Hausse spectaculaire des Allemands dépendants

Allemagne – Les prévisions des « experts » concernant le nombre de personnes dépendantes en Allemagne non seulement s’avèrent fort éloignées de la réalité mais elles provoquent des sueurs froides chez les fonctionnaires du ministère de la Santé et chez le ministre en personne, Karl Lauterbach. « Pour des raisons démographiques , nous nous attendions à une augmentation en 2023 de 50.000 personnes, or celle-ci est en réalité supérieure à 360.000 » a-t-il déclaré.

KarlLauterbach: il prend enfin conscience de la dure réalité mais ne sait comment la gérer !

Toutes les personnes nées lors du baby-boom des années 1950 et du début des années 1960 ont atteint l’âge légal d’accès à la retraite qui marque pour un nombre conséquent d’entre eux le début d’une forme de dépendance. « En plus des personnes très âgées nécessitant des soins, il y a désormais les premiers baby-boomers qui ont également besoin de soins » a précisé  le ministre évoquant un phénomène « sandwich » qui fait que dans un même foyer il arrive que deux générations ont besoin de soins. Cette forte progression a des impacts sur l’ensemble de la population comme le prouve l’étude publiée par l’AOK, la plus grande compagnie publique d’assurance maladie du pays. En 2019, les accompagnants familiaux de personnes dépendantes consacraient chaque semaine en moyenne 43 heures pour effectuer des activités d’infirmiers ou d’aide-soignants telles que la nutrition, l’hygiène personnelle, l’administration de médicaments ou l’aide à des exercices physiques. Ce temps de travail non rémunéré est passé à 49 heures par semaine en l’espace de cinq ans et ne cessera de progresser. Sur la même période les dépenses supportées par les accompagnants sont passées de 200 à 290 euros par mois en moyenne (+45%). Ces derniers sont doublement pénalisés car dans 37% et 18% des cas ils sont contraints de travailler à temps partiel ou de renoncer à leur emploi et parmi les travailleurs à temps partiel, 50% déclarent avoir réduit leur nombre d’heures de travail. Selon Antje Schwinger, directrice du département de recherche en soins infirmiers au sein de l’AOK, « l’engagement du temps élevé de 49 heures a des conséquences directes sur le travail rémunéré et rend difficile un équilibre travail-vie privée ». Par ailleurs, il est plus judicieux de parler «d’accompagnantes » que « d’accompagnants » car les deux tiers de proches aidants sont des femmes.

Création encore hypothétique d’un fonds-soin

Selon la législation en vigueur toute personne souhaitant s’occuper d’un parent proche peut être libéré partiellement ou totalement de ses obligations professionnelles pendant une durée maximale de six mois, mais cette option d’après l’étude de l’AOK n’est qu’exceptionnellement choisie par les accompagnateurs potentiels concernés. Cette durée de six mois n’a de toute façon aucun sens étant donné que les personnes dépendantes le sont généralement à cause de maladies, Alzheimer ou Parkinson, de très longue durée. On sait quand elles se déclarent mais on ne sait jamais lorsque leur issue sera fatale. Karl Lauterbach a enfin pris conscience que le niveau de soins fourni à l’heure actuelle ne pouvait plus être maintenu et qu’une réforme financière globale doit entrer en discussion mais il reconnaît déjà qu’un groupe de travail composé de plusieurs ministères ne parviendra probablement pas à une recommandation uniforme. « Les points de vue des différents ministères et partenaires de la coalition sont trop différents pour cela » a-t-il déploré comme si lui-même ne faisait pas partie de l’actuel gouvernement. Il suggère que l’argent économisé par les communes soit reversé à un fonds-soin qui se substituerait aux aides sociales actuelles. « Quelqu’un qui a travaillé toute sa vie et qui n’a pas toujours les moyens de se faire soigner pendant sa vieillesse ne doit pas être considéré comme un cas social » a déclaré Karl Lauterbach sur la chaîne ARD. Il ne manquerait plus que ça ! kb

 

 

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