Un pro-russe à la tête de la Slovaquie

Slovaquie/Russie/UE – Bien qu’étant arrivé largement en tête au premier tour des élections présidentielles avec 42,5% des suffrages, l’ancien diplomate Ivan Korcok n’a pas pu renouveler cet exploit lors du second à l’issue duquel il a été largement distancé par son rival, le pro-russe Peter Pellegrini (notre photo) qui est parvenu à convaincre 53,26% des électeurs.

Le nouveau président de la République a été, dès l’annonce des résultats, chaleureusement félicité par le Premier Ministre Robert Fico, qui assimile cette victoire à une approbation par le peuple slovaque de sa propre politique. En effet, les deux personnages à la tête de la République Slovaque sont sur la même longueur d’onde sur la plupart des sujets et il est de fait peu probable que celui qui est censé représenter son pays à l’extérieur des frontières mette un frein à des décisions prises à l’intérieur. Que ce populiste pro-russe ait pu devancer son rival de plus de 200.000 voix sur un total de 2,6 millions de suffrages exprimés prouve à quel point la démocratie dans ces territoires du centre de l’Europe peut être fragile mais aussi à quel point sont hasardeuses les méthodes adoptées en occident pour la protéger.

Une réaction populaire sans effet notable

Les manifestations de masse qui ont été organisées en janvier dernier pour lutter contre une réforme de la justice conciliante à l’égard de la corruption mais contraignante à l’encontre des médias, n’ont eu aucun effet sur l’électorat qui a pris majoritairement pour argent comptant des promesses qui ne pourront être tenues qu’en se distançant de Bruxelles pour se rapprocher de Moscou. Peter Pellegrini et son acolyte Robert Fico parlent d’une même voix lorsqu’il est question de ne plus soutenir militairement l’Ukraine. Ils partent tous deux du principe qu’en armant leur voisin oriental comme le fait la majorité des pays de l’OTAN, ils exacerberaient le conflit. Cette prise de position leur permet de se présenter comme des apôtres de la paix et des partisans du compromis et des négociations avec le Kremlin. Dans quelques semaines vont se dérouler les élections au Parlement Européen mais lors de ce nouveau suffrage, il ne faudra pas s’attendre à une victoire fulgurante des pro-européens mais plutôt, comme il est de coutume dans ce pays à très faible taux de participation. Alors que les Slovaques ont à plus de 90% approuvé leur adhésion à l’EU, ils ne sont jamais plus que 23 à 25% à se déplacer pour choisir leurs représentants à l’assemblée strasbourgeoise. Cette abstention à grande échelle laisse supposer que la population slovaque demeure foncièrement sceptique à l’égard des institutions européennes. Il semblerait même que l’intégration dans la zone euro, loin de la rassurer, l’a profondément déçue. Toutefois, l’euroscepticisme des Slovaques ne dissuade pas la gente politique d’entrer dans la bataille. Le scrutin du 8 juin prochain, reflétera le morcellement politique d’un pays où siège un parlement doté de 140 sièges occupés par les représentants de huit partis aux visions diamétralement opposées. A l’instar de ce qui se produit dans la plupart des pays membres de l’Union, apparaissent au grand jour lors de ce scrutin des personnages têtes de liste souvent méconnus du grand public, sans réel charisme et sans programme crédible. Dans ces conditions, il ne faudra par conséquent pas s’étonner que l’électorat boude les urnes. On en a eu la confirmation le week-end dernier. Peter Pellegrini a été certes élu à une forte majorité des suffrages exprimés mais il n’est pas inutile de rappeler que près de 40% électeurs ont préféré vaquer à leurs occupations habituelles plutôt que de se rendre aux urnes. Une victoire certes mais relative assurément. ls & vjp

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