Le monde universitaire berlinois confronté à l’antisémitisme

Allemagne – L’agression brutale dont a été victime un étudiant juif sur le campus de l’Université Libre de Berlin (Freie Universität / FU), avait provoqué début février la stupéfaction chez les étudiants mais aussi dans le population toute entière, choquée de voir un lieu gangrené par l’antisémitisme alors qu’il devrait être au contraire une aire de dialogue et de tolérance.

Ina Czyborra, sénatrice, a considéré comme « normaux » certains conflits !

Il a fallu attendre que cet événement se produise et qu’il suscite l’indignation pour que le milieu politique réagisse et ne se contente plus de la mesure d’interdiction d’une durée de trois mois sur le campus prononcée sont l’agresseur avec option de prolongation. Une peine ridicule comparativement à la brutalité de l’acte, lequel avait nécessité une hospitalisation en urgence.

Une sénatrice sous le feu des critiques

Après s’y être longtemps opposée la sénatrice sociale-démocrate Ina Czyborra a planché sur un cadre juridique qui autorisera la radiation des étudiants ouvertement antisémites. Jusqu’à présent l’élue estimait « normal » le fait, qu’il y ait des conflits au sein des universités et qu’il n’était pas nécessaire d’envisager le renvoi d’une université « pour des raisons politiques ». Un point de vue qui n’a pas fait l’unanimité, loin s’en faut, car même dans son propre parti des voix se sont élevées, dont celle de l’ancienne première édile de la capitale, Franziska Giffey, également sociale-démocrate, laquelle dès le lendemain de l’agression avait exigé « une intervention musclée contre les antisémites agissant dans la universités. » Son successeur, Kai Wegner membre de la CDU, tint les mêmes propos, ce qui a obligé la sénatrice en charge de ce dossier sensible à réagir dans la précipitation. Elle envisage de présenter son projet de loi au Sénat avant la trêve pascale afin qu’il puisse passer pendant l’été devant la Chambre des Députés pour une application prévue dès la rentrée prochaine. Mais Berlin n’est pas la seule ville en Allemagne où l’antisémitisme sévit dans les universités. Chaque land a ses propres législations pour lutter contre ce fléau sans réellement y parvenir. Toutes les décisions prises le sont généralement de manière hâtive comme le constate et le regrette la député de gauche, membre du parti Die Linke, Tobias Schulze qui plaide pour une « contre-stratégie globale dans un contexte académique et non pas seulement politique. » Selon lui, « une approche précipitée qui prévoit la radiation des étudiants comme mesure centrale dans la lutte contre l’antisémitisme dans les universités n’est pas à la hauteur. » Radier un étudiant d’une université, c’est le priver d’un enseignement qui est censé être utile ultérieurement à la société toute entière, ce n’est donc pas un acte à prendre à la légère. Par ailleurs, dans un monde qui se prétend démocratique, il est important, avant de prendre toute décision de pouvoir en mesurer les conséquences et dans le cas présent de répondre aux deux questions essentielles « que va-t-il advenir de l’étudiant radié ? Va-t-il entrer dans le rang ou au contraire se radicaliser ?» kb

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