A quand un grand débat européen sur les sanctions 

France/Russie/Chine/USA/ UE – Alors qu’Emmanuel Macron et son 1er ministre Edouard Philippe sont contraints de passer leur temps à réinventer une nouvelle forme de démocratie à la française qui, une fois n’est pas coutume, ne sera pas une exception car elle existe déjà sous différentes formes dans la plupart des pays européens, les Russes, les Chinois et naturellement les Américains sont à l’ouvrage. Ils travaillent d’autant plus que le contexte géopolitique leur facilite la tâche et les oblige plus que jamais à se défendre. Depuis plus de cinq ans,

Pour Alexander Bahr, une Europe occultant la Russie est une ineptie
le mot à la mode, source de conflits, de malentendus et  de nouvelles inégalités est  le mot « sanction ». Pour se faire entendre à défaut de se faire reconnaître ou apprécier, il faut taper du poing sur la table et exercer des sanctions.  Certains pays, à l’instar de l’Allemagne, savent faire d’une pierre deux coups en sanctionnant à la fois des ennemis qui ne devraient pas plus l’être et des anciens amis qui ne le sont plus . Dans ce domaine, Angela Merkel est en effet la championne toute catégorie. Lorsque la Russie a annexé la Crimée, elle a aussitôt réagi en imposant un embargo dont les premières victimes ne sont pas ce qui reste de grandes puissances européennes occidentales mais les populations d’Europe Centrale et Orientale, toujours dépendantes de cet immense marché qu’est le marché russe. Mais la Chancelière est tombée dans son propre piège en imposant la fin des énergies nucléaire et fossile sans avoir mesuré les besoins de son propre pays. Qu’elle le veuille ou non, le République Fédérale sera toujours dépendante de la Russie car elle ne pourra se passer du gaz russe pour assurer son développement. Dans son roman-réalité « 2054 – Putin decodiert », le politologue spécialiste de la Russie,  Alexander Rahr, rappelle que depuis plus de cinq siècles, les deux pays ont été toujours été forcés de travailler ensemble et le moment est venu, selon lui, que l’Allemagne choisisse son camp : soit elle se plie aux volontés de Donald Trump en acceptant les pressions qu’il exerce actuellement sur les sociétés coopérant avec l’Iran, soit elle cherche un terrain d’entente avec Vladimir Poutine pour que l’immense marché eurasien ne lui échappe pas.  On se rend  compte déjà que les sanctions exercées contre la Russie ont eu l’effet inverse de celui recherché car elles profitent à ceux dont ils sont la cible. Plutôt que d’affaiblir la Russie,  elles contribuent à moderniser ses structures dans des secteurs clefs de l’économie dont les plus emblématiques sont l’agriculture et l’industrie agroalimentaire. Que les Français, hier Hollande, aujourd’hui Macron, suivent au doigt et à l’œil ce qui leur est édicté par Berlin est extrêmement dangereux pour tous les pays européens. Selon le Wiener Institut für Internationale Wirtschaftsvergleich (WiiW), institut viennois qui ne se contente pas de publier des statistiques mais prend soin de les comparer, les exportateurs allemands ont perdu 14 milliards d’euros entre 2014 et 2016, les Français et les Italiens 3,7 milliards et la Pologne, la plus touchée comparativement à son Produit Intérieur Brut et au nombre de ses habitants, trois milliards. Voilà donc près de 25 milliards d’euros partis en fumée pour le seul plaisir de prouver que les Européens ont encore leur mot à dire. Grâce aux sanctions, les Russes se sont mis à fabriquer leurs propres fromages (*), ont réhabilité des sols en friches, relancé leur fabrication de machines agricoles et pu naturellement exporter sans contrainte leurs surplus de production en Chine.  En 2018, la Russie a importé deux fois plus de marchandises  chinoises qu’allemandes. Le jour où l’Empire du Milieu sera en mesure de garantir la même qualité que ses concurrents occidentaux, l’Union Européenne fera figure de nain face à l’Eurasie qui englobe non seulement les républiques de l’ex-bloc soviétique, mais aussi l’Inde et l’Indochine. Au manque de témérité et d’ambition européennes  aboutissant à une déconstruction d’une l’ Europe qui aurait pu aller de Brest à Vladivostok, Vladimir Poutine répond par l’édification d’un axe Moscou-Pékin qui a déjà relégué l’Union Européenne au second plan.  S’accrochant à leur fonction comme une tique sur la peau d’un chien, certains dirigeants s’imaginent qu’ils sont éternels. Or, chacun sait qu’il y aura un après-Trump, un après-Poutine et bientôt un après-Merkel.

Les salariés européens pris en otages

Grâce aux sanctions, des Lada bientôt autonomes  dans le ciel iranien ?

Cette prise en otages éphémère de dizaines de millions de personnes devient insupportable car elle généralise le mal-être et la peu de l’avenir. En se pliant aux volontés ou plus exactement au « diktat » du Président des Etats-Unis, en inventant un nouveau « machin » qui s’appelle Instex pour contourner les sanctions dont ils sont les complices, Emmanuel Macron et Angela Merkel se discréditent car ils permettent à leur ennemi Poutine de s’implanter là où Trump leur interdit de mettre les pieds. Les premiers à souffrir de cette stratégie douteuse seront les salariés de PSA et de Renault, ceux qui travaillent en France pour développer les  nouveaux modèles conformes aux impératifs écologiques, ceux qui les construisent de partout en Europe et notamment en Roumanie sous le label Dacia. Le 20 mars dernier, pendant qu’Emmanuel Macron causait avec ses cinq « garantes » et « garants » dont la moyenne d’âge est de 63 ans, le plus gros constructeur automobile russe , bientôt AvtoVAZ,  propriétaire de Lada annonçait son intention de s’implanter en Iran. A cause des  sanctions américaines, le nombre de voiture fabriquées a chuté, selon le ministère iranien de l’industrie, de 35%  passant de plus 1,2 million à 813.000 entre mars 2018 et janvier 2019. Renault a beau être actionnaire d’AvtoVAZ, il n’en demeure pas moins, avec 25% du capital, minoritaire. Le groupe français se trouve déjà dans une spirale infernale car il est pris en sandwich entre les sanctions américaines qui vont l’obliger à se familiariser avec la jonglerie  née de l’imagination merkelo-macronienne et l’expansionnisme russe  dont ces mêmes sanctions sont à l’origine. Et pendant ce temps que font les Chinois ? Ce qu’ils savent le mieux faire, ils observent et  grignotent les économies serbe, bulgare, slovaque,  tchèque et naturellement grecque, la plus facile à avaler car abandonnée par l’Union Européenne,   pour ressusciter leur route de la soie, que les dirigeants occidentaux semblent aujourd’hui découvrir alors qu’elle se prépare à la manière de Confucius depuis la mort de Mao. vjp

(*) Cf.  sur ce sujet notre article en date du 4 avril 2017, intitulé « Du fromage allemand fabriqué en Russie »

 

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