Les voitures chinoises vont-elles inonder l’Europe ?

Allemagne/Chine/UE -Un cargo chargé de plus de cinq mille véhicules électriques a quitté le port de Shenzhen, situé dans le sud de la Chine, à destination de l’Europe et plus particulièrement de l’Allemagne. Le navire, propriété du constructeur de voitures électriques BYD peut transporter jusqu’à sept mille véhicules. Le fabricant automobile envisage de se doter d’ici deux ans de sept autres navires, ce qui lui permettra, à raison de trois rotations chacun, d’exporter sur le Vieux Continent plus de 165.000 véhicules.

Selon le chef de l’association chinoise des voitures particulières, Cui Dongshu, cette stratégie a pour objectif « de réduire les coûts de transport et de rendre ainsi le chaîne industrielle vraiment contrôlable et autonome. »

Maîtriser la production de A à Z

Faut-il s’attendre dans un proche avenir à une marée de voitures chinoises sur le marché européen ? La question, à défaut de pouvoir y répondre dans l’immédiat, mérite d’être posée car BYD n’est pas le seul fabricant à agir de la sorte, il est imité par son concurrent Saic auquel est associé le groupe Volkswagen et par l’entreprise publique Cherry. Le premier a déjà fait partir son propre cargo en direction de l’Allemagne avec 3.700 véhicules à bord. Le fait de posséder leurs propres navires est assorti pour les constructeurs de multiples avantages dont le non des moindres est le contrôle de A à Z de la chaîne de production et de distribution mais aussi la fin des restrictions susceptibles de s’appliquer dans le cas de transports par d’autres fournisseurs. Les bateaux appartenant aux fabricants transportent des voitures, rien que des voitures. Si on se fie aux médias officiels et spécialisés dans l’industrie automobile, la Chine a exporté l’an dernier plus de 1,2 million de voitures, soit une hausse de 78% (!) par rapport à l’exercice précédent. Toutefois, l’Allemagne ne fait toujours pas partie de ses marchés les plus porteurs. En effet, le nombre de voitures chinoises qui y ont été immatriculées a beau avoir augmenté, en 2023, de 47%, il ne représentait que 33.699 unités, soit 6,7% des nouvelles immatriculations de véhicules électriques.

Modèle BYD Yang Wang 9 Electric : qui aurait s’imaginer, il y a peu, que la Chine serait en mesure de construire des modèles de ce type ?

Stratégie européenne : punir plutôt que réfléchir

Cette situation ne devrait toutefois pas durer éternellement car les Chinois ont cette méthode qui leur est familière et qui consiste à avancer prudemment pas à pas, ce qui leur permet de longuement réfléchir et d’observer avant d’agir. Une fois arrivées dans les ports, les voitures sont dispatchées sur tout le territoire et exposées non pas dans des zones industrielles mais dans des show-rooms ouverts au cœur des grandes villes afin d’attirer au mieux l’attention de la clientèle potentielle. Cette stratégie commerciale qui s’inspire de celle de Tesla, a pour objectif de se débarrasser de cette image bon marché qui, d’atout est devenue un handicap. Or, il s’avère que la plupart des modèles chinois sont , sur le plan technologique, comparables à ceux fabriqués en Europe. Pour évaluer les effets de la concurrence qui s’annonce entre les constructeurs automobiles de l’Extrême-Orient et les fabricants européens, le Commission Européenne a diligenté une première enquête anti-subvention sur les fabricants chinois de voitures. Les résultats provisoires sont attendus pour la mi-juillet mais il n’est à exclure que l’Europe, à l’instar des Etats-Unis, instaure des droits de douane tellement élevés qu’ils dissuaderaient l’Empire du Milieu de s’infiltrer sur le marché européen de l’automobile. Mais cette méthode punitive à laquelle recourt systématiquement la commission bruxelloise lorsqu’elle est dans l’incapacité de trouver d’autres solutions n’est pas sans danger car elle risquerait de détériorer toutes les relations commerciales existantes entre les deux continents. Par ailleurs, la construction de véhicules électriques est l’un des seuls secteurs à s’être, par nécessité, mondialisé du jour au lendemain. Imposer des droits de douane excessifs pénaliserait en premier lieu tous les fabricants européens de batteries qui remplissent leur carnet de commande grâce aux industriels chinois. Enfin, il n’est pas inutile de rappeler que la Chine ne fait pas seulement partie des pionniers dans ce secteur, elle a acquis un savoir-faire qui n’a plus rien à envier à ses concurrents. kb

 

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