En Roumanie, la vie doit continuer

Roumanie/UE – Il est des moments dans la vie où il faut savoir faire des choix quelles que soient les circonstances et cela vaut davantage pour les édiles locaux que les élus nationaux. Parce qu’ils sont en contact quotidien avec leurs administrés, ils sont sujets à critique et souvent contraints, pour répondre aux attentes de leurs électeurs de prendre des décisions spécifiques à l’opposé des règles imposées à l’échelon national. Cette dissidence forcée est incarnée actuellement par Astrid Fodor (notre photo), maire de Sibiu, 14ième ville de Roumanie, une des seules cités à avoir échappé au carnage architectural du dictateur Nicolae Ceausescu, ce qui lui a permis de conserver un patrimoine empreint des époques gothique, Renaissance, baroque et Art Nouveau.

En 2007, Sibiu a été désignée Capitale Européenne de la Culture , sa pinacothèque Bruckentahl (*) est mondialement reconnue et le magazine Forbes n’a pas hésité à considérer cette ville comptant 150.000 habitants, comme le 8ième site le plus idyllique d’Europe. Mais il n’en demeure par moins que toutes ces prestigieuses distinctions n’ont pas suffi pour rattraper le retard chronique qu’accuse encore la majorité des agglomérations roumaines. En élisant Astrid Fodor, membre du Forum Démocratique Roumain, formation à laquelle appartient le Président Klaus Johannis, les habitants d’Hermannstadt (appellation en allemand) ont misé sur une femme dont ils savaient qu’elle allait tenir ses engagements et utiliser à bon escient les aides dont la cité a bénéficié dans le cadre de la BERD (Banque Européenne de Reconstruction et de Développement). Lorsque l’épidémie s’est déclenchée, en mars dernier, Sibiu était un immense chantier n’épargnant aucun des quartiers du centre-ville et de sa périphérie. Plus de quarante rues, avenues, cours et boulevards sont concernés par des travaux d’assainissement et d’embellissement. Plusieurs dizaines d’entreprises et plusieurs milliers de personnes sont impliquées, directement sur le terrain, indirectement dans les administrations, dans ce programme de rénovation, duquel dépend l’avenir de toute une région parmi les plus touristiques du centre de l’Europe. L’interrompre, ne serait-ce que quelques semaines, aurait eu des conséquences dramatiques dans un pays qui, à l’instar de tous ses voisins, se bat pour que son patrimoine touristique et culturel soit reconnu. Parce qu’il est plus facile de respecter les gestes barrière dans un espace ouvert que fermé mais aussi parce que les données du ministère de la Santé révélaient que Sibiu s’inscrivait parmi les villes les moins touchées par la pandémie, le rationalisme a eu raison de la panique et de la peur généralisée. D’une manière générale et malgré des structures sanitaires défaillantes, la Roumanie a su mieux résister que la France. Avant-hier, le nombre de décès s’y élevait à 1.210, soit 62 par million d’habitants et 6,8 fois moins que dans l’Hexagone. Lundi dernier, 146 nouveaux cas ont été enregistrés, ce qui a porté le nombre total à 18.429. Seuls 181 ont nécessité une hospitalisation en soins intensifs. Selon le syndicat professionnel « Solidaritatea Sanitara », 2.854 membres des personnels soignants ont contracté la maladie et 17 en sont décédés. (Source : Vlad Popa / adz – Version française : pg5i)

(*) Ce musée peut être visité virtuellement sur Internet, ce qui permet aux personnes ne connaissant pas Sibiu de découvrir en partie ce joyau de Transylvanie où cohabitent huit religions et autant d’ethnies. www.bruckenthalmuseum.ro

(Nombre de mots : 540)

error: Content is protected !!