Les états-majors allemands inquiets par la percée de l’extrême-droite

Allemagne – La crise migratoire tend à s’exacerber en Allemagne où le nombre de demandeurs d’asile a augmenté de 79 % sur le seul mois de juillet pour atteindre les 23.674 . Au cours des sept premiers mois de l’année, 175.272 réfugiés ont été enregistrés, soit une hausse de 78 % comparativement à la même période 2022.

A ce nombre, il faut ajouter les nouvelles demandes d’asile de migrants ayant essuyé un premier refus, ce qui porte à quelque 189.000 le nombre total de personnes demandant actuellement l’asile, ce qui correspond à quelques centaines près à la population de Sarrebruck. 56 % des nouveaux arrivants étaient originaires des trois pays que sont la Syrie (51.692), l’Afghanistan (23.082) et la Turquie (23.082), les 44 % restants ayant fui majoritairement les pays africains victimes d’instabilité politique.

Nancy Faeser : elle se préoccupe avant tout de sa carrière politique !

Mettre un terme aux clans organisés

Parce que quelques délits ont été commis par des migrants, le phénomène migratoire est très vite devenu une sujet de société préoccupant. Pour éviter que la population fasse l’amalgame entre migration et délinquance, la ministre sociale-démocrate de l’Intérieur s’est donnée dans un premier temps pour objectif de mettre fin aux clans organisés par certains groupes de réfugiés. Nancy Faeser propose l’expulsion non seulement des auteurs d’actes délictueux, mais aussi celle des membres de leur famille ou de leur entourage. Une des porte-parole du ministère a toutefois tenu à préciser qu’il ne s’agissait que d’une idée et en aucun cas d’un projet de loi, ni même d’une ébauche de texte législatif. Cette suggestion coïncide singulièrement avec la montée en puissance dans l’opinion du parti d’extrême-droite AfD (Alternative für Deutschland) qui, si on se fie aux dernières enquêtes d’opinion, serait devenu en l’espace de quelques mois, la seconde force politique du pays. Les cinq principaux instituts de sondages le créditent de 20 à 22 % d’opinions favorables, soit presque autant que le parti historique CDU (25%), dont l’ex-Chancelière Angela Merkel a été la présidente pendant plus de dix-huit ans, mais davantage que le parti social démocrate (SPD) crédité de 19 à 20 % et beaucoup plus que le parti des Verts, lequel a perdu presque sept points à 13% alors même qu’il joue un rôle prépondérant dans le gouvernement de coalition. Avec sa proposition, la ministre n’a ni plus, ni moins que jeté un pavé dans la marre et provoqué une réaction immédiate des Verts. Selon ces derniers, expulser des familles toutes entières sous prétexte qu’un de leur membre a commis un acte délictueux irait à l’encontre de l’État de Droit dont se prévaut la République Fédérale. On ose imaginer ce qui ce serait passé et le tollé qu’elle aurait déclenché, si un telle idée était venue à l’esprit des gouvernements polonais ou hongrois ! Pour les membres de la CDU, la proposition de Nancy Faeser s’inscrit dans une stratégie purement électoraliste. L’ambition de la ministre ne consiste pas, en effet, à rester éternellement dans le l’équipe gouvernementale mais de devenir ministre-présidente de la Hesse, où les élections régionales vont avoir lieu le 8 octobre prochain. Or, il se trouve que dans ce land les scores réalisés par l’AfD sont loin d’être négligeables. Lors du scrutin de 2018, ce parti était parvenu à convaincre plus de 13 % des électeurs et les derniers sondages réalisés le créditent là aussi de 20 % à égalité avec le parti social-démocrate. Le résultat final leur donnerait-il raison, cela signifierait que l’AfD est en mesure de s’affirmer dans le land de la haute finance, lui assurant ainsi une crédibilité dont ses leaders sauront faire usage pour les élections ultérieures, dont celle au Parlement Européen. kb & vjp

error: Content is protected !!