L’énergie solaire face aux incohérences européennes

Allemagne/Suisse/Chine/EU – Lorsqu’en juillet 2023, les cinq cents salariés de la filiale allemande du groupe suisse Meyer Burger ont appris que leur entreprise avait été retenue par la commission européenne en vue de l’obtention d’une aide de 200 millions d’euros, aucun d’entre eux ne se serait imaginé qu’il allait à peine un an plus tard se retrouver au chômage.

Gunter Erfurt, dg de Meyer Burger Allemagne, a vécu une expérience pour le moins amère !
Dirk Neubauer : le parti libéral a rendu vains ses aller et retour Freiberg Berlin.

Pendant des mois, les autorités régionales et fédérales ont loué les vertus de la société suisse qui était parvenue à convaincre les « experts » européens d’inscrire leur technologie de production de panneaux photovoltaïques dans le projet HOPE (Production de modules photovoltaïques terrestres à haut rendement en Europe), destiné à la décarbonisation et à la transformation de l’industrie. Pour concrétiser ce programme HOPE, la commission de Bruxelles disposait d’un fonds de 3,6 milliards d’euros (!), volume provenant des revenus de la vente de certificats de C02 dans le cadre du système d’échange de quotas d’émission de l’Union Européenne. Sur les 239 postulants qui espéraient obtenir une part du gâteau, seuls 41 furent retenus, dont le groupe suisse et sa filiale implantée à Freiberg, ville de quelque 40.000 habitants, située dans la Saxe. Toutefois, cette manne financière n’a pas suffi pour concurrencer les produits chinois qui avaient déjà envahi le marché allemand. Bien qu’il ait demandé au gouvernement fédéral de « créer des conditions de concurrence équitables », le directeur général de Meyer Burger, Gunter Erfurt, s’est retrouvé face à un mur d’incompréhension. Celui qui s’honorait de diriger une entreprise modèle sur le plan social a été victime des dissensions au sein même de la coalition au pouvoir avec d’un côté un ministre de l’économie, Robert Habeck, membre de l’Alliance / les Verts disposé à soutenir des fabricants européens refusant d’utiliser des substances toxiques et garantissant un degré élevé d’efficacité (*) et de l’autre un ministre des Finances, Christian Lindner, membre du parti libéral qui ne cesse de considérer les subventions, lorsqu’elles ne sont plus européennes, comme une entorse au marché.

Les libéraux ou les fossoyeurs du solaire

En se comportant de la sorte, le FDP a coupé cours au programme de construction accélérée de grandes et petites installations solaires par exemple sur les toits et balcons des maisons en Allemagne. Moralité, le groupe suisse a fait le choix de délocaliser sa production aux Etats-Unis où il a été naturellement accueilli, grâce à ses technologies de pointe, les bras ouverts. Ce déménagement forcé outre-atlantique qui laisse sur le carreau plusieurs centaines de salariés a provoqué un choc à Freiberg mais aussi dans tout le land de Saxe dont les habitants ne comprennent plus rien à la politique menée à Berlin et à Bruxelles. Le président du district de Freiberg, Dirk Neubauer, un ancien membre du parti social-démocrate, aujourd’hui (et pour cause!) sans étiquette s’est battu, en collaboration étroite avec Gunter Erfurt pour qu’une solution soit trouvée afin d’éviter le pire. Lorsqu’une entreprise à l’instar de Meyer Burger est leader dans son domaine et qu’elle renonce à un site, c’est ce dernier qui en subit les conséquences. Il est évident que la présence d’un groupe étranger exemplaire sur les plans technique et organisationnel est le meilleur argument pour séduire et attirer d’autres investisseurs, surtout dans un secteur aussi porteur que peut l’être l’industrie du solaire. Après avoir fait à plusieurs reprises le voyage à Berlin pour défendre les intérêts de son district, Dirk Neubauer s’est retrouvé chaque fois face aux contradictions de la coalition mais le conclusion qu’il en tire est sans appel : « les seuls qui ont fait obstacle sont les représentants du FDP ». kb & vjp

(*) Les panneaux solaires fabriqués par Meyer Burger sont conçus pour convertir en électricité 20% de soleil en plus que des produits comparables pour la même surface. Toutes le variantes de modules se caractérisent par une longévité nettement supérieure à la moyenne de l’ordre de 25 à 30 ans. Par ailleurs, le fabricant a mis un point d’honneur à finaliser des produits 100% européens. Le silicium provient entièrement d’Europe tout comme le verre fabriqué majoritairement à Cottbus dans le Brandebourg. Tous les panneaux solaires sont par ailleurs garantis 100% recyclables . La plus grande frustration que vivent les salariés de la société provient du fait que ce sont désormais les concurrents chinois qui vont profiter de la logistique mis en place par leur ancien employeur, qu’il s’agisse des clients finaux, des fournisseurs, installateurs et réparateurs.

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