une victoire incontestée.

Un Berlinois « authentique »

Né en 1972 à Berlin-Ouest, Wegner n’a de point commun avec sa rivale que la fidélité à son propre parti. Il avait à peine 18 ans, en 1989, lorsqu’il a adhéré à la CDU, un parti dont il est devenu le vice-président à Berlin de 2000 à 2002. En 2005, Kai Wegner se porte candidat aux élections législatives dans la circonscription de Berlin-Spandau et devient membre du Bundestag pour y intégrer la commission de la construction, du logement, du développement urbain et des collectivités locales puis celle de l’environnement, de la protection de la nature et de la sécurité nucléaire. Contrairement à Franziska Giffey qui a occupé la fonction de ministre de la famille, des personnes âgées, des femmes et de la jeunesse sous le quatrième gouvernement d’Angela Merkel de 2018 à 2021, Kai Wegner n’a jamais eu d’ambitions fédérales et préféré se concentrer sur sa ville natale. Cet attachement à Berlin a fait de lui un Berlinois authentique et contribué sans aucun doute à sa réussite électorale. Le nouveau maire de Berlin connaît mieux que quiconque les défis auxquels la capitale est confrontée. Il l’a connue divisée, réunifiée et il l’a vue se métamorphoser au fil des trois dernières décennies. En homme de terrain, il a conscience que toutes les bonnes volontés seront nécessaires à une gestion rationnelle de Berlin. Les sept semaines de négociations ont permis de tourner la page des querelles politiques et selon des sources proches des deux formations les missions seront réparties à parts égales. La CDU, compte tenu de l’expérience du nouveau maire, devrait être en charge de l’environnement, de la mobilité et de la protection du climat mais aussi de l’éducation, des finances, de la justice et de la culture. Aux sociaux-démocrates reviendra la charge de affaires intérieures, du logement et de la construction, du travail et des affaires sociales mais aussi de l’économie, de la santé et de la science. Il est prévu par ailleurs que la maire sortante occupe un poste de sénatrice. Pour se concrétiser, le contrat de coalition doit être approuvé par les adhérents des deux partis. Pour ce faire, le SPD va organiser un référendum auprès de ses membres dont le résultat sera annoncé le 23 avril prochain et ce n’est qu’à l’issue de cette consultation que les adhérents de la CDU seront amenés à se prononcer dans le cadre d’un congrès. Tout liasse préager que Kai Wegner sera en mesure d’occuper son fauteuil de premier édile de Berlin avant l’été prochain, ce qui fera de lui le seizième maire de la capitale depuis 1951, année au cours de laquelle le scission de la ville a été officialisée. Avec onze maires sociaux-démocrates, la métropole allemande a toujours été marquée par ses tendances novatrices assorties de liberté et de tolérance. De très nombreux artistes, dont David Bowie est le plus célèbre, y ont vécu. Une des caractéristiques de l’électorat berlinois est son goût pour le changement qui a contribué à ce que seuls quatre maires dont trois membres du SPD, ont été réélus : l’ex-Chancelier Willy Brandt, Prix Nobel de la Paix entre 1957 et 1966, Klaus Schütz de 1967 à 1977, Eberhard Diepgen (CDU) à deux reprises de 1984 à janvier 1989 et de 1991 à 2001 et Michael Müller de 2014 à 2021. Lorsque le Mur de Berlin s’est effondré en décembre 1989, c’est de nouveau à un maire social-démocrate, Walter Momper, qu’est revenu l’honneur d’accueillir le Chancelier Helmut Kohl sous les applaudissements d’une foule en liesse. kb

Photo historique de Berlin, ville réunifiée

De gauche à droite : Hans Modrow, président du Conseil de RDA, Helmut Kohl, Chancelier de la République Fédérale d’Allemagne, Erhard Krack, maire de Berlin-Est, Walter Momper, maire SPD de Berlin-Ouest, Otto von Lambsdorf, président du parti libéral de RFA et Dieter Genscher (de profil), ministre des Affaires Etrangères de RFA.

Cette photo a été prise le 22 décembre 1989 à l’occasion de la Chute du Mur de Berlin, un événement qui a été la conséquence logique de la Perestroïka.

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