Des misogynes au Parlement roumain

Roumanie/UE – On n’ose imaginer les cris d’orfraie qu’auraient poussés les mouvements féministes si un parti foncièrement misogyne était devenu presque du jour au lendemain la quatrième force politique de la Hongrie ou  de la Pologne. Les dirigeants de ces deux pays auraient alors été immédiatement accusés de complicité à l’égard de thèses aussi ridicules que dangereuses qui cherchent à nous faire croire que l’homme a toujours été et sera toujours supérieur à la femme, un objet « qui est né pour être désiré et non admiré. »

Sorin Lavric : un conseil Mesdames, si vous croisez cet homme dans les rues de Bucarest, changez de trottoir !

Des nunuches plus bêtes que leurs pieds

Ce discours se répand en Roumanie, c’est-à-dire dans le pays où on dénombre en Europe le plus grand nombre de crimes ou d’actes de violences perpétrés contre les femmes, dont  beaucoup non seulement ne sont pas pénalisés mais au contraire mis sur le dos des victimes. Le parti en question  et qui sévit  à Bucarest est l’AUR (Alliance pour l’Unité des Roumains) qui semble plutôt bien porter son nom, étant donné qu’il a été, le week-end dernier, la seconde force politique des Roumains à l’étranger. Que les membres de la diaspora passant leur vie à l’extérieur  pour y rapatrier une partie des  revenus perçus dans des pays dits de «Droit »,  aient été sensibles au programme du président de l’AUR, Sorin Lavris, en dit long sur le travail qu’il reste à faire en Europe et plus particulièrement à Bruxelles pour que de partout sur le continent les femmes puissent occuper la place qu’elles méritent. Le problème avec ce Lavris provient du fait qu’il sait de quoi il parle car il a noué des relations officielles avec pas moins de six femmes qui, manque de chance pour lui, ont toutes un point commun, elles seraient sans exception des nunuches plus idiotes que leurs pieds.  Il serait inoffensif s’il avait gardé pour lui ses préjugés à l’égard du sexe opposé mais étant donné qu’après des études de médecine et de philosophie, il s’est découvert écrivain,  il n’a rien trouvé de mieux que de pondre un ouvrage dans lequel il crache son venin sur ces objets mal identifiés que sont les femmes, nées pour être belles et se taire.  Le titre « Decoct de femeie » est on ne peut plus évocateur. A l’instar du chimiste qui plonge des plantes dans l’eau bouillante pour en extraire les essences,  Lavris trempe sa plume dans une encre empoisonnée pour « décocter » la femme. De ses expériences, il en tire des  conclusions sans appel . «  Ce que veut une femme, c’est faire oublier la précarité de sa constitution morbide » écrit-il avant d’ajouter «celui qui cherche la philosophie ne la trouvera jamais dans l’esprit d’une femme et aucun homme n’a cherché la sagesse chez une femme. » .

Diana Iovanovici-Sosoarca : des fleurs admirables pour une femme désirable

Des femmes misogynes et des hommes homophobes

Ce genre de propos abjects ne serait qu’anecdotique s’il émanait de quelques fous isolés mais il devient dangereux lorsqu’il sert de prétexte à un programme électoral qui séduit un nombre croissant d’électeurs censés s’exprimer dans un pays à priori démocratique. Certes, le taux de participation aux élections législatives du week-end dernier a été historiquement bas mais sur les 5,7 millions d’électeurs qui ont accompli leur devoir civique ( 31,6% du corps électoral), 9,1%, soit plus d’un demi-million de Roumaines et Roumains (518.700 exactement) ont adhéré aux thèses de l’AUR qui consiste à considérer la place des femmes dans la société comme un « déraillement théorique qui a ses racines dans l’attitude officielle de militants néo-marxistes. » Dans sa brochure distribuée le jour même des élections dans la ville de Timisoara, connue pour sa rébellion contre le régime de Nicolae Ceausescu, il est écrit que « tout comme un organisme ne peut être maintenu en vie que si toutes les cellules le composant sont en bonne  santé, une nation n’a donc de chance de survie que si elle cultive son empreinte classique de la famille ordinaire ».  A quelques infimes nuances près, cette conception coïncide avec celle de l’Eglise Orthodoxe qui s’oppose systématiquement à toute réforme de la politique familiale. Ce qui est paradoxal dans l’ascension du parti AUR est l’empathie qu’il inspire auprès de femmes qui devraient s’en éloigner  plutôt que d’y adhérer, ce qui tend à prouver que la religion prime toujours sur le bon sens et par voie de conséquence que la reconnaissance du rôle des femmes dans la société roumaine n’est pas pour demain. Une des figures les plus emblématiques du parti est l’avocate Diana Iovanovici-Sosoarca, membre du Parlement,  qui a récemment défendu l’archevêque d’extrême-droite Theodosie vom Tomis, un corrompu notoire condamné pour détournement de fonds européens, qui s’est distingué en pleine pandémie en organisant un pèlerinage de masse à la Grotte de Saint-André l’Apôtre et ce, malgré l’interdiction de rassemblement. Deux autres piliers de l’AUR font fréquemment parler d’eux à cause d’agissements réprimés par la loi. Son coprésident, Gabriel Simion a été ainsi expulsé plusieurs fois de Moldavie et arrêté à huit reprises pour des actes de violence lors de manifestations à Bucarest et Jassy. Claudiu Tarziu, un ancien légionnaire est, pour sa part, réputé pour ses propos racistes, homophobes et anti-avortement. Ces deux agitateurs, âgés respectivement de 34 et 47 ans, ont encore de longues années devant eux pour propager la haine et diviser la société roumaine. (Source : adz / Version française : pg5i/vjp) – Nombre de mots : 880

 

 

 

error: Content is protected !!