La revanche des pays émergents

Russie/Chine/Monde – En nommant l’ancienne présidente du Brésil, Dilma Rousseff, à la tête de la nouvelle banque du développement (NDB), les membres du conseil d’administration de cette institution ont choisi une personnalité connue dans le monde entier pour sa force de caractère et sa capacité à réagir face aux situations les plus complexes.

Dilma Rousseff et le président Lula ont un objectif en commun : mettre fin l’hégémonie de l’US-Dollar

Si elle est peu connue du grand public, Dilma Rousseff l’est en revanche de tous ceux qui dirigent la planète. C’est à Shanghaï où siège la NDB, qu’elle a rencontré Lula da Silva, venu également prêté serment, lequel mise sur sa compatriote pour qu’elle libère les pays émergents des contraintes imposées par les institutions traditionnelles que sont le Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International. « Pourquoi tous les pays doivent-ils lier leur commerce au dollar américain ? » s’est interrogé l’actuel président du Brésil congratulé en janvier dernier par la plupart des dirigeants pour avoir vaincu le populiste Jair Bolsonaro aux élections. Il aura fallu à peine trois mois à Lula pour imposer ses marques et faire entendre sa voix. Concernant la guerre en Ukraine, il s’est tenu à distance des puissances occidentales partant du principe qu’il s’agissait d’un conflit spécifiquement européen, dans lequel son pays n’avait pas à s’engager. Ses objectifs sont clairs et il espère que la nomination de Dilma Roussef au sommet de la NDB, lui permettra de les atteindre. Les quatre pays fondateurs du groupe BRICS (Chine, Russie, Inde et Brésil) et de la banque qui lui est rattachée ont été rejoints par la suite par l’Afrique du Sud puis l’Egypte, les Emirats Arabes Unis, l’Uruguay et le Bangladesh. Ces neuf territoires représentent plus du tiers de la population planétaire et près du quart de la performance économique mondiale. Mis à part le Brésil qui a vécu une longue période de crise, tous les autres membres de la NDB ont pu afficher une croissance à deux chiffres entre 2010 et 2021. En 2010, le Produit Intérieur Brut cumulé de la Chine, du Brésil, de l’Inde, de la Russie et de l’Afrique du Sud s’élevait à 17,1 billions de dollars et atteignait onze plus tard plus de 24,7 billions, soit une progression de 44%. Une progression encore plus éloquente (+89%) a été enregistrée sur la même période dans les quatre autres pays signataires de la convention BRICS, grâce notamment au Bangladesh dont le PIB a triplé entre 2010 et 2021 pour atteindre les 416 milliards de dollars. S’il est encore autorisé de parler de « pays émergents», en revanche, il n’est plus de mise d’évoquer des pays du « tiers monde ». En 2021, le PIB des neuf pays alimentant la NDB avait déjà dépassé celui des Etats-Unis (22,9 billions) et largement devancé celui de l’Union Européenne (14,5 billions), ce qui permet à Dilma Rousseff d’affirmer qu’à court terme le puissance économique des pays BRICS excédera celle du G7. La nouvelle présidente de la NDB travaille d’ores et déjà sur de nouvelles règles commerciales destinées à positionner le yuan chinois au même niveau que le dollar ou l’euro. « Nous allons lever des fonds sur différents marchés mondiaux et en parallèle nous espérons financer des projets en monnaies locales, privilégier les marchés intérieurs et réduire ainsi les risques de fluctuation des taux de change» a-t-elle déclaré lors de sa prestation de serment. Autant de mesures qui sont censées protéger les nations les plus vulnérables des puissances dominatrices.

 

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