La Hongrie joue la carte chinoise

Hongrie/Chine/UE – Les données chiffrées sont imparables. Entre 2010 et 2022, la part de la Chine dans le Produit Interieur Brut mondial est passée de neuf à dix-huit pour cent, alors que sur la même période celui des pays de l’Union Européenne chutait de vingt-deux à dix-sept pour cent. Le ministre hongrois des Affaires Etrangères a tenu à rappeler cette réalité au moment même où certains pays de l’Union, dont l’Allemagne, tentent de freiner l’expansion chinoise sur le Vieux Continent.

Peter Szijjarto et son homologue chinois, Wang Yi, lors du forum consacré à la nouvelle « route de la soie », impliquant plus de 150 pays.

Selon Peter Szijjarto, il est temps de prendre conscience de cette réalité intangible. A une guerre industrielle et commerciale perdue d’avance, le chef de la diplomatie hongroise préfère une alliance constructive et rationnelle avec Pékin. C’est au demeurant ce qui a été confirmé lors du dernier forum organisé dans la capitale chinoise et consacré à la nouvelle « route de la soie » qui devrait s’achevée en 2049, à l’occasion du centième anniversaire de la révolution. Grâce aux relations privilégiées qu’entretient le président Xi avec le ministre-président Viktor Orban , la Hongrie est devenue le point d’ancrage de ce projet en Europe. Le dirigeant hongrois, seul dirigeant de l’Union Européenne à avoir participé à l’événement était accompagné de son homologue serbe, Aleksandar Vucic et les deux hommes sont revenus avec l’engagement formulé par la République Populaire d’intensifier ses investissements dans la ligne de chemin de fer reliant Budapest à Belgrade. Alors les politiciens siégeant à Strassbourg passent leur temps à se quereller sur des valeurs dont on s’aperçoit chaque jour davantage qu’elles sont foulées du pied chez ceux qui les prônent, la Chine travaille et prospère au bénéfice de pays qui ont appris à lui ouvrir leur porte. Alors que la Hongrie se classe à la 95ième place des pays les plus peuplés, elle se retrouve à la quatrième position sur la liste de plus grands fabricants de batteries. Et c’est grâce à cinq sociétés chinoises, CATL, Eve Power, BYD, Huayou Cobalt et Sunwoda qui sont implantées sur son sol qu’elle est parvenue à ce résultat.

Ne plus assimiler la Chine à un « rival »

Les dirigeants hongrois ont toujours eu le génie au cours de ces dernières années d’attirer des marques emblématiques qui, à l’instar de Volkswagen, Audi, Mercedes ou BMW, lui ont permis de mettre en avant sa crédibilité et son sérieux. Grâce aux sociétés allemandes implantées en Hongrie, la Chine peut disposer d’un personnel hautement qualifié mais aussi d’une clientèle à portée de main. Dans ces conditions, il ne lui est alors pas difficile de franchir l’étape supérieure, en l’occurrence la fabrication de véhicules chinois sur le continent européen et c’est ce que s’apprête à faire le groupe NIO, qui vient investir quatorze millions d’euros à Biatorbagy (comté de Pest) dans une unité de production destinée à recruter plusieurs centaines de personnes, lesquelles se rajouteront aux quelque 20.000 salariés travaillant déjà en Hongrie pour des sociétés chinoises. Jusqu’à peu la Hongrie commerçaient essentiellement avec des pays européens mais en 2022, la Chine est devenue son neuvième partenaire. Celle-ci a investi l’an dernier en Hongrie 7,6 milliards de dollars dans son projet de route de la soie. Peter Szijjarto conseille vivement aux dirigeants européens de ne plus considérer la Chine comme un rival, d’autant qu’ils vont en être irrémédiablement dépendants s’ils veulent que leurs industries automobiles s’imposent à l’échelon planétaire. (Source : BZ / Adaptation en français : pg5i)

 

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