Voitures électriques : les Allemands demeurent sceptiques

Allemagne – Chaque année, l’Académie Allemande des Sciences Techniques (Acatech) se fait un devoir de commander à l’institut Allensbach une étude d’opinion sur la perception qu’ont les consommateurs à l’égard de la mobilité. Malgré les budgets colossaux qu’investissent les constructeurs automobiles pour promouvoir leurs modèles électriques, les acheteurs potentiels demeurent de plus en plus réservés.

Seuls 44% des personnes interrogées estiment que le passage au tout électrique des voitures particulières conduira à une diminution significative des émissions de C02 dans l’atmosphère, soit 17% de moins qu’en 2022. Selon Renate Töpfer, directrice générale de l’institut Allensbach « ces résultats montrent comment les crises et les débats sociaux affectent les pensées et les actions des citoyens. Après le déclenchement de la guerre en Ukraine en 2022 et la pénurie d’énergie, l’inflation et les problèmes économiques qui en ont été la conséquence, la protection du climat et la promotion des énergies renouvelables ont été partiellement reléguées au second plan ». Cette constatation ne signifie pas pour autant que les Allemands se désintéressent du dérèglement climatique mais 62% d’entre eux estiment toutefois  que d’autres voies seraient mieux adaptées, tels le développement des transports publics locaux et le réorientation du trafic de marchandises vers le rail ou les vois navigables.

Thomas Weber, président d’Acatech, plaide pour davantage de compétitivité.

Seuls 17% d’acheteurs potentiels

L’argument publicitaire qui consiste à assimiler l’acheteur d’un véhicule électrique à une personne responsable et soucieuse de l’environnement ne passe plus. Ils ne seraient actuellement que 17% à envisager l’acquisition de ce type de voiture ; soit 7% de moins qu’en 2020, année au cours de laquelle tous les constructeurs misaient sur ce créneau. « Cette enquête 2024 montre clairement que de nombreuses personnes en Allemagne ont besoin de plus amples informations sur le thème de la mobilité électrique » commente Thomas Weber, président d’Acatech avant de poursuivre « interrogées sur le temps de recharge estimé d’une batterie , près de 50% n’ont pu fournir aucune information». Il semble par ailleurs que tous les progrès réalisés en matière d’infrastructures de recharge et d’autonomie sont passés inaperçus auprès de la population et « nous avons besoin de toute urgence de nouveaux efforts conjoints pour fournir aux citoyens les connaissances nécessaires pour se forger une opinion fondée ». Il est évident que tout progrès technologique n’est apprécié des consommateurs que si ces derniers y trouvent un avantage, sur le plan pratique ou financier. Le plus bel exemple venant à l’esprit est la généralisation des écrans plats pour ordinateurs ou télévisions qui se sont révélés fiables tout en garantissant une meilleure qualité du son et de l’image. Or, il en va tout autrement des voitures électriques qui demeurent toujours chargées d’inconnues. Elles sont chères à l’achat et encore plus coûteuses à réparer car elles nécessitent une main d’oeuvre hautement qualifiée. De ce handicap, les marques allemandes risquent d’en être les premières victimes. En effet, si on se fie aux résultats de l’enquête, 48% des personnes interrogées se soucient peu ou pas du tout de savoir si leur voiture électrique provient ou non d’un constructeur allemand. Si cette préférence nationale, qui a toujours contribué à la force économique du pays, vient à disparaître, la porte sera alors ouverte à tous les concurrents et, pour reprendre le constat de Thomas Weber, « cela montre clairement le nécessité d’agir dans le domaine de la compétitivité chez tous les acteurs impliqués dans la transformation industrielle allemande » kb & vjp

 

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