Allemagne/Autriche – Gérer un pays sur la base d’un système fédéral est certes démocratique mais se révèle souvent problématique. Les Allemands en font aujourd’hui l’expérience avec la stratégie sanitaire post-covid. Parce qu’un nombre conséquent de virologues assimilent la pandémie à une endémie, quatre Länder ont pris la décision de mettre un terme aux mesures d’isolement. Les habitants de Bavière ne sont déjà plus soumis aux règles de protection contre le virus et il en sera de même dans les jours qui viennent pour ceux habitant dans le Bade-Wurtemberg, la Hesse ou le Schleswig-Hostein. Ces quatre régions ont contrecarré les recommandations du Robert Koch Institut (RKI) qui plaide pour un maintien des mesures d’isolement à cause des incertitudes qui plane toujours sur l’évolution du covid et de ses variants. Parmi les opposants à la levée de l’isolement, se trouve Karl-Josef Laumann, le ministre de la santé de Rhénanie-du-Nord Westphalie (NRW), le land le plus peuplé du pays avec près de dix-huit millions d’habitants. Il ne comprend pas pourquoi ses quatre collègues remettent en cause l’avis du RKI qui, selon lui, « a toujours été un bon conseiller pendant toute la pandémie. » Mais le problème majeur que posent ces divergences, concerne directement les personnes vivant dans des lieux proches des frontières régionales et qui passent d’un land à l’autre pour aller travailler. C’est plus particulièrement le cas des Hessois qui font chaque jour la navette entre leur domicile et leur employeur de NRW ou du Rhénanie-Palatinat. Il faut préciser que les länder « dissidents » sont tous les quatre dirigés par une coalition réunissant les chrétiens-démocrates et les Verts et certains observateurs considèrent leur attitude comme un moyen d’affaiblir le ministre fédéral de la santé, Karl Lauterbach, figure emblématique du parti social-démocrate. Pour légitimer leur décision, les quatre länder s’en réfèrent à celle prise par l’Autriche et la Suisse, deux pays qui ont mis fin à l’isolement après être partis du principe que les personnes durement touchées par le virus étaient suffisamment responsables pour s’isoler d’elles-mêmes. Cet argument est probablement justifié lorsque le patient est cloué au lit avec une température élevée pendant plusieurs jours, il l’est assurément moins lorsque ce même patient est contagieux sans le savoir. Un autre sujet, toujours lié au coronavirus, risque de refaire surface dans les jours et semaines qui viennent, en l’occurrence l’obligation ou non du port du masque. Le ministre-président du Schleswig-Holstein, Daniel Günther, membre de la CDU, a évoqué récemment son intention d’autoriser les usagers des transports publics à se déplacer sans masque. Une décision qui serait pour le moins saugrenue dans un Etat fédéral qui impose actuellement le port du masque dans le trafic à longue distance. kb