Le rapport Oxfam se trompe de cible

Monde/UE/France – Oxfam vient de publier un rapport intitulé « Le virus des inégalités » qui inquiète, angoisse et encourage une nouvelle forme de lutte des classes mettant en avant des problématiques qui n’ont strictement rien à voir avec la pandémie. A la lecture de ce volumineux document qui frôle la centaine de pages,  on a très vite l’impression que ses auteurs profitent de l’aubaine pour mettre sur le dos de quelques personnes tous les maux  dont souffrent toutes les sociétés. Ils ravivent cette politique menée par les bolchéviques au lendemain de la Révolution d’Octobre et qui avait consisté en l’espace de quelques jours à anéantir des siècles de prospérité, d’intelligence et de culture. Cette époque où les plus beaux monastères ont été pillés pour se transformer en prisons, dans lesquelles furent enfermés tous ceux qui exprimaient le moindre doute sur la crédibilité révolutionnaire. Aujourd’hui ce ne sont plus les tsars, les empereurs et les rois qui sont ciblés, mais les méchants milliardaires. Dans le communiqué destiné à convaincre ceux qui sont déjà convaincus, il est annoncé que « les dix hommes les plus riches du monde – dont fait partie le français Bernard Arnault – ont vu leur fortune totale augmenter de plus de 500 milliards de dollars depuis le début de la pandémie. Une somme qui serait amplement suffisante pour financer le vaccin contre la COVID-19 pour toutes et tous et éviter que quiconque sombre dans la pauvreté à cause de la pandémie. »

Famine en Ukraine sous l’ère stalinienne

65 millions de morts : un détail !

 Comment des personnes se prétendant économistes peuvent-elles assimiler les chiffres d’affaires  réalisés par des sociétés aux revenus de leurs dirigeants ? Ne se rendent-elles pas compte qu’en taxant à outrance ces grands groupes et leurs PDG, à l’instar de LVMH ou l’Oréal,  que ce  sont les centaines de milliers de leurs salariés qui seraient les premiers à en souffrir ? Quelle drôle d’idée que de mettre dans le même panier un cueilleur de bananes africains avec l’aide-soignante d’un hôpital français ou italien ? Si le régime capitaliste a vaincu le  système communiste, c’est parce que le premier, grâce à la démocratie, peut parvenir à un partage des richesses alors que le second ne fait qu’asservir les populations. Dès les trois premières lignes du rapport (« la pandémie de coronavirus est venue frapper un monde déjà profondément inégalitaire. Pour la première fois, les inégalités ont augmenté simultanément dans la quasi-totalité des pays du monde. Une situation sans précédent depuis plus d’un siècle »), on est mal à l’aise car, à preuve du contraire, la planète a connu bon nombre de catastrophes infiniment plus graves que le Covid 19 au cours des cent dernières années. Les lendemains des première et seconde guerres mondiales (65 millions de victimes entre 1939 et 1945) , les séquelles de la grippe espagnole, de la tuberculose et de bon nombre d’autres maladies infectieuses, les conflits localisés en Indochine, en Algérie, en Afrique du Sud sans oublier les crashs financiers de 1929 et 2008, ont causé des dommages considérables et tous les peuples du monde entier en ont directement ou indirectement, à court, moyen et long termes,  subi les conséquences.

Chaque événement a creusé les inégalités.

Il faudrait que le virus soit  infiniment plus virulent pour égaler le nombre de victimes disparues dans les camps de concentration.  On ne lutte pas contre les méfaits de la mondialisation en globalisant les discours. Les inégalités en Afrique ou en Amérique du Sud n’ont strictement rien de commun avec celles constatées en Europe. Le sujet est déjà suffisamment ardu, sensible et complexe si on le limite au Vieux Continent, car chacun sait qu’il est préférable d’être pauvre en France ou en Allemagne qu’en Roumanie, Bulgarie ou  Ukraine. Et pourtant, dans tous ces pays, qu’il y ait ou non des milliardaires, le fossé entre riches et pauvres mais aussi entre moyennement riches et moyennement pauvres se creuse.  Le problème récurrent avec ce genre de rapports provient du fait qu’ils ne sont jamais rédigés par des personnes qui ont vécu l’expérience de la plongée dans la précarité alors qu’elles avaient tout entre les mains pour vivre dignement et s’épanouir . Et si elles n’y sont pas parvenues, ce n’est ni Bernard Arnault, ni Françoise Bettencourt  qui en sont responsables mais cette armada d’agents de la fonction publique qui jouent de la complexité des lois et de la lenteur de la justice pour priver les plus pauvres des aides auxquelles ils ont droit. Les vrais fabricants de violence sociale ne siègent pas dans les conseils d’administration des sociétés cotées en Bourse mais se promènent dans les couloirs des Caisses d’Allocations Familiales et des Conseils Départementaux et si la France compte autant de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté, c’est pour la simple et unique raison que les employés des CAF, dans les départements les plus pauvres, ne sont pas rémunérés pour faire prévaloir les droits des affiliés,  mais pour trouver des astuces pour les en priver.

Communauté : pour l’intérêt de qui ?

Grâce à la complicité d’anciens élus locaux devenus députés ou sénateurs, des lois ont été adoptées pour légitimer un concept dont personne ne s’offusque et qui tient en deux mots : la communauté d’intérêt. Derrière cette formule magique et lapidaire, se cachent tous les abus possibles et imaginables dont le plus fréquent est l’attribution d’une situation maritale à deux personnes qui n’en ont jamais voulue. Depuis des décennies des organisations non gouvernementales s’élèvent contre les mariages forcés en Afrique mais ces mêmes ONG trouvent tout à fait normal que des fonctionnaires français marient deux personnes sans leur consentement pour leur réclamer les aides qu’elles ont perçues, y compris lorsqu’elles étaient gravement malades et dans l’incapacité de reprendre normalement leurs activités professionnelles. Si les « experts » d’Oxfam, plutôt que d’aller tremper leurs pieds dans les eaux du Pacifique pour en mesurer la température, étaient allés mettre leur nez dans les jugements rendus par les Tribunaux de la Sécurité Sociale, Administratifs, les Cours d’Appel et de Cassation voire du Conseil d’Etat, ils se seraient très vite aperçus que les quelques milliardaires que compte la France, sont étrangers à la misère que vit un nombre croissant de Français et que, si pauvres il y a en France, c’est parce que des élus locaux confient la gestion des fonds publics à des agents prévaricateurs, incompétents et la plupart du temps de mauvaise foi.

Des méthodes dignes d’une dictature « douce » !

Equilibrer son budget en profitant de la faiblesse des plus pauvres, telle est la stratégie de certains départements, dont celui de la Loire, qui n’hésitent pas à saisir les minima sociaux avant même que les tribunaux aient rendu leur jugement, à sommer des personnes gravement malades de rembourser les Aides Adultes Handicapées (AAH) perçues au lendemain d’une hospitalisation et à utiliser des Avis à Tiers Détenteur sur le compte bancaire d’une tierce personne. Deux Stéphanois font l’expérience de ces abus depuis plus de cinq ans. L’un d’entre eux a été privé pendant quatorze mois de l’intégralité de son Revenu de Solidarité Active (RSA),  le second pendant six mois de la moitié de son Allocation de Solidarité aux Personnes Agées après que son AAH eut été suspendue sans préavis. Egalement, sans préavis, ont été fusionnés leurs numéros d’affiliation. La CAF de la Loire est même allée  jusqu’à réclamer les avances sur l’ASPA et le remboursement de toutes les aides au logement perçues pendant 23 mois. Montant total de la facture : plus de 22.000 euros d’indus. Sans l’aide de deux amies qui leur restaient, ces deux personnes auraient probablement mis fin à leurs jours. Parmi les experts ayant contribué à son rapport, Oxfam cite Lucas Chancel, co-directeur du laboratoire des inégalités sociales dont le travaux, selon son blog, « portent  sur la mesure des inégalités économiques, leur interaction avec le développement durable et la mise en oeuvre de politiques publiques sociales et environnementales». S’il venait à l’idée de ce brillant économiste de pondre un rapport spécifique aux inégalités en France et de mettre en doute la véracité du contenu de cet article, qu’il n’hésite pas à nous contacter. A lecture des jugements rendus dans l’affaire évoquée ci-avant,  il s’apercevra très vite comment naissent les inégalités en France, comment les mêmes magistrats  d’un même  tribunal administratif concernant le même litige et les deux mêmes personnes rendent deux jugements diamétralement opposés, comment un organisme public dit social, laisse vivre deux personnes avec trois euros par jour (soit moins  que le 5,5 dollars mentionnés dans le rapport d’Oxfam ! ), comment un ancien Président de Conseil Départemental, devenu Sénateur, médecin de profession,  est parvenu à assimiler les attestations médicales de ses confrères à des certificats de complaisance et  comment une médiatrice payée pour être « objective »  protège ses collègues en cautionnant leurs agissements.   Tenir responsables les milliardaires des inégalités sociales est aussi ridicule, dangereux et malsain  que d’accuser tous  les bénéficiaires de minima sociaux de se complaire dans l’assistanat. Les Français n’ont pas seulement besoin d’un vaccin pour sortir de la crise sanitaire mais d’une réforme en profondeur qui ferait enfin le ménage dans tous ces codes, lois, décrets et arrêtés qui permettent à des fonctionnaires zélés de semer la confusion, de jouer sur les mots, d’éterniser les procédures et de s’immiscer dans la vie privée des personnes vulnérables. Vital-Joseph Philibert (Nombre de mots : 1.537)

 

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