Reconfinement exclu en Hongrie

Hongrie/Allemagne/ UE –  Il faut, hélas, toujours attendre l’arrivée d’une crise sanitaire pour que l’intelligence, le savoir-faire et le génie des scientifiques soient reconnus à leur juste valeur. Si, d’une manière générale, la science n’intéresse pas (ou très peu) le grand public, c’est parce que les médias à fort tirage ou à large audience, ne traitent plus son actualité. Pratiquement tous les animateurs d’émissions et tous les journalistes qui sont rémunérés pour transmettre le savoir sont diplômés d’institutions qui, l’instar de Sciences Po, traitent de tout sauf de science. Tous privilégient la forme au fonds, le superficiel à l’authenticité et la petite phrase qui tue la carrière d’un politique au détriment du projet qui lui a permis d’être élu. Cette distance et ce mépris à l’égard des projets et découvertes scientifiques se sont exacerbés avec l’arrivée des réseaux sociaux qui ont un double effet pervers, parce qu’ils permettent à de faux experts de s’exprimer et à de vrais scientifiques de devenir des stars d’un jour, ce qu’on pourrait appeler en France le phénomène Raoult.  Quelle plus belle aubaine pour un chercheur qui n’a jamais été reconnu qu’un virus insolite et dangereux lui permettant de proclamer haut et fort qu’il avait raison avant tout le monde. Depuis plus de quatre mois on voit défiler  sur les plateaux de télévision des personnes qui ont « leur » point de vue. Certains sont franchement pessimistes, d’autres moyennement optimistes mais aucun n’est vraiment objectif. Les certains nous font peur en nous parlant d’une seconde vague mais se gardent bien de préciser qu’on n’a jamais pu mesurer, à défaut de tests, la première,  les autres nous recommandent le port d’un masque, une mesure de protection à laquelle ils ne croyaient pas vraiment il y a à peine deux mois. C’est dans ce climat d’incertitude que les dirigeants ont pris l’initiative de décréter le confinement généralisé, guidé par la peur plutôt que par le réalisme. Mais singulièrement, alors que cette mesure a été levée depuis plusieurs semaines la plupart des pays n’a pas jugé utile de faire un bilan de la pandémie alors que tous les outils d’études statistiques existent pour le dresser. On sait évaluer le nombre de chômeurs qui vont rester sur le bas côté de la route à partir de la rentrée, mais on ne saura toujours pas si les personnes décédées depuis le début de la crise sanitaire sont passées de vie à trépas à cause du virus ou pas. La Hongrie, ce pays dont on veut nous faire croire qu’il serait totalitaire voire dictatorial, semble être le seul à avoir su prendre du recul. En collaboration avec le bureau national des statistiques, ont été recueillies et étudiées à la loupe les données des quatre plus grandes universités de médecine du pays. La synthèse de cette étude a été présentée par le recteur de l’université Semmelweis de Budapest, une des seules en Europe à assurer ses cours en hongrois, allemand et anglais, à la chaîne de télévision ATV.

Bela Merkely (notre photo) a tenu d’emblée à préciser que le coronavirus avait « montré une activité étonnamment faible lors de la première vague avec seulement 56.000 personnes infectées ». Grâce à la multiplication des tests, une légère hausse a été constatée mais ce ne sont pas les 4.500 nouveaux cas détectés qui remettront en cause le déconfinement. B.Merkely a insisté sur le fait que les effets du virus avaient été très localisés. A côté de la capitale, le plus grand nombre des quelque  600 décès n’a concerné que  quatre comtés (Pest, Fejér, Komárom-Esztergom et Zala), dans douze autres le virus a été fatal à moins de dix personnes et dans trois   (Békés, Hajdú-Bihar et Vas) aucune disparition due au virus n’a été enregistrée. Au mois de juillet, seules dix personnes en sont mortes mais aucune au cours des deux dernières semaines. Même en cas de deuxième vague, qui « n’est pas à exclure, il n’y aura pas de confinement »  a précisé le recteur.

Des infectés prédisposés

Les résultats d’une autre étude, réalisée cette fois-ci en Allemagne, portant elle aussi sur des données chiffrées, et qui ont été relayés par le magazine de référence The Lancet, se révèlent d’autant plus enrichissants qu’ils portent sur les prédispositions à l’infection des personnes hospitalisées. Effectuée en collaboration avec la caisse d’assurance maladie AOK sur un échantillon représentatif non pas de 1.000 mais de 10.000 patients, elle prouve que le coronavirus frappe en priorité les personnes hypertendues (56%), diabétiques (28%), cardiaques (27%) ou obèses (6%). Sur les 29% de personnes âgées de 18 à 59 ans, toutes étaient concernées par au moins une de ces prédispositions. Cette étude n’a pas pu, à cause du secret médical, préciser si les personnes concernées  avaient été hospitalisées à cause du corona ou de la pathologie dont elles étaient porteuses. Dans cette seconde hypothèse, il est alors fort possible qu’elles en aient été atteintes lors de leur hospitalisation. Il serait par ailleurs  fort intéressant qu’au moins un comité scientifique s’interroge à savoir, si les patients sous trithérapies sont moins, autant ou davantage touchés par le corona. En effet, à l’instar du Covid 19 à l’heure actuelle, il n’y a toujours pas de vaccin éradiquant le VIH, virus qui, lui aussi, s’attaque à plusieurs organes et plus particulièrement les poumons et le cerveau. (Source : Budapester Zeitung / Adaptation en français : pg5i/vjp)

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