Arte légitime le mensonge et la Pologne s’insurge

Le président du PiS, une des têtes de Turc de tous les antipopulistes primaires

France/Allemagne/Pologne – Il ne se passe de commémorations dédiées à la Shoah et à l’Holocauste, sans qu’elles soient sujettes à polémiques. Celle organisée à l’occasion du 70ième anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz  n’a, hélas, pas échappé à cette règle mais cette fois,  ce ne sont pas des négationnistes qui en sont à l’origine, ce qui ne serait en soi pas trop dramatique car tout être doté d’une once d’intelligence sait qu’ils ne cherchent qu’à provoquer, mais une chaîne tellement bien pensante que personne n’ose mettre en doute le manque d’objectivité de ses contenus.
Que la chaîne franco-allemande pèche sciemment par omissions est une évidence pour tous les Français qui ont vécu et travaillé en Allemagne et pour tous les Allemands qui en ont fait de même en France. Parmi les émissions les plus perfides dont Arte a le secret, se trouve le magazine quotidien d’informations « 28 minutes » qui, fort d’une audience en forte progression, est passé à un 43 minutes, ce qui laisse de l’espace et du temps à un animateur-chroniqueur, tête à claques, de se déguiser pour une « prise de tête » au cours de laquelle, il prend un malin plaisir à guillotiner ses cibles.  Pour ce Thibaut Nolte, l’objectif n’est pas d’informer mais de détourner l’information pour apporter de l’eau au moulin de ces antipopulistes primaires qui, sans s’en rendre compte, succèdent aux anticommunistes primaires qui, eux, avaient raison quand ils dénonçaient la pérennité des camps de concentration et des camps de travail dans le bloc soviétique. Grâce à l’hommage rendu aux victimes du KZ (Konzentrationslager) le plus médiatisé au monde, Nolte s’en est donné à cœur joie en ne trouvant rien de plus intelligent que de « décapiter » Jaroslaw Kaczynski, député et président du parti PiS (Droit et Justice), présenté en quelques secondes chocs comme un ultraconservateur, sans foi ni loi, raciste, antisémite, homophobe et tutti quanti, bref un homme qui ne serait ni plus ni moins que l’héritier encore vivant des bourreaux d’hier.

Zofia Kossak : des dizaines de milliers de juifs lui doivent la vie

Ne pas assimiler les victimes à leurs bourreaux

Il est évident et salutaire que cet amalgame ait suscité une réaction immédiate de l’Ambassadeur Polonais en fonction à Paris, Tomasz Mlynarsli, lequel a tenté dans une lettre adressée à Bruno Patino, directeur éditorial d’Arte, et diffusée sur le site de l’Ambassade, de rectifier le tir et surtout de rappeler ce qui est sciemment oublié par la presse occidentale, en l’occurrence l’engagement et le courage incontestable dont ont fait preuve, au péril de leurs vies, des centaines de catholiques pour protéger des milliers de leurs compatriotes juifs. Etant donné que ce M.Patino n’a pas jugé utile d’accorder un droit de réponse au responsable de la diplomatie polonaise à Paris, nous le faisons modestement à sa place et même si nous sommes moins lus que n’est vu  Arte, nous pensons, en nous comportant de la sorte, respecter le déontologie journalistique qui impose à tout rédacteur de demeurer objectif, surtout lorsque l’actualité est prétexte à toutes les dérives. « Je voudrais rappeler, écrit M.Mlynarksi, que pendant l’occupation allemande de la Pologne, personne n’a collaboré avec les Allemands au nom de la nation polonaise, contrairement à ce qui se passait dans d’autres pays européens. Je souligne de plus qu’il n’y a jamais eu d’unité SS polonaise. Nous refusons, ajoute-t-il, d’intervertir bourreaux et victimes, de confondre les auteurs de ces crimes cruels et les pays envahis. Au nom de la mémoire des victimes et au nom de notre avenir commun, nous devons préserver la vérité. » Que le directeur éditorial  d’une chaîne qui se prétend culturelle cautionne de telles dérives est beaucoup plus dangereux que les milliers de fake-news de Donald Trump sur les réseaux sociaux et ce, pour la simple et unique raison que Trump sera vite oublié, alors que les atrocités des nationaux-socialistes ne devront jamais sortir de la mémoire collective. Et pour qu’il en soit ainsi, il est de la responsabilité de la presse de dénoncer la collaboration avec l’ennemi mais encore davantage de louer la témérité des rebelles et de révoltés et, n’en déplaise à MM.Patino et Nolte, la Pologne en a connu beaucoup plus que la France. Le chef de la Diplomatie polonaise en France n’a pas tort de rappeler que le mouvement Zegota, fondé en 1942 par deux femmes catholiques convaincues, Zofai Kossak et Wanda Krahelska, a permit de sauver  plus de 100.000 juifs. Grâce à ces deux héroïnes qui mériteraient, à elles seules, une soirée thématique sur le canal « historico-culturel » qu’est Arte, 2.500 enfants juifs ont pu sortir du ghetto de Varsovie  pour être cachés et hébergés dans des familles et des orphelinats catholiques. L’occupant condamnait à une mort immédiate  tout Polonais venant en aide à un juif, ce qui démontre le climat de terreur quotidienne auquel étaient confrontés tous ces héros anonymes qui ne se sont jamais vantés de leurs actes, car ils les considéraient comme évidents car conformes à la charité chrétienne. Que les membres de Zegota aient été minoritaires dans la société polonaise, ne fait aucun doute mais une chose est certaine ils étaient plus nombreux que ne l’étaient les Résistants français sous l’Occupation. Avant de donner des leçons d’histoire, de morale et de justice, certains pays et surtout leurs « intellectuels » seraient bien inspirés en balayant devant leurs portes. Mais ce n’est pas le première fois que des ambassadeurs d’Europe Centrale et Orientale s’offusquent des propos tenus par la presse française. En 2017, les  ambassadeurs des trois pays baltes, Lettonie, Lituanie et Estonie, avaient collectivement adressé un courrier à Luc Bronner, rédacteur au « Monde », qui avait une nouvelle fois et à l’instar de presque tous ses confrères, assimilé ces trois territoires à des anciennes Républiques soviétiques, ce qu’ils n’ont jamais été, car ils furent purement,  simplement  et brutalement annexés par Moscou.  Et tout le monde de s’interroger à l’heure actuelle, à savoir ce qu’il va advenir de la Shoah lorsque tous les survivants auront disparu ? Pas grand-chose si la presse continue à ignorer les réalités du passé et à les interpréter à sa guise. Le meilleur moyen de pérenniser le souvenir serait d’attribuer des Prix Nobel de la Paix à titre posthume, et Dieu sait  si de candidats et surtout de candidates, il ne manquerait pas à commencer par Zofia Kossak et Wanda Krahelska . Vital-Joseph Philibert  

 

 

 

 

 

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