« Corpus Christi » : à voir à tout prix même sans Oscar !

Pologne/France /UE – Tous les pays sont déçus lorsqu’un de leurs films est nommé aux Oscars sans obtenir la récompense suprême. Mais il est des pays qui le sont plus que d’autres car devenir le lauréat du prix le plus prestigieux du 7ième art permet de battre en brèche les préjugés dont ils sont victimes. Qu’on se le dise une bonne fois pour toutes, le « populisme », contrairement à ce qui est propagé, n’est pas forcément une entrave à la liberté d’expression.

Bartosz Bielenia : le physique avantageux d’un acteur hors pair

Le film « Corpus Christi » qui va sortir sur les écrans français le 5 mars prochain sous le titre « La communion » en est la preuve flagrante. Ce long métrage du jeune réalisateur, Jan Komasa (déjà connu des cinéphiles pour son documentaire « L’Insurrection de Varsovie »), qui était en concurrence avec trois autre films européens, « Honeyland » de Tamara Kotevska (Macédoine), « Les misérables » du Français Ladj Ly et « Pain & Glory » de Pedro Almodovar et un film coréen « Parasite » de Bong Joon Ho, le vainqueur de la 92ième édition de la cérémonie des Oscars, est en effet tout sauf politiquement correct. Comment pourrait-il en être autrement de la métamorphose spirituelle d’un jeune délinquant d’un vingtaine d’années qui se déguise en prêtre pour prêcher la bonne parole de Dieu dans une bourgade reculée de la Pologne profonde ultraconservatrice  car foncièrement catholique ? Que ce scénario pour le moins dérangeant ait obtenu des aides publiques en provenance d’un fonds régional de soutien au cinéma, prouve à quel point il est dangereux d’assimiler toute une population et tous les artistes à leurs dirigeants, surtout lorsque ces derniers ne souhaitent pas se mêler de culture , un domaine très sensible qui ne fait qu’exacerber les tensions lorsqu’on y touche. Il est fort à parier que sur les 1,3 million de spectateurs qui se sont rendus dans les salles pour découvrir ce film dérangeant car sortant des sentiers battus, beaucoup ont voté pour le pouvoir en place car il est des instants où la politique n’a plus réellement de sens, surtout lorsque l’occasion est donnée de reconsidérer le monde sous un autre jour. Avant même d’avoir été sélectionné par la Pologne pour se faire représenter à Los Angeles, « Corpus Christi » avait enthousiasmé quarante cinq distributeurs étrangers, qui en ont acquis les droits soit à Venise, soit à Toronto, où il a créé autant la surprise que l’émoi. Quelle que soit la langue avec laquelle ils parlent ou écrivent, les critiques ont trouvé les mots justes pour présenter et louer ce long métrage, dont on sait déjà qu’il s’inscrira dans l’Histoire du 7ième art polonais mais pas seulement. Si le succès national se duplique à l’étranger, l’interprète principal, Bartosz Bielenia, déjà considéré comme une révélation y sera pour beaucoup. Charismatique dans son rôle de prédicateur improvisé et convaincu, il l’est aussi grâce à son physique hors pair et à son jeu d’acteur, deux conditions pour faire de lui l’héritier des plus grandes figures du cinéma, hissées au sommet de la gloire par des Luchino Visconti ou Jean-Pierre Melville ! vjp

 

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