Un nouveau président tchèque très bien élu

Petr Pavel, 2ième président tchèque élu au suffrage universel : un style et une pensée politique à l’opposé de son prédécesseur Milos Forman.

République Tchèque – Au lendemain du premier tour de l’élection présidentielle tchèque, il était acquis que Petr Pavel allait devenir le quatrième président de la République, le second élu au suffrage universel. Se présentant comme candidat indépendant, ce qu’il n’était pas réellement étant donné qu’il avait le soutien des quatre partis en fonction au gouvernement, Petr Pavel a profité, vendredi et samedi derniers, du ralliement à son programme de la plupart des candidats en lice au premier tour.

Un report des voix sans surprise

Arrivé en tête le 14 janvier avec seulement 24.800 voix d’avance sur l’ancien premier ministre Andrej Babis, l’ex-général Pavel a bénéficié de l’intérêt des Tchèques pour cette élection qui s’est concrétisé par une très forte participation (plus de 70%) et d’un report sans faille des suffrages en sa faveur. Le résultat final est sans appel et il apparaît aujourd’hui comme le président de la République le mieux élu de toute l’Europe Centrale. Il faut noter que son rival Babis a commis toutes les bévues pour qu’il en soit ainsi. L’ancien chef de gouvernement a commencé par critiquer le soutien apporté à l’Ukraine puis s’est mis à instrumentaliser le passé militaire de son concurrent tout en occultant sa propre carrière en tant qu’informateur pour le sécurité de l’Etat tchécoslovaque (StB). Ce genre de règlement de compte à l’égard duquel Petr Pavel a su rester à l’écart, a créé un climat délétère dont le population aurait préféré se passer. « Nous avons vécu une campagne électorale très désagréable » a déclaré à ce propos le 1er Ministre Petr Fiala avant de poursuivre « peut-être la pire de l’histoire moderne le République Tchèque ». Andrej Babis a annulé par ailleurs un certain nombre de ses apparitions publiques sous prétexte qu’il aurait reçu des menaces de mort et à la veille des élections du premier tour une fausse information s’est répandue prétendant que Petr Pavel était décédé. Au fil des jours, les électeurs ont pris conscience qu’Andrej Babis était en réalité aux abois. Il espérait retrouver une stature d’homme politique en se rendant à l’Elysée pour s’entretenir avec Emmanuel Macron mais cette rencontre, très mal appréciée par les Tchèques s’est retournée contre lui. Plus la campagne avançait, plus Babis était assimilé à un Donald Trump, un Viktor Orban ou à un Silvio Berlusconi. Alors qu’à la mi-janvier, Petr Pavel marchait encore sur des œufs, quinze jours plus tard il a pu fouler du pied un tapis de velours. Bien que son rôle soit davantage honorifique que stratégique, le nouveau Président en tant que chef des armées et ancien-général de l’OTAN, a acquis, grâce à son éclatante victoire (58,32%), une légitimité internationale, surtout dans le cadre de la guerre en Ukraine dont l’épilogue est entre les mains de personnes qui ignorent comment fonctionne un char de combat, ce qui est naturellement pas son cas. Sa victoire était à peine confirmée que Petr Pavel a lancé un appel à ses compatriotes pour « résoudre les problèmes ensemble en tant que communauté. » Selon le nouveau président, le moment est venu de « mettre une terme aux crises auxquelles le pays a été confronté ces derniers temps. » Bien qu’il soit étiqueté « conservateur » ou « centriste de droite », le nouveau président tchèque se situe à l’opposé de son prédécesseur, le populiste Milos Zeman. Il plaide pour un rattachement sans faille à l’occident, pour le mariage pour tous, pour la protection de l’environnement et pour la poursuite des aides à l’Ukraine. Sa victoire a été immédiatement saluée par la Présidente de la République slovaque, Zuzana Caputova, qui est sur le même longueur d’onde sur la plupart des sujets, ce qui n’est naturellement pas le cas des présidents polonais et hongrois, tous deux porte-parole de gouvernements foncièrement populistes. ls

 

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