Une sordide affaire de corruption dévoilée en Roumanie

Roumanie – Il est peu courant qu’un Premier Ministre se voit contraint de convoquer en urgence, de surplus un dimanche, les ministres du Travail, de la Santé , de la Justice et du Développement ainsi que des représentants du ministère de l’Intérieur auxquels ont été priés de se joindre les responsables de plusieurs administrations.

Si le chef de gouvernement, Marcel Ciolacu, membre du parti social-démocrate, a pris cette initiative, c’est pour demander à tous ces interlocuteurs que des mesures d’urgence soient prises en vue d’un contrôle systématique de toutes les maisons de retraite que compte le pays. Il est en effet fort probable que ce travail de fourmi mette à jour une forme généralisée de corruption, la plus sordide qui soit, car frappant des personnes vulnérables. C’est un contrôle de routine, effectué dans un établissement d’accueil pour personnes âgées, situé à Voluntari, une ville de quelque 43.000 habitants au nord-est de la capitale, qui a mis le feu aux poudres. Dans ce mouroir (quel autre terme adopter?), des traitements volontairement inhumains ont été imposés aux pensionnaires dépendants, dont il s’est avéré qu’ils étaient sous-alimentés, voire affamés, souvent battus. Il a par ailleurs été constaté que le gérant de la maison de retraite ainsi que les membres du personnel soignant n’hésitaient pas à utiliser les cartes bancaires des résidents pour vider leurs comptes. Plusieurs retraités ont été priés de vendre leur bien immobilier (appartement ou maison), ce qui a permis aux criminels de dilapider l’argent récolté dans des maisons closes ou l’achat de drogues.

Résidentes d’une maison de retraite roumaine: elles sont dépouillées sans le savoir.

Des milliers de victimes parmi les plus vulnérables

Des méthodes similaires ont été dévoilées dans une maison de retraite d’Afumati, une petite bourgade d’à peine 2.500 habitants située dans le sud-ouest du pays, ce qui laisse supposer que cette odieuse forme de corruption s’est généralisée au fil des ans. L’affaire semble tellement grave que le Premier Ministre a décidé d’ordonner la mobilisation de toutes des autorités compétentes dont les associations de protection des consommateurs, les services de santé locaux, l’agence pour les protections et inspections sociales et l’autorité chargée de la protection des personnes handicapées. Toutes ces structures auront pour mission de contrôler toutes les maisons de retraite, sans exception, mais aussi tous les centres de soins et centres d’aide subventionnés. Dans un premier temps, le scandale a frappé trois maisons de retraites situées à proximité de la capitale et dans chacune desquelles réside un centaine de personnes dont beaucoup sont atteintes de maladies dégénérescentes . Très vulnérables, elles ont été pour la plupart maltraitées, affamées et exploitées de la manière la plus vénale qui soit. Au moment des faits, ces trois établissements n’étaient pas sous la responsabilité d’une inconnue , étant donné qu’il s’agissait de la sœur de l’actuelle ministre de la Famille et de la Jeunesse Gabriele Firea. Les deux sœurs prétendent ne pas avoir eu connaissance des horreurs qui se déroulaient à Voluntari, une affirmation à laquelle personne ne croit car le mari de la ministre, Florentin Pandele est le maire de la ville et aurait dû à ce titre être le premier à dénoncer les agissements du personnel travaillant dans des établissements qu’il était censé superviser. La ministre, également membre du parti social-démocrate, est déjà passée à l’offensive en accusant les médias et l’opposition de vouloir « déclencher une campagne de calomnie et d’intimidation » à son encontre et ce, à un an des prochaines élections municipales, où elle escompte se présenter à Bucarest en espérant retrouver le poste de maire qu’elle a déjà occupé entre 2018 et 2020. Les associations de protection des Droits de l’Homme seraient bien inspirées en mettant temporairement de côté leurs discours sur les « valeurs » européennes, dont elles nous rebattent les oreilles pour se concentrer sur cette affaire de corruption à grande échelle dont l’ignominie est sans égale. (Source : adz & vjp)

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