L’Allemagne peine à se numériser

Allemagne/UE – Alors que l’Allemagne est mondialement réputée pour ses performances économiques et ses capacités industrielles, en revanche, elle accuse un retard en matière de numérisation. Cette situation est d’autant plus paradoxale, qu’elle a été parmi les premières en Europe à se pencher sur ce dossier.

C’est en effet en 2010, qu’elle a pris l’initiative de créer un conseil de planification des télécommunications. Dix ans plus tard, en 2020, fut fondé le FITKO (Föderale IT-Kooperation) dont l’objectif principal fut de coordonner les recommandations du conseil avec les décisions prises à l’échelon politique ayant trait au fonctionnement des administrations. Ce second organisme a été reconnu comme établissement de droit public auquel ont été tenus de s’associer tous les lands et le gouvernement fédéral. Mais le FITKO dont les missions premières consistent à alléger les administrations et à faciliter les démarches de la population est devenu en lui-même un véritable mastodonte, dont les dirigeants sont répartis en quatre départements (Dialogue et stratégie, architecture du management, projets et standards, management produits, droits et conformité) eux-mêmes subdivisés en cinquante quatre entités spécialisées dans un sous-domaine spécifique. Toutes sont dotées d’une équipe de collaborateurs et dirigées par des expert(e)s mais il a fallu attendre le début des années 2020 pour que ces cerveaux et cervelles hautement diplômé(e)s prennent conscience que la tâche qui les attendait allait être beaucoup plus complexe au prévu. Dans le projet-phare E-Government, ont été répertoriés 575 démarches administratives susceptibles d’être effectuées en ligne à l’instar du signalement d’un changement d’adresse, d’une demande d’allocation logement, de l’actualisation d’un dossier auprès des agences pour l’emploi, de la rédactio d’un certificat de naissance, de décès ou de mariage, de la demande d’un permis de construction, du renouvellement d’un permis de conduire, etc.

Seulement 13ième au classement européen

Or, il s’avère qu’à l’heure actuelle aucun des seize lands n’a atteint ne serait-ce que la moitié de cet objectif. Avec 235 services proposés sur l’ensemble de son territoire, la Bavière arrive en tête, devant Hambourg (215) et la Hesse (212). Aucun des treize autres lands ne parvient à franchir la barre des 200 services proposés par voie numérique et cela vaut plus particulièrement pour les plus puissants industriellement de la République, en l’occurrence la Rhénanie du Nord-Westphalie (162), la Basse-Saxe (160) et le Bade-Wurtemberg (159). Même Berlin avec 185 services proposés ne parvient pas à tirer son épingle du jeu. Les dernières données publiées par la DDV (Dashboard Digitale Verwaltung) révèlent toutefois que dans le secteur prometteur du numérique, les lands de l’ex République Démocratique Allemande, sont à quelques points près à égalité avec la plupart de ceux de la partie occidentale du pays. Certains, à instar de la Thuringe (190), de la Saxe et du Mecklenbourg-Poméranie, tous deux avec 180 applications disponibles, dépassant allègrement deux régions occidentales, Brème (152) et la Sarre, laquelle avec seulement 132 services proposés, va avoir une énorme retard à rattraper. Alors que la République Fédérale d’Allemagne se classe au premier rang des puissances économiques de l’Union Européenne, elle ne se positionne qu’en 13ième position des pays les plus numérisés. Selon l’indice que publie chaque année la Commission Européenne et qui suit les progrès des Etats membres dans cinq domaines (connectivité, compétences numériques, utilisation d’Internet par les particuliers, intégration de la technologie numérique dans les entreprises et services publics numériques), le RFA, en 2022, avec 52,88 points s’inscrivait dans la moyenne européenne (52,28 points) tout en étant très éloignée des trois pays scandinaves que sont la Finlande (1ère avec 69,6 points), le Danemark (2ième avec 69,33 points) et la Suède (4ième avec 65,22 points). La troisième place revenant aux Pays-Bas (67,37 points) qui ont su, à l’instar des territoires nordiques, intégrer le potentiel numérique dans leur stratégie de développement. kb

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