Mise au point sur une stratégie éditoriale

France/Ukraine/UE – Quelle que soit l’issue du conflit opposant la fédération de Russie à l’Ukraine, une certaine presse occidentale et plus particulièrement certaines chaînes d’informations en ligne diffusées sur le territoire français, n’en sortiront pas grandies. Personnellement, je n’ai jamais pu regarder plus de dix minutes d’affilée BFM Tv, car je trouvais scandaleux qu’on puisse à ce point jouer de la détresse d’un peuple pour faire du sensationnel, rediffuser à l’envi des images chocs dans le seul but de faire de l’audience et de générer des recettes publicitaires.

Le plus indécent des spots diffusés au moment même où le Donbass était bombardé concernait ce programme minceur « comme j’aime » qui tend à mobiliser tous les réseaux surtout avant l’été ; période où il ne faut pas être trop gros pour ne ne pas être trop complexé sur les plages de Saint-Tropez.

Pour revenir aux bombardements, on avait l’impression que toutes les bombes avaient atterri au même endroit. Passons sur les commentatrices et commentateurs, toutes et tous tiré(e)s à quatre épingles et qui, audience oblige, ont été obligé(e)s de se faire plus beaux que d’habitude. Ce n’est pas tous les jours qu’il y a des guerres, surtout en Europe où depuis des décennies on dépense chaque année des milliards d »euros pour prétendument garantir la paix. A ce propos, il n’est venu à l’idée de personne et d’aucune chaîne d’inviter sur un plateau une personne suffisamment compétente susceptible de nous expliquer en détail pourquoi on en est arrivé là, pourquoi la guerre n’a pas pu être évitée et surtout pourquoi cette guerre s’est déclarée au nez et à la barbe de deux peuples prédestinés à s’aimer et non à se déchirer.

Certains de nos lecteurs ont été étonnés et souvent aussi déçus que nous n’ayons pas «couvert» cette actualité alors que notre site était, davantage que tout autre, voué à le faire. Ce silence, il a été volontaire, car nous sommes partis du principe que le rôle de la presse ne consiste pas à commenter les conflits militaires, à compter les morts et les blessés mais à tout mettre en œuvre pour les éviter. Or, dans le cas qui nous concerne actuellement, la presse, d’une manière générale, n’a pas rempli le mission qu’on était en droit d’attendre d’elle. Tout s’est passé comme si la politique annexionniste de la Fédération de Russie ou plus exactement de ce qui reste de l’ex-URSS était une nouveauté, ce qui n’a jamais été le cas et qui ne le sera peut-être jamais, car ce n’est pas en trente ans qu’on cicatrise les plaies ouvertes par un demi siècle de communisme.

Ce qui est le plus horripilant à l’écoute des commentateurs français, est cet amalgame incessant entre la Russie et la Fédération du Russie, dont Vladimir Poutine est le président. Faut-il le rappeler ?  Poutine n’est pas le président de la Russie, mais celui de 21 Républiques. Ce n’est pas se faire l’avocat du diable que de déclarer que sa mission est tout sauf aisée et qu’elle s’inscrit dans la continuité de celle de ses prédécesseurs ; laquelle a toujours consisté à éviter que les pays membres de l’OTAN viennent grignoter des territoires à proximité de leurs frontières.

Ce qu’on oublie en occident et plus particulièrement en France est le fait que les habitants de la fédération de Russie vivent toujours avec leur histoire car d’une part ils en assument encore à ce jour les séquelles, d’autre part parce que le libéralisme n’a pas tenu les promesses qu’ils en attendaient.

Le conflit qui oppose l’Ukraine à la Fédération de Russie n’est pas, par conséquent, un conflit militaire classique entre deux territoires. Il est né et reste conditionné par de multiples critères que seules des personnes connaissant parfaitement les deux belligérants peuvent comprendre et analyser.

Notre site n’enverra pas par conséquent d’envoyé spécial à Kiev d’une part parce qu’il n’en a pas les moyens, d’autre part parce qu’il n’en a pas besoin. Grâce à ses partenaires implantés sur place, nous serons en mesure de sélectionner les informations qui nous semblent les mieux appropriées pour comprendre ce conflit, sortir le bon grain de l’ivraie et surtout, surtout, éviter les amalgames.

Il est des moments dans l’histoire où il faut savoir prendre du recul plutôt que d’émoustiller les foules à des fins mercantiles.

Vital-Joseph Philibert

Rédacteur en chef

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