Travailleurs détachés ou le combat permanent contre l‘injustice

Peter Altmaier, chef de la CDU à la Chancellerie allemande

France/UE – Quelques jours avant que les textes encadrant la loi du travail en France ne soient définitivement adoptés, Emmanuel Macron s’attèle à un dossier encore plus sensible parce qu’il ne concerne pas seulement l’Hexagone mais l’Europe toute entière qui compte en sein ce qu’on appelle pudiquement  les « travailleurs détachés » . L’initiative du président français de se rendre en Autriche, Roumanie et Bulgarie est certes louable et prouve qu’il prend la « chose » au sérieux, mais elle est surtout contestable car il a occulté les quatre pays qui sont les plus concernés par le dossier, en l’occurrence la Pologne, la République Tchèque, la Slovaquie et la Hongrie.

E. Macron s’est vraisemblablement tenu à distance de ces territoires car leurs dirigeants ont la fâcheuse tendance de flirter avec les thèses populistes. Pas de quoi réchauffer l’atmosphère bruxelloise ! Si on lit les analyses et commentaires rédigés à l’occasion de cet événement,  on apprend que les pays de l’ouest européen « voient dans le travail détaché une forme de dumping social » . En voilà un argument qui l’est bon, comme aurait dit un humoriste, qui nous manque de plus en plus pour remettre les choses à leur place ! Parler des pays de l’ouest, est une première erreur, car il faut réduire le périmètre à la France qui est finalement le seul pays de l’Union à ne pas savoir maîtriser les migrations politique et économique. Il serait en effet temps de regarder les choses en face et d’admettre qu’il est tout à fait normal que des personnes fuient leur pays pour sauver leurs vies comme il est tout autant compréhensible qu’elles s’en éloignent lorsqu’elles n’ont plus les moyens de se nourrir, de se soigner encore moins de se former. Malgré le renouveau qu’elle vient de vivre, la France continue d’avoir peur de ces étrangers qui ne demandent qu’une seule chose, légitime, pouvoir protéger leurs familles. Il est indécent d’accuser les travailleurs détachés de provoquer le « dumping social », lorsque des groupes occidentaux, dont les français et les allemands, le cautionnent. Y-aurait-il autant de travailleurs roumains à l’ouest si le groupe Renault-Nissan rémunérait les salariés de Dacia au même barème ou presque que ceux de Renault en France ? Assurément pas. Que dire des travailleurs de Skoda , de Mercedes et d’Audi en République Tchèque, Slovaquie et Hongrie qui, non seulement sont moins payés que leurs collègues allemands, mais risquent de faire les frais des turpitudes des maisons-mère. Naturellement, accepter les migrants économiques n’est pas simple dans un pays confronté, à l’instar de la France, à un trop fort de chômage mais il faudra toutefois, un jour, s’y résoudre. Peter Altmaier, chef chrétien-démocrate de la Chancellerie allemande,  en est conscient et plaide pour que les politiques de migration soient en adéquation avec les besoins des sociétés. Il propose la création à l’échelon européen d’une loi protégeant les droits des forces actives migrantes, partant du principe que chacun, d’où qu’il vienne, peut contribuer au bien-être de tous.  Eriger des hotspots à proximité des zones de conflits est peut-être rassurant à court terme mais s’avère vain sur la durée.   La France est bien placée pour le savoir. En pleine cœur de la guerre en Bosnie, un de ses philosophes star lançait des appels humanitaires. Il a été partiellement écouté, la paix est revenue mais demeure fragile et certaines régions, dont le Kosovo,  se trouvent toujours dans un état de misère et de détresse absolu. Le philosophe en question, singulièrement on ne l’entend plus, alors que le combat contre l’injustice ne fait que commencer ! Harmoniser les législations sociales des pays de l’Union Européenne ne suffira pas, loin s’en faut, car le vrai problème ne vient plus des travailleurs détachés qui se « promènent » sur le Vieux Continent mais des millions de gens qui sont forcés de les rejoindre. Vital-Joseph Philibert

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