La Hongrie mise à 100% sur la Chine

Pour Peter Szijjarto, les échanges commerciaux sont la pierre angulaire de la diplomatie.

Hongrie/Chine/Allemagne/UE/USA– En 2010, le produit intérieur brut de la Chine représentait 9% du PIB mondial et l’Union Européenne 22%, douze plus tard la première est passée à 22% alors que la seconde a chuté de cinq points à 17%.

A chaque occasion qui se présente, le ministre hongrois des Affaires Etrangères, Peter Szijjarto, se fait un devoir de rappeler cette réalité. De tous les ministres des pays de l’Union Européenne ayant occupé cette fonction, Peter Szijjarto, est le seul à avoir vécu l’ascension chinoise sans discontinuité. Après avoir été secrétaire d’Etat en charge de relations internationales entre 2012 et 20I4, il est devenu le chef de la diplomatie hongroise et a été amené au cours de ces onze années consécutives à côtoyer quatre ministres des Affaires Etrangères français, cinq allemands, neuf italiens, cinq autrichiens, cinq britanniques, six espagnols, huit roumains dont trois par intérim, quatre polonais, huit tchèques, trois slovaques et dix bulgares dont la moitié également par intérim. Dans ces conditions, comment peut-on rêver un seul instant d’une vision commune et rationnelle de la politique étrangère européenne ? A cette lacune, se greffent épisodiquement des prises de position isolées et irréfléchies à l’instar de ce qui se produit actuellement avec Annalena Baerbock, ministre allemande des Affaires Etrangères et membre du parti des Verts, qui met en garde ses collègues contre les velléités expansionnistes chinoises. 

Une ministre allemande étrangère aux réalités

Parce qu’elle estime que l’Empire du Milieu représente un facteur de risque voire de menace du fait de son attitude ambiguë à l’égard de la Russie, la cheffe de la diplomatie plaide pour une limitation des échanges et des accords commerciaux avec Pékin, ce qui serait, selon Peter Szejjirto, la pire des erreurs à commettre. Ce dernier dénonce le onzième paquet de sanctions prévu par l’Union Européenne, car il inclut huit entreprises chinoises qui jouent un rôle prépondérant dans l’économie européenne. Faisant d’une pierre deux coups, Peter Szijjarto n’hésite pas à qualifier de « naïve » la négociation que mène l’Union Européenne avec les Etats-Unis pour atténuer la discrimination dont sont victimes les entreprises européennes dans le cadre des mesures patriotiques adoptées par le gouvernement américain. « L’Union Européenne sera perdante, si elle est continue à considérer le Chine comme une rivale » déclare le ministre hongrois en faisant référence aux trois milliards d’euros que les Chinois s’apprêtent à investir en Hongrie pour répondre à la demande de batteries, dont les constructeurs automobiles allemands (!) ont impérativement besoin pour écouler leur production. Ce qui différencie le ministre hongrois des Affaires Etrangères de la plupart de ses homologues étrangers et explique sa longévité à cette fonction, provient du fait qu’il s’intéresse autant voire davantage à l’économie et au développement de son pays qu’à la diplomatie. Grâce aux apports en capitaux de la Chine, les batteries électriques sont devenues le principal produit d’exportation de la Hongrie, ce qui a permis en 2022 à cette dernière de se classer à la 34ième place sur la liste des plus gros exportateurs alors qu’ elle n’occupe que la 95ième position en terme démographique. tp (Nombre de mots: 501)

error: Content is protected !!