Les fonds européens dans un tonneau des Danaïdes

UE – Que l’Union Européenne soit divisée et surtout désorganisée en ce qui concerne sa politique migratoire est une évidence. Plus elle dépense de l’argent pour sinon mettre un terme à l’arrivée de nouveaux migrants du moins la limiter, plus le nombre de candidats à l’exil augmente tout comme celui des victimes qui disparaissent au large de la Méditerranée.

Migrants en perdition au large de la Méditerranée : des scènes tellement fréquentes qu’elles conduisent à l’indifférence.

Et pourtant, d’argent il ne manque pas car aux six milliards prévues pour la Turquie à partir de 2016 sont venus se greffer 60 millions pour les Balkans, 120 millions pour l’Egypte et 152 millions pour le Maroc, soit 332 millions au total. Comme de plus en plus de migrants ne sont pas seulement originaires des pays du Proche et Moyen-Orient mais de territoires plus lointains des fonds ont été débloqués à destination du Nigeria (30 millions), du Bangladesh (55 millions) et du Pakistan (59 millions). Mais aussi singulier que cela puisse paraître et malgré toute l’armada de fonctionnaires que comptent les institutions européennes, il est extrêmement difficile voire impossible d’avoir une vue d’ensemble sur l’attribution des fonds versés par l’Union Européenne.

Quand l’Europe cautionne les malfrats

Officiellement, cette dernière s’est dotée de deux fonds, le fonds asile et migration, et un second dit de « voisinage et de développement » mais dont la finalité est la même et consiste à externaliser le problème et à ne pas regarder la réalité en face. Chacun a encore en mémoire la Libye qui, en 2017, avait perçu 59 millions d’euros nécessaires à la fourniture de neuf navires voués d’une part à des opérations de recherche et de sauvetage, d’autre part à la formation d’une équipe de cent garde-côtes qui fut très vite accusée par les Nations Unies de graves entraves aux droits de l’Homme. Selon Tineke Strik, député vert au Parlement Européen, « le rapport de la commission d’enquête de l’ONU est très, très clair et dit que les garde-côtes libyens et d’autres organismes financés par l’Union Européenne et gérés par l’état libyen sont impliqués dans des crimes contre l’humanité». Dans ce document, il est précisé que les garde-côtes cautionnent le trafic d’êtres humains et l’esclavage, détiennent des personnes en captivité qui peuvent être torturées pour obliger les membres de leur famille à payer. Par ailleurs, il est avéré qu’ils profitent de leur position pour s’impliquer dans la contrebande et c’est pour toutes ces raisons que l’ONU a conclu que le financement de l’Union Européenne contribuait aux crimes contre l’humanité. On ose imaginer ce qui est susceptible de se produire dans des pays comme le Nigeria, la Pakistan et le Bangladesh ! Mais comme l’Union Européenne a la capacité de dépenser sans compter, elle a promis la création d’un nouveau fonds de quarante millions d’euros pour lutter contre les réseaux criminels en Afrique du Nord qui, sans elle, n’auraient jamais vu le jour. Il semblerait que cette vieille Europe, riche de culture et d’humanité, soit devenue un serpent qui se mord la queue. kb

 

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