Leçon d’économie au gouvernement fédéral allemand

De tous les pays européens, c’est en Allemagne que la catastrophe de Fukushima a eu le plus grand retentissement. A tel point que le gouvernement d’Angela Merkel prit immédiatement la décision de mettre fin au programme nucléaire mais aussi de démanteler les centrales existantes. Tous les politiciens qui avaient décidé peu de temps auparavant de prolonger la durée de vie des centrales nucléaires allemandes ont fait volte-face après la fusion du cœur de la pile atomique japonaise et ont décidé de sortir du nucléaire au plus tard en 2022. La centrale nucléaire de Philippsburg dans le Bade-Wurtemberg  a été arrêtée fin 2019. Le dynamitage des tours de refroidissement n’était plus qu’un point final symbolique. Pour la ville de Philippsburg, il s’agissait désormais de se serrer la ceinture, EnBW, l’exploitant de la centrale, devait entamer le démantèlement et imaginer un nouveau modèle économique. En l’espace de quelques secondes, les deux tours géantes de 152 mètres de haut, 65.000 tonnes de béton armé, ont disparu dans deux nuages de poussière.

Allemagne – Les membres du Conseil Economique allemand ont remis aujourd’hui au gouvernement fédéral leur expertise sur les perspectives de développement de la République. Ce rapport de 465 pages prend naturellement en compte le contexte de crise énergétique dans lequel se trouve le pays depuis le déclenchement du conflit russo-ukrainien. Jusqu’à présent il arrivait que les six membres du conseil aient des avis divergents sur la manière de développer le pays mais cette année, compte tenu des circonstances ils sont unanimes quitte à raviver les vieilles querelles dont les trois partis au pouvoir à Berlin sont coutumiers. Le moment n’est plus venu de discutailler mais d’agir car le crise énergétique pèse « massivement sur les ménages et les entreprises ». Le groupe d’économistes reconnaît à la coalition au pouvoir le mérite d’avoir adopté d’importantes mesures d’allègements mais regrette toutefois qu’elle n’aient pas été préparées plus tôt. Le conseil n’hésite pas par ailleurs à critiquer certaines décisions à l’instar des rabais sur les carburants dont ont profité « dans une large mesure les groupes de population à revenus élevés. » Il plaide pour un allègement des charges pour les ménages qui sont réellement dans le besoin et propose une augmentation temporaire du taux d’imposition maximal ou une surtaxe de solidarité énergétique, deux initiatives qui permettraient d’assurer un financement au moins partiel des paquets d’allègements. Mais pour concrétiser de telles recommandations, le Chancelier Olaf Scholz risque d’avoir maille à partir avec le FDP et son ministre des finances Christian Lindner, farouchement et traditionnellement opposé aux augmentations d’impôts. Quant au taux d’inflation, les sages du conseil économique l’estiment pour 2023 à au moins 8,7%, soit 0,7% de plus qu’en 2022. En ce qui concerne le taux de croissance, estimé pour l’exercice en cours à 1,7%, il devrait l’an prochain chuter de 0,2%. Pour éviter une récession, il est important de « détendre la situation sur les marchés de l’énergie ». Il est impératif que l’approvisionnement en gaz liquide soit étendu, que les énergies renouvelables soient développées de manière ambitieuse et enfin que la fermeture prévue des centrales nucléaires soit reportée. Ce dernier point risque de raviver le débat récurrent sur l’atome, sans lequel le parti des Verts n’aurait pu devenir une formation gouvernementale. kb

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