Voitures électriques: une utopie « Made in Germany »

Allemagne – Depuis sa nomination à la tête du gouvernement, Olaf Scholz tente de rassurer ses concitoyens, inquiets de la désindustrialisation de leur pays, en misant sur le succès programmé des voitures électriques. A maintes reprises, il a évoqué le nombre de quinze millions d’immatriculations de véhicules 100% électriques d’ici 2030, soit près de deux millions par an. Mais cet objectif est totalement utopique si on se base sur les dernières statistiques de l’Office Fédéral pour la Circulation, selon lequel seules 1,41 million de voitures de ce type circulaient l’an dernier sur les routes allemandes, soit une sur trente cinq.

L’an dernier les constructeurs automobiles, toutes marques confondues, ont écoulé 400.000 véhicules, soit seulement 5.000 de plus qu’au cours de l’année précédente. Cette très faible hausse est due à la suppression de la prime à l’achat d’un véhicule électrique instaurée par les précédents gouvernements pour dynamiser le marché. En ce  qui concerne les véhicules hybrides, censés être une étape pour un passage au tout électrique, ils n’ont pas, eux aussi, atteint leur objectif. On n’en dénombrait que 922.000 , ce qui porte le nombre total de voitures vertes ou semi-vertes à 2,33 millions, soit un véhicule sur vingt et un en circulation.

Elon Musk sur le chantier de sa Gigafactory en Allemagne où plus de 160.000 Tesla ont été vendues en 2023, soit deux fois moins que Volkswagen mais deux fois plus que BMW.

Un symbole d’inégalités sociales

Les sociaux-démocrates et les Verts actuellement au pouvoir ont beau se présenter comme de fervents partisans de l’égalité sociale, force est de constater que dans le domaine de la mobilité privée, ils sont loin de respecter leur engagement. Plus du tiers des véhicules vendus sont en effet des SUVs, ces grosses cylindrées, symboles de richesse qui encombrent les rues et surchargent les parkings. Bien que les constructeurs s’efforcent de fabriquer leurs véhicules à moindre coût, un véhicule 100% électrique demeure malgré tout toujours un luxe que seules les populations socialement privilégiées peuvent s’offrir. Le rouler électrique exacerbe la fracture sociale dans le pays car c’est dans les régions les plus riches qu’il prospère. Plus le produit intérieur brut par habitant est élevé, plus la part de marché du parc de voitures électriques est élevé, tout en demeurant extrêmement modeste. C’est le cas notamment du Hambourg (3,7%), de la Hesse (3,4%) et du Bade-Wurtemberg (3,3%). En revanche, cette même part de marché est dérisoire dans les länder de l’est du pays. Elle s’élève à 1,5% dans la Saxe, à 1,4% dans le Meklembourg-Poméranie et à seulement 1,3% dans la Saxe-Anhalt. Mais le coût nettement supérieur à la moyenne n’est pas le seul frein à la généralisation du tout électrique. Les consommateurs sont habitués depuis des années à un nombre impressionnant de marques, de modèles, de gammes et d’options, ce qui n’est pas encore le cas avec les véhicules électriques. Sur la base des 698.000 dernières immatriculations, 33,9% étaient estampillées Volkswagen, 23,5% Tesla, 17,2% Renault, 13,3% Hyundai et 12,2% BMW. L’époque où les Allemands plébiscitaient à une forte majorité les véhicules construits chez eux semble révolue. kb

 

 

 

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