Les organisateurs d’une « Pride-Parade » en Roumanie y renoncent

Roumanie – Les membres de la communauté LGBT d’Orodea, la neuvième ville de Roumanie située à l’ouest du pays à proximité de la Hongrie, ont décidé de renoncer à la « Pride-Parade » qui aurait dû avoir lieu du 7 au 13 août et au cours de laquelle de nombreuses manifestations étaient programmées.

S’ils ont préféré prendre cette décision, c’est à cause des milliers de messages s’y opposant qui ont circulé sur les réseaux sociaux. Les instigateurs de cette campagne de dénigrement sur Internet sont les responsables des églises, toujours en mesure de faire la pluie et la beau temps sur la société roumaine (1). Parmi ces dernières, la plus dynamique est celle qui regroupe les Pentecôtistes qui est parvenue à mobiliser six autres confessions pour envoyer à la population une lettre commune dans laquelle elles expliquent leurs motivations.

« Remettre la tête à l’endroit » !

Dans ce texte qui complète une pétition ayant recueilli plus de 9.000 signatures, elles se justifient en déclarant que « nous respectons l’être humain et la personne dans son intégralité , n’encourageons pas la haine envers les personnes ayant une orientation différente et nous ne voulons pas humilier ceux qui ont des opinions différentes des nôtres, ni restreindre la liberté de qui que ce soit ». Elles estiment néanmoins qu’il est nécessaire « de tracer quelques limites claires de normalité, de défendre la dignité et l’intégrité de l’être humain et de nous assurer que les philosophies de vie de la majorité décente et écrasante ne soient pas invalidées par des intérêts et des intentions étrangers à la vérité, au bien et au beau que nous recherchons tous pour nos enfants et nos descendants. » Jouant la corde sensible en évoquant les conséquences que peuvent avoir les discours LGBT sur la jeunesse, les représentants des églises poursuivent : « Il est naturel et évident que les enfants bénéficient de conditions aussi inaltérées que possible pour un développement psychosomatique sans intervention idéologique et que leur innocence soit préservée. Ceci est un message et un appel à la confession pour tous les chrétiens qui sont appelés à confesser la vérité. Personne n’est dispensé de la responsabilité de l’avenir de nos enfants et de nos jeunes. Aujourd’hui, ce n’est pas notre tête qui est sollicitée, mais le fait que nous la remettions à l’endroit ». Les propos contenus dans ce texte chargé de sous-entendus à la limite de l’homophobie ont été relayés par toutes les associations agissant dans les localités du district et proches d’Orodea et notamment auprès de cinquante d’entre elles organisant en période estivale des manifestations à vocation religieuse ou culturelle.

Florin Birta a pris la sage décision de rester à l’écart.

Un maire prudent, un policier tolérant

Toutes avaient demandé l’autorisation du maire, Florin Birta, pour que la sécurité soit assurée, une démarche à laquelle la communauté LGBT n’avait pas jugé utile de se conformer, partant du principe que son combat était perdu d’avance. Alors que M.Birta a préféré ne pas prendre position, le responsable de la police et membre de la commission chargée des manifestations publiques , Samuel Millian, s’est exprimé pour sa part de manière claire et sans équivoque en précisant que « si la Pride-Parade n’avait fait de l’ombre à aucun autre événement, il n’y aurait alors eu aucune raison de l’interdire ». La « pride-parade » aurait été la première organisée dans cette ville de quelque 184.000 habitants, réputée pour ses universités et son potentiel touristique. Malgré les difficultés auxquelles ils ont été confrontés, ses organisateurs sont parvenus à sauver les meubles en proposant un programme de conférences, expositions, concerts et projections de films, le tout axé non pas sur la seule communauté LGBT mais sur le rôle des minorités. Il était prévu que ces événements soient proposés dans une demeure jouxtant le parc Brataniu mais étant donné que le propriétaire de cet édifice a remis en cause sa proposition, ils se sont déroulés en ville dans une salle d’exposition. (Source: ADZ/ Adaptation en français : pg5i)

(1) A l’instar de toutes les villes de Roumanie, Orodea hébergent diverses confessions très influentes, y compris lorsque le nombre de leurs fidèles est modeste. Y être évêque, c’est détenir un pouvoir susceptible de mettre à mal toutes les idées et projets s’inscrivant à contre-courant. L’évêque roumain-orthodoxe, Sofronie Drincec (notre photo) qui représente plus de 55% des fidèles s’inscrit, de fait, comme une des plus puissantes personnalités de la ville, devant ses collègues représentant les églises Réformée (13,6%), orthodoxe (9,1%), Pentecôtiste (4,72%), Baptiste (3,5%) et Gréco-Catholique (3,3%). A ces six confessions s’en ajoutent trois autres (Adventiste, évangélique-luthérienne et unitarienne) qui ne représentent guère davantage qu’une poignée de fidèles, ce qui ne les empêche pas pour autant de porter haut la voix lorsque la parole de leur Dieu est remise en question. (Nombre de mots : 770)

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