Allemagne : l’extrême-droite réveillée par les sondages

Allemagne – Dans pratiquement tous les pays, les sondages électoraux effectués en cours de mandat sont davantage favorables aux partis d’opposition qu’aux formations en charge du pouvoir. Cette réalité a été confirmée cette semaine en Allemagne après la publication d’enquêtes d’opinion réalisées par les cinq instituts que compte le pays Forsa, INSA, Kantar, Forschunggruppe Wahlen et Infratest dimap., et qui ont sondé la population entre le 16 et la 21 mars derniers. Ces cinq organismes confirment la percée du parti d’extrême-droite AfD (Alternative für Deutschland) qui semble être le seul à profiter du vent d’incertitude soufflant actuellement dans le ciel de la République Fédérale.

Christian Lindner, ministre des finances : sa politique, souvent incomprise, n’est pas étrangère à la montée de l’extrême-droite.

Si des élections législatives avaient eu lieu dimanche dernier, l’AfD aurait été susceptible de récolter entre 14 et 16% des suffrages, soit quatre à six points de plus par rapport au suffrage du 26 septembre 2021. Le principal groupe d’opposition CDU-CSU connaîtrait la même progression en passant de 24,1% à 29 ou 30% et redeviendrait ainsi la première force politique du pays. Aucun de trois partis membres de la coalition actuellement en fonction ne trouve grâce aux yeux des électeurs. Le Parti Social Démocrate auquel adhère le Chancelier, ne parviendrait pas à franchir le cap des 20% et le Parti Libéral celle des 10%. Quant au parti écologiste Allianz- die Grünen, il perdrait sa place de quatrième force politique du pays au profit de l’AfD. Ces résultats sont pris au sérieux et correspondent aux sentiments qu’ont tous les observateurs à l’égard de la politique menée actuellement à Berlin ; laquelle est caractérisée par des prises de position et des engagements qui divergent d’un parti à l’autre. Le plus mal en point dans ce contexte est le ministre libéral des Finances, Christian Lindner (notre photo), qui a demandé une feuille de route à ses collègues qui l’abreuvent de nouvelles initiatives, de nouvelles idées toutes plus onéreuses les unes que les autres alors qu’il s’est fait un devoir de limiter aux maximum les dépenses publiques et de ne pas recourir à une augmentation excessive des impôts. Par ailleurs, Christian Lindner, malgré le guerre en Ukraine et les charges imprévisibles que celle-ci a engendrées, veut tenir ses engagements en terme de réduction de la dette publique. Depuis le début du conflit ukrainien, il ne se passe de semaine sans que deux voire trois ministres ne se contredisent sur le même sujet. Il en est actuellement ainsi de l’interdiction totale des moteurs à combustion en 2035, du renouvellement des appareils de chauffage des foyers allemands qui ne pourra pas s’opérer sans aides massives de l’Etat, de la nécessité ou non d’agrandir le réseau autoroutier, du prix forfaitaire des transports publics, de l’augmentation de budget du ministère de la Défense et de celle des salaires dans les services publics, de l’accueil des migrants qui ne correspond plus aux capacités financières et logistiques des collectivités locales, de l’engagement en Ukraine sous-estimé par les uns, exagéré pour les autres. Bref, la population allemande est à l’image de ceux qui la dirigent et ceux et son sein se trouvent de plus en plus de personnes qui s’inquiètent de ce qu’ils vivent au quotidien c’est-à-dire la peur d’une pénurie de gaz et la persistance de l’inflation. Comme cette inquiétude est très prononcée chez les électeurs de l’AfD, il ne faut donc pas s’étonner que ce parti ait le vent en poupe. kb

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