L’Allemagne dépassée par la délinquance organisée

Allemagne – Depuis plusieurs mois, les données liées à la délinquance suscitent l’attention des médias et inquiètent les autorités. Celles concernant le land de Rhénanie du Nord -Westphalie (NRW) sont étudiées à la loupe car cette région, avec ses quelque dix-huit millions habitants représente à elle seule 21,5% de la population national, soit autant que la Hesse, la Rhénanie-Palatinat, la Saxe et Berlin réunis.

Ce qui distingue la NRW des autres lands est le « dynamisme » des clans agissant sur le terrain et qui ne se contentent pas de voler mais recourent à la violence pour exercer des chantages et kidnapper leurs rivaux. L’an dernier, la police a déploré un nouveau record avec 6.573 faits délictueux, soit près d’une vingtaine par jour. Les responsables des forces de l’ordre classent les actes de délinquance en deux catégories, la première concerne les « petits » délits à l’instar des vols à l’arrachée ou des menaces verbales, la deuxième est censée répertorier des affaires criminelles savamment organisées. Or, c’est dans cette seconde catégorie que la hausse a été la plus élevée (+ 32,8%) comparativement à l’année précédente.

Herbert Reul, ministre de l’Intérieur de la NRW : il promet une « tolérance zéro » en matière de délinquance organisée.

La plaie des clans

Dans 14,9% des faits, des clans de diverses nationalités étaient impliqués et accusés d’avoir falsifié des documents pour se saisir de biens ne leur appartenant pas. Les tentatives de détournement de patrimoine ont augmenté de 78,4% au cours des deux dernières années et il ne faut par conséquent pas s’étonner de voir se multiplier les règlements de compte entre communautés. Le ministre de l’Intérieur du land, Herbert Reul, qui rêverait de faire de la NRW le land le plus policé du pays et qui s’est longtemps battu pour qu’il en soit ainsi ne tarrit pas d’éloges sur le travail de ses troupes, tout en reconnaissant que le moment n’est pas encore venu pour baisser la garde. En 2022, les policiers ont effectué 1.570 contrôles dans 615 établissements, majoritairement dans des bars shisha, des restaurants et des boutiques de paris. Trois villes implantées dans la Ruhr, où a été constaté plus du quart des délits,Essen (11,2%), Recklinghausen (8,4%) et Gelsenkirchen (6?6%), avaient été prioritairement ciblées. Les contrôles ont permis de mettre à jour des défauts d’hygiène et il s’est avéré qu’un nombre conséquent d’établissements exerçaient leurs activités sans autorisation et sans concession. Il arrive que la guerre des clans qui sévit dans cette région de la République Fédérale d’Allemagne prenne une dimension inédite et difficilement compréhensible dans un pays qui se prétend être un modèle en matière de sécurité. En juin 2022, une querelle entre deux familles et impliquant plus de deux cents personnes a abouti à une véritable bataille faisant quatre blessés graves. Vingt-huit personnes ont été arrêtées mais dans ce genre de situation il est quasiment impossible de savoir quels sont les vrais responsables et encore moins quelles sont leurs motivations ? Au palmarès des réussites policières en 2022, Herbert Reul cite la comparution de sept délinquants soupçonnés d’avoir dérobé puis revendu 1.400 aspirateurs de marque d’une valeur totale de 600.000 euros. Une somme qui apparaît très modeste comparativement aux dizaines de millions d’euros que gèrent clandestinement et en toute illégalité les chefs de clan, dont la police connaît parfaitement le profil. A 81,1%, ce sont des hommes, majoritairement âgés de 26 à 30 ans, ce qui signifie qu’ils ont encore un bel avenir devant eux. Une fois pris la main dans le sac, il sera difficile de les expulser car plus de la moitié d’entre eux détiennent la nationalité allemande. Deux communautés sont particulièrement surveillées par les autorités, le syrienne et la libanaise qui totalisent à elles-seules respectivement 16,7 et 13,6% des actes répréhensibles. kb

 

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