Allemagne – Les membres du Conseil Economique allemand ont remis aujourd’hui au gouvernement fédéral leur expertise sur les perspectives de développement de la République. Ce rapport de 465 pages prend naturellement en compte le contexte de crise énergétique dans lequel se trouve le pays depuis le déclenchement du conflit russo-ukrainien. Jusqu’à présent il arrivait que les six membres du conseil aient des avis divergents sur la manière de développer le pays mais cette année, compte tenu des circonstances ils sont unanimes quitte à raviver les vieilles querelles dont les trois partis au pouvoir à Berlin sont coutumiers. Le moment n’est plus venu de discutailler mais d’agir car le crise énergétique pèse « massivement sur les ménages et les entreprises ». Le groupe d’économistes reconnaît à la coalition au pouvoir le mérite d’avoir adopté d’importantes mesures d’allègements mais regrette toutefois qu’elle n’aient pas été préparées plus tôt. Le conseil n’hésite pas par ailleurs à critiquer certaines décisions à l’instar des rabais sur les carburants dont ont profité « dans une large mesure les groupes de population à revenus élevés. » Il plaide pour un allègement des charges pour les ménages qui sont réellement dans le besoin et propose une augmentation temporaire du taux d’imposition maximal ou une surtaxe de solidarité énergétique, deux initiatives qui permettraient d’assurer un financement au moins partiel des paquets d’allègements. Mais pour concrétiser de telles recommandations, le Chancelier Olaf Scholz risque d’avoir maille à partir avec le FDP et son ministre des finances Christian Lindner, farouchement et traditionnellement opposé aux augmentations d’impôts. Quant au taux d’inflation, les sages du conseil économique l’estiment pour 2023 à au moins 8,7%, soit 0,7% de plus qu’en 2022. En ce qui concerne le taux de croissance, estimé pour l’exercice en cours à 1,7%, il devrait l’an prochain chuter de 0,2%. Pour éviter une récession, il est important de « détendre la situation sur les marchés de l’énergie ». Il est impératif que l’approvisionnement en gaz liquide soit étendu, que les énergies renouvelables soient développées de manière ambitieuse et enfin que la fermeture prévue des centrales nucléaires soit reportée. Ce dernier point risque de raviver le débat récurrent sur l’atome, sans lequel le parti des Verts n’aurait pu devenir une formation gouvernementale. kb