Allemagne – Dans les années 1990, 2000 et 2010, personne n’aurait imaginé un seul instant qu’un ministre écologiste pût tenir les rênes du ministère de l’Economie allemande encore moins que les circonstances fassent que ce même ministre se voit dans l’obligation de venir en aide aux entreprises industrielles les plus polluantes.
Et pourtant, c’est bel et bien ce scénario qui est actuellement d’actualité en Allemagne. Les entreprises de la première puissance économique européenne ont été responsables en 2022 de l’émission de 746 tonnes d’équivalents CO2, dont plus de la moitié (56%) provenait des entreprises énergétiques (256 tonnes) et industrielles (164 tonnes). En troisième position se trouvait le secteur des transports (148 tonnes) et en quatrième et cinquième positions celui de l’immobilier (112 tonnes) et de l’agriculture (62 tonnes). L’objectif que s’est fixé le ministre de l’Economie, Robert Habeck, consiste à ramener ce volume à 434 tonnes d’ici 2030. Il a profité du sommet sur l’énergie qui se déroule à Versailles et qui réunit les représentants de trente pays industrialisés et de quarante chefs de grandes entreprises, pour annoncer à Berlin la création d’un fonds de plusieurs milliards d’euros qui sera destiné à aider les entreprises dans leur reconversion énergétique. Parmi les premières concernées, le ministère cite les entreprises fabriquant de l’acier, du papier et du ciment mais il insiste sur le fait que les indemnisations s’adresseront à toutes celles qui seront confrontées à des surcoûts élevés pour produire selon des processus respectueux de l’environnement. Le ministère veut agir rapidement et ne laisse que deux mois aux entreprises intéressées pour se manifester et participer à la procédure préparatoire. Il s’agit là d’une condition indispensable à la première procédure d’appel d’offres. Il a par ailleurs précisé que le fonds sera intégré dans le budget fédéral et que les länder ne seront pas mis à contribution. kb