Roumanie/UE – Face au tollé provoqué par la mise à jour de graves actes de maltraitance dans les maisons de retraite et les foyers pour enfants, le ministre du Travail, Marius Budai, sous la responsabilité duquel les personnels soignants et d’encadrement étaient placés, a été contraint de remettre sa démission.
Un choix qui a été considéré par le Premier Ministre Ciolacu comme « un geste d’honneur », alors qu’en réalité il s’agit d’une réaction évidente à « l’horreur ». Le commissaire de police d’Ilfov, Christian Persinaru, a également annoncé sa démission. Il en est de même du chef de la police Dumitriu Barabula, en fonction à Voluntari, ville où a éclaté le scandale. Les deux hommes risquent d’être accusés de ne pas être intervenus après que des policiers placés sous leur autorité ont ignoré les nombreuses dénonciations reçus concernant les abus commis dans les établissements de retraite ou les foyers pour enfants. Compte tenu de l’ampleur qu’a prise cette affaire, les autorités n’ont eu d’autre choix que de sortir l’artillerie lourde et c’est ainsi que plus d’un millier de contrôles ont été effectués en l’espace de trois jours. Une quarantaine d’établissements ont déjà été temporairement ou définitivement fermés et comme il fallait s’y attendre, ce ne sont pas seulement ceux situés dans la capitale ou à proximité de celle-ci, qui sont concernés. De graves atteintes à la dignité des personnes âgées ont été constatées à Constanta, Temesch, Hunedoara, Giurgiu, Arad, Valcea, Maramures, Muresh et Sathmar. Chacun s’interroge à savoir, si le ministre de la Famille, Gabriela Firea, qui réfute toute responsabilité dans ce scandale, sera ou non inquiétée par la justice et par l’agence anti-corruption DNA dont l’enquête a accéléré la décision du ministre du Travail.
Une classe politique globalement discréditée
Selon le journal Libertatea, le Premier Ministre n’aura pas le courage de l’impliquer, d’une part parce qu’elle est sa principale rivale au sein du parti social-démocrate, d’autre part parce qu’elle aspire à retrouver, en 2024, le poste de maire de Bucarest, qu’elle avait perdu en 2020. Toutefois, il n’est pas exclu qu’elle soit, elle-aussi, poussée vers la porte de sortie par la pression exercée dans la rue. Cette affaire des « foyers de l’horreur » a en effet pris une telle ampleur que le quasi totalité de la population renie la politique et ses représentants. Selon un sondage réalisé par institut Curs, 93% des personnes interrogées se méfient du Parlement et des partis politiques. Mais ce qui est le plus inquiétant est le fait que 90% des citoyens ne font plus confiance au bureau du Président de la République Klaus Johannis; lequel était assimilé jusque-là à un garde-fou contre les nombreux politiciens véreux et corrompus qui ont été amenés à gérer le pays depuis la chute du régime communiste. Il faut rappeler que les principales victimes des maisons de l’horreur sont âgées de 80 ans ou plus. Elles avaient à peine 25 ans lorsque Nicolae Ceaucescu s’est emparé du pouvoir et près du double lors de la disparition brutale de ce dernier. Les retraités roumains n’ont jamais pu profiter du renouveau démocratique de leur pays et les voir aujourd’hui traiter de la sorte prouve à quel point la construction européenne peut être défaillante. Les retraités roumains n’ont jamais demandé qu’on s’apitoient sur leur sort encore moins un quelconque régime de faveur. Ils ne sollicitent qu’un minimum de dignité à leur égard qu’aucun pays ne s’est efforcé de leur garantir. Ce ne sont pas seulement les femmes et hommes politiques roumains qu’il faut condamner mais aussi tous ceux qui siègent à Strasbourg et qui auraient dû être les premiers à enquêter. (Source : adz et pg5i/vjp)