Allemagne : anarchie chez les nouveaux anarchistes

Allemagne- Depuis plusieurs mois voire plusieurs années les mouvements de lutte contre le réchauffement climatiques font de plus en plus souvent la une de l’actualité grâce à leurs actions spectaculaires et par conséquent très médiatisées.

Les Allemands ont l’impression de revivre les années 1970-1980 au cours desquelles des groupuscules écologistes se faisaient remarquer en organisant des manifestations contre le nucléaire. Mais la différence entre ce qui se déroulait hier et ce qui se passe aujourd’hui, provient du fait qu’au siècle dernier la parole des verts se propageait de manière pacifique, ce qui est loin d’être le cas à l’heure actuelle. Pire, on a l’impression que les contestataires redoublent à ce jour d’ingéniosité provocatrice pour sensibiliser la population. Se coller sur la route d’un périphérique urbain, vandaliser des œuvres d’art dans les musées les plus prestigieux, lancer des appels à la désobéissance civile comptent parmi les initiatives censées éveiller la conscience collective. Alors que tous ces rebelles accusent le capitalisme d’être à la source de tous les maux que vit notre planète, dont les sécheresses et les incendies sont les plus visibles, ils sont les premiers à jouir de ce même capitalisme pour imposer leur vison du monde. L’activisme du climat ne serait en effet pas ce qu’il est sans la mondialisation c’est-à-dire sans les moyens de communication, symboles de progrès technologiques, qui sont aujourd’hui contestés. Par leurs actions, téméraires pour les uns, inadmissibles pour les autres, les activistes sont parvenus à diviser les sociétés et pire, à exacerber la colère de tous ceux qui ne croient pas à un avenir apocalyptique. Cette nouvelle lutte des classes, les Berlinois vont devoir la vivre pendant les trois prochains mois. En effet, alors que Dernière Génération  a décidé de « mettre la capitale au pas » (!), Extinction Rebellion  a annoncé de son côté « une rébellion de printemps », à laquelle les autochtones mais aussi les touristes vont devoir se soumettre. Un camp des protestation a déjà été érigé dans le quartier gouvernemental et un calendrier de manifestions a  été élaboré par les deux organisations qui vont comme à l’accoutumée être soutenues par de nombreuses personnalités du monde de la culture à qui il ne vient jamais à l’idée de calculer leur empreinte carbone lorsqu’ils organisent leurs tournées nationales ou internationales. Le mouvement Fridays for Future  a préféré prendre ses distances par rapport aux méthodes de sensibilisation de ses deux rivaux car il estime, selon son porte-parole, que ce n’est pas en opposant les gens au quotidien que l’on trouvera des solutions pour lutter contre le réchauffement climatique. L’organisation dont Greta Thunberg est la figure de proue semble avoir tiré les leçons de l’action menée par Dernière Génération  lors du week-end de Pâques à Hambourg et qui avait consisté à entraver le trafic sur les accès à la ville traditionnellement les plus saturés et provoquer des bouchons pendant plusieurs heures. Les premiers à avoir été victimes de ces agissements ont été ceux qui ne peuvent ni se permettre d’habiter dans le centre-ville, ni de prendre les transports en commun en raison du manque d’infrastructures. Hambourg n’est pas une exception, loin s’en faut, et il est déjà évident qu’il en sera de même à Berlin où des kilomètres des réseaux routier et ferroviaire doivent être construits ou réhabilités. Concernant les actions de désobéissance civile, on en saura davantage le 19 avril, jour qui a été choisi par Dernière Génération  pour les lancer. kb

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