Les activistes du climat traités comme des terroristes

Les activistes du climat : considérés par les uns comme des délinquants, par les autres comme les protecteurs des générations futures, ils divisent la société allemande et prennent au dépourvu toutes les autorités régionales et fédérales de la République, qu’elles soient politiques, juridiques ou policières.

Allemagne – Faut-il sanctionner durement les activistes du climat ou faut-il, au contraire, faire preuve de compréhension à leur égard ? Les autorités allemandes sont actuellement face à ce dilemme, lequel ne cesse de susciter débats et controverses qui prennent d’autant plus d’ampleur que les länder sont divisés. La goutte qui a fait déborder le vase et exacerber les tensions a été versée en Bavière, où la police n’a pas hésité à placer en détention préventive treize activistes du mouvement « Letzte Generation » (Dernière génération) pour une durée de trente jours. Du jour au lendemain ces treize « trublions » se sont retrouvés derrière les barreaux, alors même qu’ils avaient manifesté pacifiquement. Ces détenus de nouvelle génération ont été autorisés à quitter leur cellule plus tôt que prévu après avoir promis qu’aucune manifestation ne serait organisée dans la semaine suivant leur libération. Cela ne signifie pas pour autant qu’ils vont abandonner leur combat car ils ont déjà annoncé pour le 5 décembre de nouvelles actions. Que ce soit auprès de leurs sympathisants ou de leurs opposants, les mesures prises par la police bavaroise sont considérées comme disproportionnées par rapport aux délits commis qui sont généralement punis par des amendes et non par des peines de prison.

 

Joachim Herrmann : indétrônable, il est le ministre bavarois de l’Intérieur depuis plus de 15 ans.
Katharina Schulze : tête de liste aux élections régionales de 2018, elle est parvenue à faire des Verts la première fore d’opposition au Parlement bavarois.

La Bavière a perdu sa boussole

Face aux critiques dont les forces de l’ordre ont fait l’objet, le ministre bavarois de l’Intérieur, Joachim Herrmann, membre de la CSU (Union Chrétienne Sociale) a été contraint de prendre position et a déclaré dans une interview accordée au quotidien Augsburger Allgemeine que les gardes à vue de 30 jours devaient « rester l’exception absolue à l’avenir » c’est-à-dire « lorsqu’il s’agit d’empêcher des délites ou des mises en danger concrètes». Quant aux parti social démocrate et des Verts, minoritaires au parlement régional, ils ont fait part de leur consternation à l’égard de l’attitude la police. « Notre boussole constitutionnelle est cassée » a lancé Katharina Schulze, président du groupe des Vertes à l’assemblée. Selon elle, le grand art de la politique consiste à concilier la sécurité avec la liberté. « Vous avez une nouvelle fois prouvé que vous n’en être malheureusement pas capables » a-t-elle poursuivi en s’adressant à ses collègues de la CSU. L’expert juridique du SPD, Horst Arnold, s’en réfère pour sa part, aux plaintes déposées devant la Cour Constitutionnelle de Bavière (CCB) dont il attend les avis. Que l’on soit pour ou contre les agissements des activistes, il est évident qu’une solution commune à tous les länder est indispensable. Le syndicat de la police plaide pour sa part pour une généralisation du modèle bavarois à l’ensemble du territoire mais il semble oublier que la Bavière n’est pas un land comme les autres dans le sens où l’opposition ne représente aucun poids significatif. Les trois formations au pouvoir à Berlin n’occupe à Munich que 71 des 205 sièges, soit à peine 35%. Le parti des Verts avec 38 députés est certes la première d’opposition mais il ne peut compter que sur lui-même. Le SPD préfère rester prudent et le parti libéral FDP, ne sachant pas sur quel pied danser, fait le choix de couper les poire en deux en suggérant une détention de quatorze jours au lieu de trente. kb

 

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