Frondeurs anti-masques : complotistes ou réalistes ?

Manifestation anti-masques à Berlin

Allemagne/UE/Monde – Parmi les quelques conséquences positives qu’a eues la pandémie, la non des moindres est celle qui a consisté à se pencher sur des données statistiques ignorées jusqu’alors ou, au mieux, commentées avec mépris ou condescendance, ces données qui sont tellement dérangeantes qu’on préfère de ne pas les analyser à leur juste valeur. Au cours des 50 dernières années, la population mondiale a doublé,  passant de 3,7 à près de 8 milliards d’habitants alors que sur la même période la consommation de viande a plus que triplé. Au moins 333 millions de tonnes de viande seront conditionnées cette année, alors qu’en 1970 l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) n’en comptabilisait « que » cent millions.  On connaît depuis plus d’un demi-siècle les ravages que peut causer la consommation excessive de viande sur les humains, tous les dirigeants de la planète toute entière en ont été informés mais tous ont préféré fermer les yeux, pire mener des politiques favorisant la surconsommation de produits à base animale.

Mercantilisme agroalimentaire

Etant donné que le Covid 19 s’est transmis de l’animal à l’homme, il est fort possible qu’il ne soit pas une exception et personne ne peut affirmer qu’il n’en sera pas  de même, demain, avec d’autres virus que portent les porcs, les poulets, les canards, les bovins ou les ovins sans compter les centaines d’espèces de poissons qui atterrissent dans nos assiettes après avoir été fumées ou surgelées. Si de plus en plus de virologues, à qui la parole n’est pas donnée, mettent déjà en doute l’efficacité à long terme d’un éventuel futur vaccin, c’est parce qu’ils savent que ce moyen le plus classique  pour éradiquer les épidémies porte en lui le risque de ne plus être efficace pour lutter contre des virus qui auront muté. ( #pg5i / Covid 19 : peut-être le premier épisode d’une longue série). ll ne sert à rien de s’en référer présentement  à des comités scientifiques pour faire accepter des mesures impopulaires si on oublie les erreurs commises hier dont celle qui a consisté à ne jamais vouloir entendre les lanceurs d’alerte qui n’étaient pas, loin s’en faut des « vegans orthodoxes » mais des experts et scientifiques réalistes et reconnus, ce qui aurait dû suffire pour qu’on les écoutât.  Le coronavirus a suivi exactement le même chemin tracé par la mondialisation  de l’économie agroalimentaire. Quel paradoxe que de voir un Auvergnat acheter à Pâques un gigot surgelé en provenance d’Australie ou un Alsacien une dinde  à Noël  engraissée en Pologne. Ce ne sont là que deux exemples parmi tant d’autres, à l’instar de ce fois gras produit en Hongrie, dont on nous dit qu’il est aussi bon que le périgourdin tout en étant trois ou quatre moins cher. Il n’y a rien de plus malsain que le mercantilisme agroalimentaire car il contribue à enrichir une minorité de producteurs et de distributeurs au détriment de la santé de tous les consommateurs. Les seuls à ne pas avoir trop souffert de la crise sanitaire sont les géants de la distribution, lesquels ont souvent poussé l’audace et le cynisme à leur paroxysme, en proposant des produits à très bas prix, comme si un paquet de nouilles à quatre ou cinq centimes moins cher allait améliorer le quotidien d’un consommateur en chômage partiel. S’il y a autant de frondeurs et de réfractaires aux règles imposées par les pouvoirs publics , c’est parce que ces « gens-là » se sont instinctivement sentis encore plus défavorisés qu’ils le sont habituellement. La propagation persistante du coronavirus n’est pas seulement due aux conséquences d’un déconfinement qui s’est imposé à la hâte mais  aux discours contradictoires qu’ont tenus de nombreux « spécialistes » , prétendant par exemple que le virus allait naturellement disparaître avec l’apparition des fortes chaleurs, or c’est tout le contraire qui s’est produit, étant donné que c’est dans les régions les plus caniculaires qu’a été enregistré le plus grand nombre de personnes testées positives.

Une politique irrationnelle

La crise sanitaire a prouvé l’incapacité de la science à agir en temps réel mais aussi l’inaptitude des dirigeants à mener une politique rationnelle. Pourquoi fermer les églises et autoriser l’ouverture des cinémas et des théâtres ? Pourquoi interdire des réunions familiales de plus de dix personnes et autoriser des rassemblements de cinq cents à mille participants ? Le seul événement sensé auquel nous avons assisté au cours de ces dernières semaines est le déblocage en urgence d’un fonds européen de plus de 700 milliards mais le voilà déjà prétexte à des tensions politiques qui n’ont strictement rien à voir avec la santé des européens. Quand des députés européens conditionnent l’attribution des fonds aux régimes en place dans certains pays, dont la Pologne et la Hongrie, ils ne sauvent pas la démocratie, ils détruisent l’Europe. Tous les membres de l’Union Européenne sont priés de présenter à la Commission de Bruxelles leurs projets de relance économique. Presque tous vont profiter de l’aubaine pour réaliser ce que la croissance d’avant-crise leur interdisait  ou utiliser les fonds pour respecter une partie des promesses qu’ils n’ont pas su tenir au lendemain de la COP 21. Grâce au Covid 19, des milliers de kilomètres de pistes cyclables vont être tracés, tous les parkings européens, publics et privés,  seront  équipés de bornes destinées à charger les batteries de véhicules propres, les centrales au charbon vont se transformer en parcs d’attraction ou pourquoi pas en musées d’art moderne, tous les abattoirs seront robotisés et les jeunes Roumains porteurs de virus priés de rester chez eux, une nouvelle Europe, celle du tout électrique, va pouvoir s’édifier, les couches aisées de la société se verront gratifier de milliers d’euros pour s’acheter un véhicule propre, grâce à la recherche spatiale leurs vieilles carcasses pourront polluer la lune et pourquoi pas, un jour, la planète mars. Bref, tout ce qu’on croit être de la fiction va devenir réalité. Tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu’au jour où un nouveau virus fera son apparition. On s’apercevra alors qu’on manque toujours de lits de réanimation, d’hôpitaux de proximité et de personnel soignant en nombre suffisant et tous ceux qui, en 2030, 2040 ou 2050 oseront prétendre que les 700 milliards de 2020 ont été mal utilisés, seront accusés de « complotisme ».

700 milliards pour une Europe de la Santé !

Le « deal historique » selon l’expression du Président du Conseil Européen, Charles Michel, était l’occasion, inespérée jusqu’alors,  d’édifier une véritable Europe de la santé, de permettre à tous les pays européens d’être équipés des mêmes structures sanitaires, à tous les médecins et personnels soignants, qu’ils soient allemands, français, bulgares, italiens, espagnols, roumains, etc, de vivre dignement de leur métier et surtout, grâce au numérique, de disposer des mêmes données statistiques et de travailler de manière synchronisée sur la base des mêmes critères. Début octobre, nous arriverons au neuvième mois de crise sanitaire mais, malgré les moyens de communication dont nous disposons, les citoyens européens, qu’ils soient portugais, estoniens, français, anglais,  etc.  ne savent toujours pas avec exactitude de quelles pathologies étaient atteints les patients décédés. On nous a dit que beaucoup étaient en surpoids, diabétiques, que d’autres avaient été victimes de maladies pulmonaires ou cardiovasculaires, mais on en ignore le nombre exact. On ne sait toujours  pas si les centaines  de milliers de personnes sous trithérapies en Europe, dont le système immunitaire est de fait fragilisé, sont moins, autant ou plus touchés par le virus, idem en ce qui concerne les autres patients déjà frappés  pas de graves maladies (cancers, Alzheimer, Parkinson, sclérose en plaque, etc.). Le moment n’est-il pas venu, grâce aux moyens technologiques dont nous disposons « d’auditer » en profondeur ce virus qui pénalise ceux qui n’en seront jamais atteints ?

La Chancelière Angela Merkel à la tribune de la Leopoldina

L’Allemagne n’est plus une exception

Le phénomène le plus inquiétant, auquel nous assistons à l’heure actuelle, provient du fait que le pays le plus loué pour sa gestion de la crise, en l’occurrence l’Allemagne, se trouve lui-aussi confronté aux mêmes problèmes que ses voisins. Le Fédéralisme qui a permis à la RFA d’être le pays le mieux doté au monde quant au nombre de lits de réanimation par million d’habitants, trente au lieu de onze en France, a connu ses limites. La Chancelière Angela Merkel a jugé utile de réunir les ministres-présidents des lands, afin qu’ils harmonisent leurs législations dans le cadre du déconfinement. Le tête de l’exécutif allemand dispose toutefois d’une structure unique au monde, la Leopoldina, héritière de l’académie des sciences fondée en 1652, et dont la double fonction consiste à représenter les sciences allemandes à l’étranger et de conseiller et les hommes politiques et le grand public. Cet organisme chapeaute toutes les disciplines sans exception et elle est devenue en quelque sorte l’Académie suprême de toutes les Académies. Aucun Chancelier ne se permettrait de prendre une décision sans avoir son aval, ce qui garantit la liberté à la science. En franchissant les frontières thématiques, professionnelles, politiques et culturelles, la Leopoldina s’engage à respecter les droits de l’Homme.  Grâce aux compétences étendues de ses 1.600 membres , elle est en mesure d’exprimer son point de vue sur les évolutions et les questions fondamentales de notre époque, dont le changement climatique, l’approvisionnement énergétique, la lutte contre les maladies, l’évolution démographique, l’état d’avancement des recherches , les systèmes économiques mondiaux, la nutrition à l’échelon planétaire et la répartition des ressources naturelles.  Ce que  la Leopoldina estime prioritaire, doit le devenir et ce qu’elle craint au plus haut point en ce moment  est l’amalgame qui risque de s’opérer prochainement entre les personnes touchées par le virus de la grippe et celles réellement frappées par le coronavirus. Le risque est grand que s’enclenche une sorte de guerre des virus susceptible de perturber non seulement le monde médical mais la société toute entière.  La Leopoldina recommande aux dirigeants des lands de tout mettre en œuvre pour que  les établissements scolaires et les centres de formation fonctionnent normalement et qu’il soit tenu compte des besoins sociaux de toutes les couches de la population. Ce sont ces recommandations que la Chancelière a relayé aux dirigeants des lands. Normalement, les milieux politiques sont tenus de présenter leurs décisions par des déclarations compréhensibles par tous, ce qui ne semble pas toujours être le cas, étant donné que l’Allemagne a été parmi les premières à déplorer des manifestations anti-masques.  vjp

 

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