Von der Leyen soupçonnée de favoritisme

Allemagne/UE – Il est fort dommage que le mot nabab n’ait pas été féminisé, car il aurait été tout à fait approprié aux méthodes de la présidente de la Commission Européenne, Ursula von der Leyen, qui a annoncé, il y a déjà plusieurs semaines, qu’elle était partante pour un second mandat. Cette décision qu’elle aime assimiler à une forme de sacrifice au nom de la démocratie alors que chacun sait qu’elle est avant tout motivée par les innombrables avantages qui en découlent, commence toutefois à faire des vagues.

On a beau être sûr de soi, il n’est pas inutile d’être prudent et il est préférable, avant tout départ éventuel, de placer ses amis ce que n’a pas manqué de faire Ursula l’Européenne en nommant son ami chrétien-démocrate, Markus Pieper, un pilier de la CDU, au poste de délégué aux petites et moyennes entreprises dont un certain nombre d’entre elles sont très actives dans le secteur de l’armement. Lorsque l’on sait que cet homme est un fin connaisseur du lobbyisme, une discipline qu’il enseigne aux étudiants de l’université Wilhelm de Münster, on est alors en droit de s’interroger sur son intégrité. Bien que cette nomination ait été contestée par quatre commissaires européens, l’Espagnol Josep Borrell, le Français Thierry Breton, le Luxembourgeois Nicolas Schmit et l’Italien Paolo Gentiloni, Ursula est restée droite dans ses bottes et a refusé que la procédure de recrutement soit réexaminée, ce qui s’inscrit dans la logique étant donné que les différentes étapes du processus de la sélection ne sont pas rendues publiques ! Mais les méthodes pour le moins contestables d’Ursula von der Leyen, ne s’arrêtent pas à cette récente affaire de favoritisme.

Björn Siebert, un fidèle conseiller devenu temporairement encombrant.
Daniel Freund, un député qui ne plaisante pas avec l’éthique.

La double casquette d’un chef de cabinet

En effet, elle n’a pas hésité à recruter son propre chef de cabinet à la Commission, Björn Seibert, pour mener sa campagne aux élections européennes, ce qui est contraire aux règles de l’union, lesquelles stipulent expressément que les commissaires engagés dans une campagne électorale ne doivent pas utiliser les ressources humaines ou matérielles de la commission. Ce qui vaut pour les commissaires le vaut encore davantage pour leur présidente qui a été contrainte de mettre temporairement en congé son plus proche collaborateur. B.Seibert travaille officiellement au siège de la fraction PPE à laquelle appartient la CDU mais personne n’est dupe car chacun sait que la séparation entre ses fonctions d’hier et celles d’aujourd’hui est extrêmement floue. Les députés des autres groupes siégeant au Parlement de Strasbourg s’inquiètent de ce mélange des genres et le premier à s’en offusquer publiquement s’appelle Daniel Freund, membre des Verts, un compatriote de la présidente qui lors de son élection en 2019 souhaitait mettre en place une autorité d’éthique destinée à contrôler les fonctionnaires et les élus dans le cadre de conflits d’intérêts. « Les règles sont claires, a-t-il déclaré, aucune ressource de l’UE ne doit être investie dans la campagne électorale de Madame von der Leyen, donc pas de personnel non plus. Il est tout à fait normal que son personnel de campagne prenne un congé non rémunéré ». Ce « sacrifice » Björn Seibert l’assume d’autant mieux qu’il est déjà convaincu de la réélection de celle qui avait lourdement menti en 2019 en promettant transparence, intégrité et équité. kb

error: Content is protected !!