L’Allemagne impuissante face à la délinquance juvénile

Allemagne/Ukraine – Ils étaient âgés de 17 et 18 ans, ils se réjouissaient d’avoir pu quitter leur terre natale après que cette dernière fut annexée par la Russie, encore davantage d’avoir été accueillis les bras ouverts par un pays qui croyait avoir tout mis en place pour qu’ils se sentent comme chez eux, mais hélas ces deux jeunes Ukrainiens auraient peut-être été mieux inspirés en allant sur le front qu’en choisissant l’exil. Le premier de ces deux jeunes basketteurs a été sauvagement poignardé à Oberhausen (Rhénanie du Nord-Westphalie) il y a une dizaine de jours et son compatriote d’un an son aîné, Artem Kosatschenko, a connu le même sort mardi dernier.

Parce qu’ils sont jeunes, on les croit innocents alors qu’ils peuvent faire preuve d’une violence sans égale.

Plus de 250 délits par jour !

Les deux joueurs étaient parvenus à intégrer la seconde division des Art Giants de Düsseldorf, une équipe de basket qui s’inscrit parmi les plus réputées en Allemagne mais aussi en Europe. Ce double assassinat a provoqué la stupeur dans les milieux sportifs mais aussi dans la population en général qui s’interroge à savoir, comment il est possible de prendre pour cibles deux jeunes gens qui étaient parvenus en l’espace d’à peine un an, à incarner une intégration parfaitement réussie. Il va sans dire que la police a diligenté une enquête en urgence qui lui a permis de procéder à l’arrestation de quatre suspects dont les âges et les origines laissent dubitatifs. Le premier d’entre eux âgé de 15 ans (!) est une jeune germano-turc qui s’est enfui après les faits pour se réfugier à son domicile à Gelsenkirchen où il a été interpellé. Il n’aurait toutefois par agi seul mais avec la complicité d’un jeune germano-grec âgé de 14 ans (!!), originaire de Herne et de deux jeunes Syriens, demeurant également à Gelsenkirchen et dont les âges ne dépassent pas les 14 et 15 ans (!!!). Selon les premiers éléments de l’enquête, les suspects ont été vus quelques jours auparavant s’affronter verbalement avec les deux victimes dans un bus en direction du centre-ville d’Oberhausen. Depuis plusieurs années, on assiste toujours au même scénario. Des jeunes gens mais aussi aussi des jeunes filles se disputent dans la cour d’une école ou dans le coin d’une rue puis reviennent à la charge quelques jours plus tard avec une arme à la main, généralement un couteau ou des ciseaux. Le conflit dégénère et se conclut par une grave blessure dont il arrive qu’elle soit fatale à l’instar de ce qui s’est produit à Oberhausen. Le rajeunissement de ce type de délinquance inquiète les autorités car il croît à un rythme exponentiel. L’Office Fédéral de la Police Criminelle a enregistré en 2022, plus de 93.000 actes criminels impliquant de jeunes individus âgés de 14 à 17 ans, impliqués dans des vols, des affaires criminelles, de harcèlement ou de viols, ce qui représente plus de 250 délits par jour. Quelle que soit la gravité du fait constaté, la justice ne peut pas réagir dans ce cas de figure comme elle a la possibilité de le faire avec des personnes adultes. Chaque acte de délinquance doit en effet faire l’objet de recherches sur l’environnement dans lequel le délinquant a évolué. On constate que dans la majorité des cas, les parents n’ont pas assumé leurs obligations en matière d’éducation. Une faiblesse qui peut rapidement porter atteinte au développement physique mais aussi et surtout psychique de leur progéniture. Des parents qui tolèrent un absentéisme scolaire persistant et qui autorisent l’accès libre à des représentations de violence ou de pornographie, laissent la porte ouverte à toutes les libertés. La violation de ces devoirs d’assistance et d’éducation, lorsqu’elle est avérée, est passible d’une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à trois ans et d’une amende mais ces sanctions ne sont rarement qu’exceptionnellement appliquées car elles peuvent mettre en danger toute la fratrie et la famille de l’auteur des actes répréhensibles. L’étendue de l’obligation surveillance est autant déterminé par l’âge, le développement mental et le caractère de l’enfant que par la prévisibilité de son comportement. D’une manière générale, plus un enfant grandit, plus il est censé devenir responsable et moins les exigences en matière de surveillance sont nécessaires. En revanche, si un enfant demeure enclin à la violence malgré l’éducation qui lui est prodiguée, dans les écoles notamment, ses parents ne doivent en aucun cas l’autoriser à posséder un couteau ou tout autre objet avec lequel il sera en mesure de blesser un de ses camarades.

Karl Lauterbach, ministre de la Santé, a imposé un confinement qui a provoqué de graves conséquences chez les jeunes générations.
Après l’agression dans un lycée de Wuppertal, des forces policières dignes d’un acte terroriste ont été déployées.

Conséquence néfaste du confinement ?

Mais ce qui inquiète au plus haut point les dirigeants politiques accusés de laxisme après chaque délit commis, est le caractère imitatif des agressions constatés dans les écoles et plus particulièrement les collèges et lycées professionnels, des voies de garage où sont souvent concentrés des jeunes gens « difficiles » car issus de milieux populaires voire paupérisés. Le land de Rhénanie du Nord -Westphalie (NRW) détient tous les records en terme d’agressions dans le milieu scolaire. Leur nombre s’est élevé à 609 entre 2019 et 2023, et la plus médiatisée d’entre elles a été le décès à Lünen d’une enseignante de 55 ans poignardée en janvier 2023 par un élève récemment expulsé de l’établissement à cause de son comportement violent. Ce jeudi 22 février, c’est un événement identique qui s’est produit dans un lycée de Wuppertal où un jeune de 17 ans s’en est pris arme au point à ses camarades. Plusieurs d’entre eux ont été blessés dont deux, très grièvement, ont été immédiatement transportés en soins intensifs. L’auteur de cette folie meurtrière aurait, selon les premiers éléments de l’enquête, tenté de se suicider sans y parvenir. Alertées par la secrétaire de l’école, les forces de l’ordre semblent avoir cru à une attaque terroriste et ont décidé de déployer toute la logistique disponible dont un hélicoptère. Naturellement, face à ces événements à répétition, tout le monde en cherche la cause et tout laisse à penser qu’ils seraient dus à une mauvaise gestion des conséquences de la pandémie. Le ministre fédéral de la santé, Karl Lauterbach, reconnaît aujourd’hui la grave erreur qu’il a commise en imposant le confinement aux établissements scolaires ; lesquels auraient dû faire l’objet d’un traitement spécifique. Selon un rapport commun publié en 2023 par un groupe de travail du ministère fédéral de la Famille et du ministère fédéral de la Santé, 73 pour cent des enfants sont actuellement encore soumis à des contraintes psychiques. Les deux ministères ont donc adopté des mesures dont la principale consiste à créer davantage de places de thérapie et de développer le travail social et la psychologie à l’école. Mais cette ambition aussi louable soit-elle est irréaliste car les besoins en psychothérapeutes de surplus spécialisés dans la psychologie de l’enfance seraient tels qu’il serait impossible de les combler. L’Allemagne souffre déjà d’un manque cruel d’enseignants à cause du vieillissement constaté dans cette profession et on voit mal par conséquent comment il serait possible de recruter un personnel dont l’efficacité n’est pas garantie. En effet, si un jeune délinquant potentiel ne respecte ni ses parents, ni  ses professeurs, pourquoi respecterait-il son «psy» ? kb & vjp (Nombre de mots: 1.180)

 

 

 

 

 

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