Flotte gouvernementale allemande : une honte pour la République !

Allemagne – De tous les membres du gouvernement allemand, Annalena Baerbock est sans conteste la plus médiatisée et s’il en est ainsi, c’est parce qu’elle est parvenue à s’affirmer comme une véritable femme orchestre, dont la mission ne se limite pas au ressort dont elle a la charge, en l’occurrence les Affaires Etrangères.

Annalena Baerbock: elle sait toujours quand elle va s’envoler mais ignore souvent quand et où, elle va atterrir !

Elle ne se contente pas de relayer la voix de son pays à l’extérieur des frontières de la République, elle aime s’occuper de tout et s’exprimer publiquement sur tout, sur la défense, l’économie, l’écologie, le réchauffement climatique, la place des femmes dans la et les société(s), etc, etc. Et pourtant, si on se fie à son curriculum vitae, on constate qu’Annalena Baerbock n’a jamais travaillé,  si ce n’est en tant que fidèle militante au sein du parti des Verts, qu’elle est parvenue à se faire financer une formation de doctorat par la fondation Heinrich-Böll (1) qu’elle n’a pas menée à son terme. Annalena Baerbock, qui a vu le jour en 1980 à Hanovre, semble être née pour faire de la politique, rien que de la politique et il ne faut par conséquent pas s’étonner s’il ne se passe pas un seul jour en Allemagne sans qu’on ne parle d’elle. Alors naturellement lorsqu’elle veut aller prêcher la bonne parole en Australie, et qu’elle reste en rade dans les Emirats Arabes parce que l’avion qui lui avait été spécialement affrété, tombe en panne, ce n’est pas un simple incident technique dont il est question mais d’une véritable affaire d’État.

Un voyage en partie avorté

Le voyage de la ministre au pays des kangourous avait été pourtant minutieusement organisé. Il était prévu qu’elle partît de Berlin, qu’elle fît une brève escale à Abu Dhabi, le temps de faire le plein en kérozen de l’Air-Bus 340-400 qui lui avait été affrété. Tout se serait passé comme prévu, si un incident technique détecté quelques minutes après le re-décollage, n’avait pas obligé le pilote à revenir à l’endroit même où l’appareil avait été chargé de plus de quatre-vingt tonnes de carburants. «A cause d’un problème mécanique, nous sommes obligés pour des raisons de sécurité de repartir à Abu Dhabi» a déclaré à bord un des porte-parole de la ministre pour rassurer les passagers. Cet incident technique qui a permis, lors d’une inspection d’en détecter un second, a obligé la ministre à poursuivre son voyage en vol régulier pour sa visite d’une semaine dans la région du Pacifique. Si elle a consenti à prendre cette décision, c’est parce que son séjour dans ces contrées fort éloignées, est un condensé de toute sa conception de la politique, à savoir apporter sa contribution et émettre son avis sur des sujets aussi divers que le sont les tensions actuelles entre l’Australie et la Chine, l’accord de libre-échange entre cette même Australie et l’Union Européenne et les commandes d’armement pour les chantiers navals allemands. A cela s’ajoute une escapade aux Fidji, ces îles menacées par un changement climatique susceptible d’être observé par des drones allemands. Pour faire une nouvelle fois la une des journaux, la cheffe de la diplomatie allemande aurait bien aimé restituer en personne aux pauvres aborigènes vivant à Canberra une épée en bois, une lance, un filet de pêche et une massue exposés depuis des décennies dans le musée Grassi de Leipzig. Cette cérémonie émouvante a dû être reportée à une date ultérieure qui ne saurait tarder, car s’il est une chose qu’affectionne tout particulièrement Annalena Baerbock, c’est voyager.

Cet Airbus de la flotte gouvernementale ne correspond plus à l’image de puissance technologique que veut se donner l’Allemagne à l’étranger.

Des incidents à répétition

Mais ce n’est par la première fois qu’un ministre allemand est victime de ce genre de déconvenues qui sont de plus en plus tournées en dérision par les Allemands, lesquels en rient tout en s’en inquiétant. Déjà en mai dernier la ministre des Affaires Etrangères avait dû rester un jour supplémentaire au Qatar à cause d’un pneu défectueux sur l’Airbus gouvernemental. Cet Airbus 340-400 qui lui a été mis à disposition avait déjà fait des siennes en novembre 2018 lorsque la Chancelière Angela Merkel l’utilisa pour se rendre au G20 de Buenos-Aires accompagnée de son successeur Olaf Scholz alors ministre des finances. Ce ne furent alors ni les pneus, ni les clapets d’atterrissage qui posèrent problème mais le système électronique de l’appareil, ce qui obligea le pilote à faire escale en Argentine. Un mois plus tôt, en octobre 2018, ce même avion portant le nom de « Konrad Adenauer » fut cloué au sol en Indonésie lors du sommet du Fonds Monétaire International, car des rongeurs étaient parvenus à s’y infiltrer à l’intérieur pour y grignoter des enveloppes de câbles. Olaf Scholz fut alors contraint de revenir en Allemagne sur un vol régulier. C’est également à cause d’une panne sur un A340 gouvernemental que l’ancienne ministre de la Défense, Ursula von der Leyen, devenue présidente de la Commission Européenne, avait été contrainte en décembre 2016, de faire à son retour du Mali une escale forcée à Abuja, capitale du Nigéria. Compte tenu de tous ces incidents à répétition, chacun s’interroge à avoir pourquoi aucun des gouvernements en fonction depuis bientôt dix ans, n’a pas pris l’initiative de renouveler la flotte aérienne gouvernementale et de l’équiper d’appareils neufs et non pas d’occasion. Il en va en effet de l’image de marque de la République Fédérale d’Allemagne mais aussi de l’Europe toute entière. En effet, lorsque des avions Air-Bus restent cloués au sol à cause de problèmes techniques, c’est la technologie de tous les pays contribuant à leur fabrication (Allemagne, France, Espagne, Royaume-Uni, Pays-Bas) qui est remise en cause. kb

(1) Il est de tradition en Allemagne que chaque parti soit rattaché à une fondation qui est un gage de sérieux et de crédibilité. Toutes portent le nom d’une figure emblématique de l’histoire ou de la culture allemande. Alors que le parti-social démocrate (SPD) a opté pour le premier Président de la République de Weimar,  Friedrich Hébert, l’Union Démocrate Chrétienne (CDU) en a fait de même avec le premier Chancelier de la République Fédérale, Konrad Adenauer. Le parti Allianz/Les Verts n’ayant pas de figure politique historique a choisi quant à lui l’écrivain et Prix Nobel de littérature Heinrich Böll, le plus connu des auteurs allemands de la seconde moitié du 20ième siècle. A quelques nuances près, ces fondations opèrent de manière identique et toutes sont dotées d’un important réseau à l’international. Elles jouent un rôle primordial dans le récolte de fonds et l’attribution de bourses d’études et de nombreuses personnalités politiques, à l’instar d’Annalena Baerbock, sont sorties de l’ombre grâce à elles. (Nombre de mots: 1.110)

 

 

 

 

 

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